Le long métrage documentaire «Al Djanat, paradis originel » de la réalisatrice franco-burkinabè Aïcha Chloé Boro a été présenté hier 28 février 2023, à l’occasion de la 28e édition du FESPACO au Ciné Nerwaya. Ce film rempli d’émotions raconte l’histoire de la réalisatrice elle-même, confrontée à un litige foncier. C’est un témoignage poignant qui a touché plus d’un cinéphile.
Par Elza Nongana
28 février. 18h30 au Ciné Neerwaya de Ouagadougou. Plusieurs cinéphiles ont fait le déplacement pour découvrir le film de la réalisatrice franco-burkinabè Aïcha Chloé Boro intitulé « Al Djanat, paradis originel ».
Avant le début de la projection, la réalisatrice et son équipe sont montés sur scène pour une brève présentation.
Après, place au film. Chaque spectateur est concentré pour ne rien rater.
« Al Djanat, paradis originel », est un documentaire qui relate l’histoire de la cour familiale où Mme Aïcha Chloé Boro a passé son enfance. Ce domicile qui a vu grandir plusieurs générations s’est retrouvé au cœur d’un conflit lié à l’héritage familial.
Après le décès de l’oncle de la réalisatrice, les frères et les enfants du défunt n’arrivent pas à s’entendre au sujet de l’héritage (la cour familiale).
Ce conflit a connu une fin malheureuse parce que le tribunal a tranché en faveur des oncles du défunt qui préconisaient la vente du domicile familial considéré comme un patrimoine.
Ce film d’une durée de 1h 27mn, réalisé en langue nationale dioula et retranscrit en français, a été tourné dans des conditions difficiles, indique la réalisatrice.
Pour Mme Aïcha Chloé Boro, « c’est la première fois en 12 ans de film documentaire que je filme ma famille et mon histoire personnelle, donc c’était plus difficile. Dans mes autres films, c’était plus facile de trouver la distance puisque je n’étais pas partie prenante. »
Elle ajoute que : »Là, j’étais le filmeur et le filmé, alors c’était très compliqué de trouver ma place. »
Le film « Al Djanat » a touché plus d’un
Ce documentaire fait ressortir l’aspect du litige foncier qui gangrène les sociétés. Au sortir de la séance, M. Sidgomdé Rouamba, un réalisateur, dit apprécier le film : » C’est un sujet d’actualité et un problème récurrent que je vis personnellement en ce moment dans ma famille. »
Selon M. Rouamba, les gens ne pensent plus à la préservation de la terre pour les générations futures mais plutôt à leur vente. Un fait « regrettable » déclare-t-il.
Mme Fatimata Kéré se dit être très touchée par le film. Elle affirme que ce documentaire reflète une situation qu’elle vit en ce moment. » Je dois me rendre en Côte d’Ivoire dans 15 jours pour régler un souci pareil. En réalité, je suis l’aîné d’une famille et ce film m’a donné des idées et des orientations pour résoudre notre problème. »
Mme Aïcha Chloé Boro, a remporté l’Étalon d’or de Yennenga en documentaire en 2021. Cette année, elle espère décrocher le trophée tant convoité avec « Al Djanat ».
Lire aussi: FESPACO 2023 : SIRA d’Apolline Traoré, un film d’hommage aux combattants contre le terrorisme
