L’éducation est l’un des secteurs qui paient le plus lourd tribut de la crise sécuritaire que vit le Burkina Faso ces dernières années. Du dysfonctionnement voire de la fermeture des structures éducatives au déplacement massif des élèves et des enseignants vers les zones plus sécurisées, les conséquences de cette situation sont énormes. Si certains enseignants ont été affectés et/ou redéployés dans des localités, d’autres sont actuellement désœuvrés. Ces derniers se retrouvent dans leurs familles d’origine et sont sans activités pour la plupart. C’est d’ailleurs le constat fait par Libreinfo.net à Tougan, dans la province du Sourou, zone d’accueil des déplacés internes.
Par Brice Alex, Correspondant dans le Sourou
La crise sécuritaire affecte plusieurs acteurs de l’éducation. Dans la région de la Boucle du Mouhoun, par exemple, plusieurs structures éducatives connaissent une fermeture suite aux menaces et actions des hommes armés mettant ainsi plusieurs enseignants et élèves hors du système éducatif.
Il est vrai que des acteurs issus des zones à fort défi sécuritaire ont été déployés dans d’autres localités. Toutefois, certains sont toujours hors des structures éducatives.
C’est le cas de N. P. dont son école est fermée. Enseignant relevant de la circonscription d’éducation de Base de Kougny, dans la province du Nayala, il a rejoint sa famille à Tougan, et ce depuis deux ans maintenant.
Voici le témoignage de cet enseignant : « La situation sécuritaire nous a contraints à quitter nos postes. Toutes les écoles environnantes ont fermé suite aux menaces des groupes armés terroristes.
Par mesure de précaution nous avons aussi décidé de quitter les lieux. Et c’est juste après notre départ que le village a été visité par des hommes armés. Ils se sont attaqués aux services étatiques.
Ainsi la mairie et l’école ont été incendiées et d’énormes dégâts matériels ont été constatés par les habitants. Ce n’est vraiment pas facile.
Notre école tout comme les autres de la circonscription éducative sont toujours fermées sans une lueur d’espoir d’ouverture. Nous sommes sans nouvelles de la hiérarchie.
Personne ne nous appelle pour nous encourager. Nous sommes dans le désespoir. Cela fait deux ans que je suis désœuvré.
Actuellement je suis sans activité à Tougan. Mon seul souhait c’est que la situation se stabilise, que nous puissions retourner à nos postes de travail pour reprendre les activités pédagogiques».
M. T., un autre enseignant, de la circonscription d’éducation de base de Doumbala, province de la Kossi, est à Tougan depuis plus d’un an après la fermeture de son établissement.
Voici ce qu’il raconte : « Depuis le 26 janvier 2023, mes collègues et moi avons quitté notre école suite aux injonctions des hommes armés. Quelques écoles sont délocalisées à Nouna, chef-lieu de la province. Depuis lors je suis à Tougan sans activité. Mais, de temps en temps, je donne un coup de main dans une école de la ville pour garder la main».
A. D. lui, est ressortissant de la circonscription d’éducation de base de Gossina, dans la province du Nayala. Depuis maintenant un an, il affirme exercer dans le commerce en attendant la réouverture de son école. Il s’inquiète de l’avenir de ses élèves.
A.D. raconte : « Notre école, tout comme les autres de la circonscription, est fermée depuis un an par des hommes armés qui sévissent dans la zone.
Pire, l’inspection a été incendiée avec de nombreux dégâts matériels. Nous avons dû reprendre certains documents. Nous étions obligés de quitter les lieux à contrecœur, laissant des centaines d’élèves de l’école.
Quand je pense à ces élèves qui n’ont plus accès aux cours, j’ai bien peur pour leur avenir. Nous implorons vraiment la providence divine pour le retour de la paix et de la sécurité».
Comme eux, plusieurs enseignants de la région sont actuellement dans la ville de Tougan, et subissent une situation similaire.
Le souhait de tous ces enseignants, c’est la stabilité du pays pour la reprise effective des activités pédagogiques au profit de tous les enfants.
Le système éducatif du Sourou est fortement affecté par la crise sécuritaire. A l’exception de la ville de Tougan, toutes les structures éducatives de la province sont fermées.
Certains établissements ont pu être délocalisés en zone urbaine pour la continuité de l’œuvre d’éducation.
Selon les récentes données statistiques de la direction provinciale de l’éducation, plus de 11 000 élèves déplacés internes sont actuellement dans la ville de Tougan aux côtés de ceux de la population hôte.
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