A l’initiative du président du Faso, des représentants de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition politique ont animé un cadre de dialogue le 17 avril. Il s’agissait d’un premier round qui devra être suivi d’un second ce mardi 21 avril. Toujours, autour des questions brûlantes de l’heure. Au sortir des discussions sur ces questions qui troublent le sommeil des Burkinabè, la classe politique doit pouvoir convaincre d’avoir agi surtout dans l’intérêt du peuple que d’avoir assis et/ou consolidé des arrangements politiciens dans son intérêt spécifique.
Par la Rédaction
Le Burkina Faso connaît, comme bien d’autres pays, une crise multidimensionnelle engendrée par la pandémie du Covid-19. Mais cette crise est venue trouver en suspens, bien d’autres sujets d’intérêt national majeur. Au rang de ces sujets, figure la crise sécuritaire qui tourmente le pays depuis plusieurs années. Il s’agit aussi du déroulement du calendrier électoral pour éviter au pays une crise institutionnelle au sommet de l’Etat. Peut également être rangé sous ces sujets d’intérêt majeur, la gestion du front social qui est source d’une crise – pour l’instant en latence – de fonctionnement de l’administration.
Ce sont autant de sujets d’intérêt national qui doivent être évoqués dans le cadre de ce dialogue entre la majorité présidentielle et l’opposition politique. Du reste, au sortir du premier round le 17 avril, il a été révélé que le président du Faso a voulu, à travers ce cadre de dialogue, susciter une « synergie d’action afin d’apporter une contribution efficace à la lutte contre [la] pandémie » du Covid-19. L’on est en droit de constater, au terme de ce dialogue entre les acteurs politiques majeurs de notre pays, une synergie d’action franche et dévouée, exempte d’accusations inutiles, en faveur de l’éradication de cette pandémie. Evidemment, une telle synergie ne doit pas être adossée à des compromis politiques tendant, par exemple, à justifier le glissement du calendrier électoral.
En attendant, l’autre révélation faite au sortir de cette grande messe politique du 17 avril, se rapporte à la relance du « calendrier électoral, au regard de la suspension de l’enrôlement biométrique et de l’établissement des cartes nationales d’identité ». En tout cas, la présence du président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) à cette rencontre en dit long quant à la nécessité de cette relance. En plus de devoir baliser tous les contours de cette relance, la classe politique doit pouvoir, au sortir de son conciliabule, donner des gages forts d’élections transparentes et apaisées. En tout état de cause, elle doit absolument éviter une crise électorale et/ou post-électorale à un peuple déjà durement meurtri par le terrorisme et le Covid-19.
Le terrorisme et le front social sont aussi à évoquer
Au-delà de ces deux sujets (pandémie et élections), il faudra bien, que la problématique encore angoissante du terrorisme soit posée dans le cadre de ce dialogue longtemps attendu. Là-dessus, la classe politique doit s’accorder sur les meilleures méthodes et stratégies de riposte et d’éradication du terrorisme dans notre pays. En tout cas, depuis cinq ans, les réponses militaires et économiques, quoiqu’encore nécessaires, peinent à mettre le Burkina Faso à l’abri d’attaques terroristes meurtrières et d’occupation de portions de son territoires par des groupes armés. Notre classe politique doit pouvoir susciter une active mobilisation générale en faveur de la lutte contre le terrorisme. Une telle mobilisation peut favoriser l’effectivité d’une guerre d’infiltration contre les terroristes. Mieux, elle pourrait favoriser la déralicalisation de terroristes ; ce qui serait plus intéressant à applaudir que la ‘’neutralisation’’ de ces éléments terroristes.
Ce dialogue politique ne doit passer sous silence la tension entre le gouvernement et le monde syndical. Si, du fait du Covid-19, cette tension est latence, il est évident qu’elle éclatera bientôt. Du moins, les syndicats ont plusieurs fois prévenu à propos. Or, une telle tension va évidemment entrainer la paralysie de l’administration. Cela ne sera certainement pas un fait anodin dans ce pays où les services électroniques sont à un niveau très faible. Il est absolument nécessaire que nos acteurs politiques, par-delà leurs divergences de rapports avec le monde syndical, conviennent de s’investir franchement dans le sens de désamorcer la crise en latence. Il y va de l’intérêt du peuple, mais aussi de l’intérêt de ces acteurs politiques aussi, quel que soit le bord.
Quoiqu’il en soit, l’actuel cycle de dialogue entre les acteurs politiques burkinabé ne doit pas apparaître, après coup, comme un cadre où la classe aura tiré le meilleur profit comme ce fut le cas en juillet 2019. L’on se rappelle, à tout le moins, l’arrangement politicien ayant consisté à s’accorder des avantages en lieu et place de sanction, concernant la prise en compte du quota genre sur les listes électorales. En effet, plutôt que de prévoir des sanctions à l’encontre des partis et formations politiques qui n’auront pas respecté le quota d’un tiers de l’un ou l’autre sexe sur leurs listes électorales, les acteurs politiques ont convenu d’accorder des primes à ceux d’entre eux qui auront respecté ledit quota. Ces genres d’arrangements, on n’en veut pas.