Les étudiants du Centre Universitaire de Dori, chef-lieu de la région du Sahel du Burkina Faso sortent de leur silence après près de 10 mois sans le moindre cours dispensés dans les amphithéâtres. A cet effet, l’Association Nationale des Etudiants du Burkina section Dori (ANEB Dori) a animé une conférence de presse le samedi 14 janvier 2022 dans la ville. Tout en rejetant le motif sécuritaire qui semble expliquer cette situation, les étudiants réclament la reprise des activités pédagogiques dans leur établissement.
Par Adrien Djiguemdé
Le dernier cours au Centre Universitaire de Dori, chef-lieu de la région du Sahel, remonte à mars 2022. Depuis cette date, les étudiants dont le nombre dépasse les 1800 n’ont plus eu droit à un cours.
Visiblement lassés d’attendre, ils ont pris l’initiative de s’exprimer : « Le Centre universitaire a vu ses activités académiques et pédagogiques arrêtées de fait depuis le 13 mars 2022 sans que l’Administration ne daigne informer les étudiants. Aucune note officielle n’a informé les étudiants de cet état de fait » a déclaré M. Amadou Diallo, président de l’ANEB Dori.
Plusieurs questions taraudent l’esprit de M. Amadou Diallo: « Doit-on comprendre que les autorités ont définitivement fermé le centre ? Ou faut-il comprendre que les étudiants du CU/Dori doivent attendre la fin de l’insécurité pour reprendre les activités ? »
Selon le président de l’ANEB Dori, « face à la pression des étudiants, l’Administration fut contrainte de programmer les évaluations de la session de rattrapage en septembre 2022 sans prendre les mesures qui s’imposent en vue de permettre aux étudiants qui avaient quitté la ville de Dori à cause de l’insécurité, mais aussi de l’absence d’activités académiques de regagner la ville afin de pouvoir composer. »
Conséquence, « plus de 2/3 des étudiants n’ont pas pu prendre part aux évaluations. Et si rien est fait, ces étudiants seront purement et simplement exclus de l’université puisque le droit au redoublement n’est pas reconnu dans les filières dites professionnalisantes», explique-t-il.
Selon lui, depuis ces évaluations, aucune autre activité académique n’a été programmée, confirmant ainsi la fermeture de fait du Centre universitaire.
La raison sécuritaire ne tient pas pour les étudiants de Dori (Burkina)
Selon les étudiants, la dégradation de la situation sécuritaire dans cette partie du pays aurait été donnée comme justificatif.
Mais, pour eux, « la justification de la fermeture de l’université à cause de l’insécurité donnée par les responsables du Centre via la presse, ne saurait tenir car, les établissements d’enseignement secondaire continuent de fonctionner » dit M. Amadou Diallo.
« Il n’y a donc pas de raison que l’université reste fermée. Mieux, il appartient à l’Etat de mettre tout en œuvre pour assurer la sécurité des étudiants et de leurs enseignants » ajoute-il.
L’ANEB Dori dit avoir par ailleurs initié des rencontres avec le gouverneur de la région du Sahel pour parler de la situation.
Ainsi, la solution du transport par hélicoptère des enseignants de Ouagadougou la capitale du pays vers Dori avait été trouvée. Cela, afin de permettre la reprise des activités pédagogiques. Cependant, « la solution est restée sans suite », déplore le président de l’ANEB Dori.
Le manque de communication qui déplait aux étudiants
Selon le Président l’ANB Dori, les étudiants du Centre universitaire sont livrés à eux même.
« A ce jour, aucune communication sérieuse n’a été faite par l’administration sur la situation du centre depuis sa fermeture de fait. Durant ce temps de suspension, aucune justification officielle n’a été donnée aux étudiants. Il n’existe aucun cadre d’échanges sérieux entre l’administration et les étudiants» se plaint-il.
A en croire M. Amadou Diallo, « les informations sont pour la plupart transmises de bouche à oreille ou sur des statuts WhatsApp des étudiants qui ont eu la chance de recevoir l’information par un membre de l’administration. »
Cette organisation estudiantine affirme que les responsables du Centre Universitaire de Dori ne se soucient pas suffisamment des étudiants.
« Les responsables de l’Administration font des problèmes des étudiants de Dori leur dernier souci ; ils n’ont daigné répondre à aucune des sollicitations des étudiants. Leurs attitudes frisent le mépris et l’insouciance. Entrer en contact avec l’Administration pour ne serait-ce que pour avoir un bulletin de notes est devenu un véritable parcours du combattant » a fait observer M. Diallo.
Au regard de la situation, l’ANEB Dori interpelle les autorités « à trouver des solutions concrètes à la situation de détresse des étudiants. »
Par ailleurs, ces étudiants exigent la reprogrammation de la session de rattrapage au profit des étudiants absents,
Ils déclarent être prêts à engager des actions pour obtenir gain de cause.