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FOCAC’2024 : Et voici le temps de l’Afrique-sur-Beijing ! 

Le 9e Forum sur la coopération Chine-Afrique

Deuxième économie mondiale et premier partenaire commercial de l’Afrique, la République populaire de Chine accueille, du 2 au 6 septembre, le continent noir dans un engagement renouvelé en faveur de la coopération et de l’investissement. Considéré comme le plus grand événement diplomatique organisé à Pékin depuis la pandémie de la Covid-19, la neuvième édition du Forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac’2024) constitue un important rendez-vous dans la géopolitique et la géostratégie mondiales…   

Par Serge Mathias Tomondji

L’Afrique a rendez-vous à Beijing — Pékin — toute cette semaine pour une nouvelle rencontre avec la République populaire de Chine.

On parlera ainsi, pendant cinq jours, de coopération et d’investissements, en même temps que les deux parties consolideront les bases de leur avenir commun.

Un avenir qui doit s’inscrire dans « une approche globale, coordonnée et avant-gardiste », au moment où la géopolitique mondiale commande des ajustements profonds.

C’est donc par dizaines que les chefs d’État et de gouvernement des pays d’Afrique font le déplacement de Pékin pour ce neuvième Forum sur la coopération Chine-Afrique (Forum on China-Africa Cooperation, Focac) qui se tient du 2 au 6 septembre 2024.

Le rendez-vous de cette année ambitionne ainsi de construire une nouvelle communauté d’avenir sino-africaine. Entre visites de travail, échanges bilatérales et vision multilatérale dans le creuset géostratégique d’un monde en pleine mutation.

La griffe indonésienne

C’est le cas de le dire, le Focac a pris, au fil des éditions, une envergure particulière dans l’agenda de la « diplomatie des sommets », qui compte aujourd’hui plus d’une dizaine de rencontres entre l’Afrique et le reste du monde. France, Japon, Turquie, Inde, Russie, États-Unis, Arabie saoudite, Italie, Corée du Sud, Indonésie… ont ainsi établi un pont de coopération avec l’Afrique, avec des fortunes et infortunes diverses.

Et justement, le 9e Forum sur la coopération Chine-Afrique s’ouvre alors que s’achève, ce 3 septembre à Bali — à un millier de kilomètres de la capitale, Jakarta —, la deuxième édition du Forum Indonésie-Afrique. « Le partenariat entre l’Indonésie et l’Afrique a jusqu’à présent donné des résultats incroyablement concrets, qui ont conduit à une augmentation rapide du volume des échanges et à la signature de divers accords d’investissement », a notamment indiqué le chef de l’État indonésien, Joko Widodo.

L’Indonésie, qui vient d’annoncer « des accords d’une valeur de 3,5 milliards de dollars avec des pays africains », ne compte donc pas rester en marge de cette fiévreuse diplomatie financière.

Une hausse exponentielle de l’enveloppe depuis le premier forum de 2018 à l’issue duquel « Jakarta avait signé des accords d’investissement d’une valeur de 600 millions de dollars avec plusieurs États du continent ».

Pays émergent d’Asie du Sud-Est, l’Indonésie opte ainsi pour un renforcement soutenu de sa coopération avec le continent africain « en mettant l’accent sur la santé, l’énergie et les minerais stratégiques ».

Peser sur la géopolitique mondiale 

La Chine, quant à elle, se situe très loin devant, avec des engagements autrement plus élevés.

Deuxième économie mondiale, l’« empire du Milieu » est le premier partenaire commercial de l’Afrique avec, selon les médias officiels chinois, un pic de 167,8 milliards de dollars au premier semestre 2024.

De plus, si l’on en croit une base de données réalisée par l’Université de Boston, « les prêts accordés par la Chine aux pays africains l’an passé ont atteint leur niveau le plus élevé depuis cinq ans », avec l’Angola, l’Éthiopie, l’Égypte, le Nigeria et le Kenya comme principaux pays emprunteurs.

Ce 9e Focac revêt donc un caractère diplomatique et géostratégique important, notamment pour la Chine qui le présente comme le plus grand événement diplomatique organisé à Pékin depuis la pandémie de Covid-19.

Du reste, cette plateforme devrait constituer une opportunité pour Pékin de réaffirmer sa position sur le système international. Et de peser sur la géopolitique mondiale en mettant en avant sa « réforme pour plus de justice, d’équité » et qui reflète, selon les officiels chinois, « les aspirations et les réalités d’un monde multipolaire en pleine mutation, aujourd’hui porté par une grande partie des pays du Sud ».  

Changer de paradigme

Toutefois, l’Afrique ne devrait pas participer à ce forum en acteur passif. C’est le moment, estiment bien d’observateurs des dynamiques politiques, diplomatiques et économiques africains, de changer de paradigme.

À l’image par exemple de Paul Nantulya, chercheur associé au Centre d’études stratégiques de l’Afrique (Cesa), qui estime à juste titre que… « nous devons cesser d’être des bénéficiaires passifs des initiatives chinoises pour devenir des architectes actifs de notre avenir commun, et aborder ces négociations avec une vision claire, une voix unifiée et un engagement inébranlable envers nos objectifs de développement ». 

À la vérité, tout est dans cette vision, également valable pour tous les rendez-vous de la « diplomatie des sommets », avec une foultitude de rencontres à l’issue desquelles on fait valser des milliards de dollars dont on ne voit pas vraiment l’impact sur le quotidien des Africains.

Et si, au-delà, de ce sommet politiquement et diplomatiquement correct, l’Afrique saisissait enfin cette occasion pour redéfinir ses relations avec la Chine ?

Il suffit, pour cela, conseille encore Paul Nantulya, de… « mettre l’accent sur l’accès stratégique aux marchés, la valeur ajoutée, l’inclusion populaire et la transformation économique », dans une approche globale, coordonnée et avant-gardiste qui serve réellement les intérêts des peuples africains.

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