La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a tenu le 3 juillet 2022, son 61e sommet ordinaire des chefs d’États membres, à Accra au Ghana. A son ordre du jour, réexaminer son plan d’action, après les coups d’État au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Ainsi, les lourdes sanctions qui avaient été prononcées contre le Mali ont été levées. Ce qui résonne certainement dans ce pays comme un ouf de soulagement.
Par Nicolas Bazié
C’était l’épée de Damoclès qui pesait sur le Mali, avec les sanctions économiques, commerciales et financières durement prononcées par la CEDEAO le 9 janvier 2022. Après près de 6 mois de dures épreuves, de souffrance et de calvaire, l’embargo est levé le 3 juillet 2022, lors du sommet ordinaire de l’institution sous-régionale tenu à Accra, capitale de la République du Ghana. La CEDEAO et l’UEMOA, décident ainsi d’arrêter d’asphyxier le pays qui déjà, fait face au phénomène du terrorisme depuis plusieurs années.
Les frontières du Mali étaient fermées avec les 14 autres États de la CEDEAO, sauf la Guinée, où les colonels au pouvoir se sont solidarisés avec leurs collègues maliens. Les échanges commerciaux et financiers étaient suspendus, hormis les produits de première nécessité. L’objectif de la CEDEAO et de l’UEMOA était simple : forcer la junte militaire à soumettre un calendrier acceptable pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Le Président du Sénégal Macky Sall n’a pas tardé à saluer le nouveau vent qui a soufflé sur la République du Mali. « Je salue la levée de l’embargo économique, commercial et financier contre le Mali, pour accompagner les efforts de la Transition en cours», a-t-il tweeté.
C’est une confiance méritée si on en croit Jean-Claude Kassi-Brou, le président sortant de la Commission de la CEDEAO. «La levée des sanctions est un gage de confiance envers le Mali», a-t-il fait savoir.
Cependant, cette décision des chefs d’Etats de l’organisation communautaire est assortie d’un rappel, au respect de la charte de la Transition qui exige la non-participation des autorités de la Transition aux élections prochaines.
Faut-il préciser que les sanctions individuelles contre certains membres de la Transition et la suspension du pays des instances de la CEDEAO sont maintenues.
La détermination du Mali à se présenter comme un bon élève a payé. En effet, avant le sommet ordinaire de l’espace communautaire, les autorités ont annoncé le 29 juin, un calendrier électoral fixant l’élection présidentielle en février 2024, le référendum constitutionnel en mars 2023 et les législatives entre octobre et novembre 2023. Sans oublier l’adoption le 17 juin, d’une nouvelle loi électorale et la mise en place d’une commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution.
Le Mali est un pays enclavé qui a d’énormes défis sociaux, économiques et sécuritaires à relever. Dans cette dynamique, la CEDEAO ne pouvait perdre de vue, les dispositions de l’article 68, chapitre XVIII du Traité révisé du 16 février 2010 à Abuja, au Nigeria, prévoyant des mesures souples, concernant les pays enclavés.
L’article en question dispose que: « Les États membres tenant compte des difficultés économiques et sociales que pourraient connaître certains États membres et particulièrement les États insulaires et sans littéral, conviennent d’accorder, au besoin, à ces États un traitement spécial en ce qui concerne certaines dispositions du présent Traité et leur apporter toute autre assistance nécessaire ».