La France est si proche et si loin du Sahel. Le lien ombilical qui les lie est si fort et si profond que toute séparation se fait dans la douleur et l’incompréhension. C’est ce à quoi, nous assistons depuis la prise du pouvoir par les armes dans les pays sahéliens.
Le vieil époux ( Sahel) demande à la vieille épouse ( France) de s’en aller avec la clameur d’une population qui semble avoir tout compris sans en maîtriser l’enjeu et les sacrifices à consentir.
Du Mali au Niger en passant par le Burkina, les nouvelles autorités sont dans une posture révolutionnaire qui ressemble à celle de certains leaders à la veille des indépendances.
1957 pour le Ghanéen Kwamé N’Krumah. 1958 pour le Guinéen Sékou Touré. 1960 pour le Malien Modibo Kéita. L’histoire de ces grands leaders panafricains, pour ne citer que ceux-là, enseigne qu’on ne quitte pas impunément la France.
Si ces devanciers ont été naïfs, nous osons croire que ceux d’aujourd’hui prennent les dispositions. Le ver étant toujours dans le fruit en Afrique noire francophone.
Progressivement, le Sahel fait ses adieux à la Métropole. Les derniers développements de l’actualité refroidissent les relations entre le Burkina et la France. Ils poussent à la réflexion d’une rupture définitive avec l’ancien colonisateur.
Il y a juste trois jours, les nouvelles autorités ont expulsé l’attaché militaire de l’ambassade de la France qui a deux semaines pour quitter le territoire burkinabè. Avec lui, tout le personnel militaire.
Sans attendre la réciprocité de la décision qui est évidente, puisque ces deux pays nous ont habitués à cela, les autorités burkinabè anticipent. Elles décident de retirer le personnel militaire en poste à l’ambassade du Burkina en France.
Fin août, des étudiants de ces trois pays à savoir le Burkina, le Mali et le Niger ont reçu du ministère des affaires étrangères un message dans lequel les autorités françaises ont décidé de l’annulation de leur séjour en raison de la crise diplomatique en cours.
Ces quelques exemples illustrent fort bien l’état des relations actuelles entre la France et le Sahel. De la déchéance à la décrépitude, le tout sur fond d’effervescence d’une jeunesse qui semble avoir compris les enjeux et qui les exprime dans les rues de Bamako, de Niamey et de Ouagadougou, mais aussi sur les réseaux sociaux.
Le sillon que tracent ces militaires est parsemé d’embûches. Il y a d’énormes sacrifices que cette jeunesse doit consentir. Les dirigeants aussi. Nous devons nous ceindre les reins comme un vaillant homme pour affronter la situation dans sa décadence.
On ne fait pas des omelettes sans casser les œufs, dit-on. De cette même manière, on acquiert pas sa véritable indépendance en restant dans sa zone de confort. A demi-mot pour ceux qui comprennent.
Les hostilités qui ont repris au Nord du Mali entre rebelles et Forces armées maliennes illustrent fort bien cet adage dont libreinfo.net a fait cas plus haut en écrivant qu’en « Afrique francophone, le ver est dans le fruit »
La résistance de la France au Niger n’est pas anodine non plus. Là-bas, il y a la rébellion touareg qu’il faut se préparer à gérer.
Au Burkina Faso, les guéguerres entre militaires et franges de la population vont refaire surface. L’enthousiasme émotionnel qui accompagne le départ de la France ne doit pas cacher l’ardeur du travail à abattre et le le lourd passif à gérer.
La France, si loin soit-elle, est toujours si proche du Sahel à telle enseigne que les révolutionnaires des temps modernes doivent apprendre à dormir les « yeux ouverts ». Libreinfo.net aurait averti.
Par la Rédaction
