La Fédération burkinabè de football (FBF) reste secoué par une crise dont la suspension du championnat depuis plusieurs jours et la demande de démission de son président, Lazare Banssé par plusieurs clubs. Que faut-il comprendre de cette crise? Libreinfo.net a interrogé quelques observateurs du football burkinabè.
Par Daouda Kiekieta
Entre le président de la Fédération burkinabè de football (FBF) Lazare Banssé et les acteurs du foot, le torchon brûle. Plusieurs clubs de ligue 1 et 2 exigent la démission du président Banssé.
Jusque-là, le championnat national reste suspendu à l’orée de la CAN Côte d’Ivoire 2023. Très peu d’acteurs du football ont le courage de se prononcer sur cette crise qui oppose les deux camps. Quelques rares observateurs avertis acceptent de se prononcer. C’est le cas de Mahamad Sangaré, journaliste sportif et animateur à la télévision Burkina Info.
Selon lui, «C’est une situation qui est née d’un manque de communication entre la fédération et les clubs frondeurs.(…) La fédération aurait dû simplement convoquer une réunion et discuter avec les clubs et leur expliquer comment cela doit se passer » explique le journaliste Sangaré, tout en déplorant la récente sortie du président de la fédération qui semble envenimer la situation.
Pour ce faire, Mahamad Sangaré propose l’intervention des autorités de la Transition pour une sortie de crise. « On peut demander l’intervention des autorités de la Transition pour ramener les deux parties sur la table afin de trouver une solution radicale et définitive » propose-t-il.
Déjà, la médiation du ministre des Sports, à travers le président du CNOSB (Comité National Olympique et des Sports Burkinabè), Jean Yameogo s’est soldée par un échec, analyse un autre observateur averti du foot qui a requis l’anonymat.
Cet expert indique que les médiations qui ont échoué ont été envisagées par le ministère «la marge de manœuvre du ministère des sports reste officiellement très minime ! Il a d’ailleurs déjà fait l’essentiel qui était d’initier une médiation à travers le Président du CNOSB Jean Yameogo. Le ministère ne peut que travailler en coulisse pour rapprocher les positions et éviter le spectre de la normalisation ».
«C’est difficile voire impossible de faire partir le Président de la FBF» prévient l’expert
Quant à la demande de démission de Lazare Banssé, notre expert indique que «c’est juste un moyen de pression, sinon elle ne se repose sur aucun fondement statutaire suivant les textes de la FBF»
Pour lui,«la seule possibilité de faire partir le Président de la FBF, c’est de faire convoquer une Assemblée Générale extraordinaire avec un ordre de jour libellé comme tel surtout avec un Juste Motif, et cela implique qu’il faut réunir au moins 2/3 des membres de l’association et obtenir à l’issue de vote de l’AG extraordinaire, les voix des 4/5 des membres.
Les membres de la FBF avec voix délibératives sont un peu plus de 100. Si vous faites la différence, vous voyez que les signataires ne représentent pas la majorité donc au stade actuel, c’est difficile voire impossible de faire partir le Président de la FBF contre sa volonté. Sauf si effectivement, il décide de démissionner. », foi de notre interlocuteur.
Malgré tout, le président promet de relancer le championnat
Lors d’un entretien à la télévision nationale le 28 novembre 2023, le président de la fédération Lazare Banssé a indiqué que le championnat national sera bientôt relancé.
« Nous allons tout simplement appliquer les règlements du championnat national dans toute sa rigueur. Les clubs qui ne se présenteront pas seront déclarés forfaits et perdront trois points. Ceux qui ne se présenteront pas deux fois de suite descendront en division inférieure » avait-il annoncé.
A ce sujet, notre expert alerte sur les conséquences de relancer le championnat sans les clubs frondeurs. «Mais attention les signataires ne représentent pas la majorité de l’AG mais c’est la majorité des clubs d’élite donc continuer et appliquer strictement les textes ne sera pas sans conséquence sur la qualité du championnat dans les années à venir!» déclare-t-il.
Pour sa part, Mahamad Sangaré insiste sur la nécessité de trouver une solution rapide pour la reprise du championnat. « Le football ne va quand même pas s’arrêter à cette crise. Il faut donc que le championnat reprenne » poursuit Mahamad Sangaré
Par ailleurs, cette crise n’est pas sans conséquences au niveau international, car, les instances internationales sont très regardantes sur la vie des différentes Fédérations. Ces dernières peuvent intervenir en cas de blocage institutionnel, ou d’immixtion du politique.
«Elles peuvent être amenées à installer un comité de normalisation pour évacuer les affaires courantes et organiser les élections, si la crise touche le processus électoral de 2024 en cours et cette vie à minima d’une Fédération n’arrange personne encore moins les clubs » conclut l’expert sportif interrogé par Libreinfo.net.