Les populations de Tengandogo dans la commune de Komsilga sont sorties manifester leur mécontentement contre les autorités communales le lundi 9 août 2021. Une manifestation contre une décision de justice qui leur somment de quitter leurs lieux d’habitations. Les intéressés ont une semaine pour déguerpir les lieux concernés par cette décision de justice. Pour en savoir davantage le fond du problème Libreinfo.net est allé à la rencontre de la population concernée par cette décision de justice. Lisez !
Par Abdoul Wahab Mandé, Stagiaire
Il est 8 h 40 minutes lorsque nous quittons la rédaction pour rallier le quartier Tengandogo. Raison : des populations de la localité sont sorties barricader la voie pour manifester contre une décision de justice qui leur somment de quitter les lieux, qu’elles ont « chèrement » acquis suite à un lotissement de la mairie de Komsilga. Il se trouve que le lotissement fait par la mairie de Komsilga a débordé prenant ainsi la « section 982 », une partie qui appartient à El Hadj Hamid Tamboura.
Convoqué à la justice par El Hadj Hamid Tamboura et ses avocats, les concernés n’auront pas raison et sont priés de quitter les lieux. Chose que les intéressés ne vont pas entendre de cette oreille ce que vient de trancher la justice. Car selon ces derniers, ils ont tous les papiers qui leurs permettent de construire leurs habitations et par conséquent, ils ne comptent pas quitter les lieux.
Le samedi 7 août 2021 des éléments de la Compagnie de sécurité républicaine (CRS) accompagné d’huissier sont venus leur donner un ultimatum de huit (8) jours pour quitter les lieux à compter du samedi 7 août 2021. Ce qui va donc déclencher la colère de la population qui va les conduire dans la rue. Les manifestants ont bloqué la route nationale numéro 6 (RN6) pour contester cette décision de justice.
Arrivée sur les lieux de manifestation, aucune trace des manifestants. « Ils sont partis pour rencontrer le maire de Ouagadougou », dit un riverain, après quelques renseignements pris. Nous décidons alors de nous rendre sur le site concerné par l’affaire qui n’est pas loin du siège de la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG). Quelques minutes de renseignement ont permis d’être sur les lieux. Une fois sur place, nous constatons des maisons par-ci par-là, toutes bien construites, composées de villas en chantier, certaines en phase de finition et d’autres sont déjà habitées. « C’est à partir de ce six-mètre-là qu’on veut déguerpir-là », nous informe Enock Sanou, un jeune de Tengandogo qui venait juste à peine de sortir de sa maison.
Après quelques tournées dans les lieux, quelques manifestants font leur retour, dans un camion les transportant composés de d’hommes, de femmes munies de balais, de jeunes et des enfants. Ils se regroupent sous un arbre pour faire le débriefing de leur rencontre avec le maire de Ouagadougou Armand-Pierre Bouindé. « Nous sommes allés rencontrer le maire et il nous a dit de revenir qu’il va rencontrer El Hadj Tamboura Hamid et ses avocats. Et après cette rencontre, il va nous appeler demain à 10h au Haut-commissariat pour une sortie de crise », a fait savoir Rasmané Nikiéma, le porte-parole et le sage des manifestants.
Pour nous rafraîchir la mémoire, Rasmané Nikiéma remonte sur les péripéties qui ont jalonné cette affaire. « Je suis à Tengandogo, il y a sept ans. Et pour l’histoire que nous vivons, elle a commencé il y a un an et demi. Des huissiers de la justice sont venus nous dire que nous sommes convoqués en justice. Lorsque nous sommes allés, la justice a dit que la zone dans laquelle nous sommes, c’est la section 982. Et cette partie appartient à El Hadj Tamboura Hamid. Donc pour cela, nous devons quitter les lieux », conte-t-il.
Ne comprenant pas cette décision de la justice, ils disent entreprendre des démarches avec le maire de Komsilga ayant attribué les parcelles pour comprendre ce qui se passe. Le bourgmestre les a rassuré qu’il n’y a pas de problème et qu’ils peuvent dormir tranquille, poursuit toujours Rasmané Nikiéma.
« C’est le samedi 7 août 2021 à 6h du matin que des éléments de la Compagnie de sécurité républicaine (CRS) sont venus avec des kalasmikov. Nous avons cru que c’était une opération anti-djihadistes qu’ils vont mener. Or c’était pour nous dire que nous, nous avons huit jours pour quitter les lieux. Après cette date, nous ne pouvons plus rester parce que le terrain appartient désormais à El Hadj Tamboura Hamid », regrette-t-il.
Rasmané Zoré doit lui aussi quitter sa maison. « Cela fait maintenant dix ans que les gens ont commencé à construire dans cette zone sans qu’il n’y ait problème. C’est quand on a fini de construire qu’on vient nous dire de quitter. Si ça coïncidait qu’on n’avait pas les papiers, on peut comprendre mais là, on a les papiers au complet. Ils veulent seulement nous faire la force », nous dit-il.
Au regard de cette situation, la population appelle les autorités à se saisir de l’affaire afin de trouver une solution profitable à tous. En rappel, ce sont au total 71 habitations qui sont concernées par cette affaire.