Le festival Alimenterre organisé par Semfilms et ses partenaires ont tenu le vendredi 17 novembre 2023 à Tenkodogo, région du Centre-Est, un atelier sur le pastoralisme, source de différends entre les agricultures et les éleveurs. Cette rencontre vise à sensibiliser les citoyens en vue de renforcer la cohésion entre ces deux acteurs de l’agropastoral.
Dans le cadre de la caravane du festival « Alimenterre », Semfilms et ses partenaires ont réuni autour d’une même table, 40 participants dont des responsables administratifs, des agricultures, des éleveurs et autres acteurs de la société pour réfléchir sur « le pastoralisme, conflits fonciers et cohésion sociale ».
Pendant plus de 2 heures, l’animateur de cet atelier, l’expert foncier, Pierre Ouédraogo a fait le lien qui existe entre agriculteurs et éleveurs, car ils mènent des activités qui sont connectées selon lui.
L’agriculture a besoin du fumier de l’éleveur et l’éleveur à son tour a besoin des tiges de mil pour ses animaux. Cette interdépendance montre un lien très étroit qui existe entre les deux acteurs.
Selon l’expert, Pierre Ouédraogo, l’agriculture et l’élevage nous permettent d’avoir à manger mais malgré cela il y a un paradoxe. « J’ai l’impression que nous ne savons pas ce que nous voulons au regard de l’importance de ces deux secteurs. De leurs apports, la réalité est qu’il y a peu d’efforts fait pour ces deux secteurs. Certes l’État fait des efforts mais c’est insuffisant », a-t-il dit.
Selon lui, petit à petit, les terres pour les pâturages sont en voie de disparition à cause d’un certain nombre de pratiques. Il a donné comme exemple, les sociétés minières qui impactent négativement le développement du pastoralisme et ceci, a-t-il indiqué, devient compliquer pour les éleveurs.
En ce qui concerne l’agriculture, il a évoqué le cas de ces terres mobilisées par des particuliers. Et ces terres ne sont pas exploitées. Ce qui joue également sur l’agriculture.
Et selon l’expert foncier, Pierre Ouédraogo, l’un des problèmes qui nous conduit à cette situation est la somme d’injustices dans la gestion des terres. « Il y a ceux qui ont des terres et ils ne savent quoi en faire et d’autres qui n’ont pas alors qu’ils en ont besoin. » a-t-il fait savoir.
Il ajoute : « Si nous comprenons réellement ce qui est à la base des conflits et que nous travaillons depuis la racine, nous pourrons éviter ces conflits. Il faut un vrai dialogue sur la question des terres ».
Quant à l’ancien député maire de Dori, Aziz Diallo, il estime que « le mal est profond en ce qui concerne le secteur de l’élevage. Quand on regarde la région du Sahel, les investissements dans le secteur de l’élevage ces dernières années, sont très négligeables. On a des zones pastorales qui sont bien identifiées mais qui ne sont pas balisées ».
Et pourtant, selon ses explications, 85% de la population du sahel dépend de l’élevage. « Pire, toute la zone ne dispose pas d’usine de produits pour les animaux. » a-t-il conclu.
Après cet exposé, les participants ont suivi un film documentaire accompagné de débat sur le pastoralisme et les conflits fonciers.
Ainsi, tour à tour, des représentants de responsables administratifs, d’agriculteurs, d’éleveurs et autres acteurs de la société ont pris la parole pour partager leurs connaissances et expériences sur la question.