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Afrique du Sud : Nouveau challenge politique pour l’ANC

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Trois partis formeront désormais la coalition gouvernementale en Afrique du Sud, après les élections législatives du 29 mai dernier qui ont durement sanctionné le Congrès national africain (ANC). Toujours majoritaire avec 159 députés, l’ANC doit cependant composer avec l’Alliance démocratique (parti libéral, 87 sièges) et le parti nationaliste zoulou Inkhata (17 sièges), dans une coalition de tous les espoirs et de tous les défis. Déjà, Cyril Ramaphosa, réélu ce 14 juin par le Parlement, reste à la tête du pays pour les cinq prochaines années.

Par Serge Mathias Tomondji

C’est fait ! Matamela Cyril Ramaphosa, 71 ans, reste président de l’Afrique du Sud. Le troisième successeur de Nelson Mandela a été élu ce 14 juin par le Parlement issu des urnes du 29 mai dernier, avec les voix de 283 des 400 députés de la nation.

Après avoir perdu la majorité absolue qu’il détenait depuis trente années, le Congrès national africain (ANC) a dû composer avec d’autres partis politiques pour parvenir à un tel résultat.

C’est donc une nouvelle ère de gouvernance qui s’ouvre pour le vieux parti de Nelson Mandela, traversé depuis plusieurs années par des crises politiques. L’ANC a ainsi enregistré plusieurs défections et a perdu de sa superbe et de sa popularité.

Les problèmes sociaux et économiques du pays ont constamment mis à mal des dirigeants qui n’ont ni le charisme, ni la vision de leur mentor, qui a inauguré, en 1994, les premières heures de gloire de la majorité noire sud-africaine au pouvoir.

L’Afrique du Sud revenait de loin, au milieu des années 1990, après de longues et dures années de plomb de l’apartheid et de lutte contre cette détestable ségrégation raciale.

Porté par Nelson Mandela, qui a payé 27 années de sa vie dans ce combat pour la dignité de son peuple, le pays entre alors dans une euphorique ère démocratique.

L’ANC, ultra-majoritaire, domine la vie politique et détient la majorité absolue au Parlement.

Pragmatisme et inclusivité

Mais cette confortable majorité absolue qui lui permettait d’avoir la haute main sur les affaires du pays s’est effritée au fil des décennies.

Les inégalités restent criardes et les jeunes, qui n’ont pas connu l’apartheid, rêvent d’une autre Afrique du Sud, débarrassée du chômage endémique, de la violence gratuite, des inégalités criardes.

« Nous savons que malgré nos avancées, l’Afrique du Sud reste une société très inégalitaire », a d’ailleurs humblement reconnu, le 27 avril dernier, le président Cyril Ramaphosa.

Ce sont justement ces inégalités que doit combattre à présent le nouveau gouvernement qui sera formé dans les prochains jours, avec la coalition scellée par l’ANC au lendemain du vote-sanction du 29 mai 2024.

Crédité de seulement 40% des suffrages, le parti recule de 17 points et a dû conclure un accord avec notamment l’Alliance démocratique et le parti nationaliste zoulou Inkhata.

Quoique majoritaire avec 159 sièges au Parlement, l’ANC devra donc apprendre à gérer la Nation arc-en-ciel, chère à Nelson Mandela, avec recul, pragmatisme et inclusivité.

Un nouveau challenge, qui ne manque pas de piquant, d’autant que le parti a dû jouer aux équilibristes pour conclure sa coalition gouvernementale.

Exit le tout nouveau parti de l’ancien président Jacob Zuma, qui devient tout de même la troisième force politique du pays seulement quelques mois après sa création.

Jacob Zuma qui a été débarqué de la présidence sud-africaine en 2008, et qui s’était engagé dans une post-campagne législative contre le maintien de son successeur, Cyril Ramophosa, à la tête du pays.

Un challenge salutaire…

Exit aussi les Combattants pour la liberté économique de Julius Malema, qui ne se retrouvent pas dans un partenariat avec l’Alliance démocratique, parti libéral composé en majorité de Blancs.

Et c’est justement avec cette formation, désormais deuxième force politique de l’Afrique du Sud, que l’ANC doit composer dans ce mariage de raison.

On est donc en droit de se demander aujourd’hui si cet attelage tiendra la route et si de l’action conjuguée de ces visions différentes de l’Afrique du Sud, naîtra la synergie gagnante pour réduire les inégalités.

Il ne faut en effet pas perdre de vue le fait que c’est avec une partie de son opposition d’hier que s’allie l’ANC aujourd’hui. Comment créer, dès lors, une véritable unité d’action pour la gestion du pouvoir d’État et pour le bien des populations ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Congrès national africain de Nelson Mandela est plus que jamais à la croisée des chemins.

Il doit, ici et maintenant, s’émanciper du visage emblématique de son leader charismatique, tout en réinventant la gouvernance pour répondre aux colères et aux frustrations qui sourdent partout. De même d’ailleurs qu’aux défis actuels d’une société en pleine mutation.

De ce point de vue, l’ANC, arrivé au pouvoir suite à une guerre de libération et essoufflé par l’épreuve du temps, doit faire plus efficacement face à la quête profonde de changement de cette génération postapartheid qui aspire à un nouveau renversement sociopolitique et stratégique.

En cela, ce challenge est peut-être salutaire pour le parti majoritaire et pour la nation sud-africaine. C’est donc pour l’ANC le temps de se remettre en cause et de gérer la nation, avec les autres, dans une certaine humilité.

En attendant la « Nation arc-en-ciel » …

Après les présidences de Thabo Mbeki (1999-2008) et de Jacob Zuma (2009-2018), qui ont connu leur lot de dérives, Cyril Ramaphosa sait qu’il n’a plus droit à l’erreur.

Il doit amener son parti à se sublimer et à affirmer son leadership en relevant les défis qui se posent à la jeunesse. Et il aura sur les talons ses… « partenaires » de l’Alliance démocratique (DA, 87 sièges) et du parti nationaliste zoulou Inkhata (IFP, 17 sièges).

En tout cas, pour le leader de l’Alliance démocratique, John Steenhuisen, « c’est un jour historique et le début d’un nouveau chapitre de construction et de coopération » pour l’Afrique du Sud.

Il faut donc l’espérer et gager que ce parti travaille à gommer les inquiétudes de ceux, nombreux, qui estiment qu’il favorise « les intérêts de la minorité blanche et de la classe moyenne, au détriment des plus pauvres ».

C’est peut-être dans cette juste mesure des choses et dans une sincère diversité politique que la nouvelle Afrique du Sud construira la véritable Nation arc-en-ciel dont a rêvé Nelson Mandela.

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