L’Association Sportive des Académiciens du Faso (ASAF) est une équipe de football fondée par Ibrahima Traoré dit Baya, ancien international des Étalons du Burkina. Elle est composée de garçons et de filles ; l’ASAF a son siège social à Kamboinsin, à une trentaine de km de Ouagadougou, la capitale burkinabè. Libreinfo.net a assisté à une séance d’entraînement de l’équipe féminine sur son terrain sis au quartier Paglayiri de Ouagadougou.
Par Mahomed Nitiema (Stagiaire)
Il est 15 heures. Nous sommes sur le terrain de l’Asecna au quartier Paglayiri. C’est sur cette aire de jeu que les filles de l’Association Sportive des Académiciens ( ASAF) s’entraînent chaque mardi. Une quinzaine de minutes après, nous observons des filles dont l’âge varie entre 14 et 20 ans.
Peu après, elles se rassemblent à l’ombre d’un grand arbre aux abords du terrain. Elles se mettent à changer de vêtement. Elles enfilent les maillots de couleur rouge et jaune puis elles rejoignent le terrain.
Il est 15H30. Sous la direction de leur coach principal Abdoul Hack Traoré, les touches de balle ont commencé. L’une des étapes les plus importantes de cet entraînement est le travail devant les buts que le coach explique comme l’ensemble des techniques de jeu que les jeunes joueuses doivent exécuter avec vivacité pour avoir les bons réflexes devant les buts.
Le football, comme passion
Pour les Académiciennes du Faso, le football est une passion. Nombre d’entre elles ne comptent pas s’arrêter à mi-chemin. Elles veulent embrasser une carrière professionnelle.
C’est le cas de Mounia Sakina Guingani, élève en classe de 3e. Elle dit être passionnée par le football féminin et souhaite à l’avenir jouer avec les Étalons dames. Elle rêve de jouer à l’image de Pascaline Kaboré de l’équipe féminine des Étalons qui est son idole.
Reine Pélagie Kaglan est une autre joueuse de l’ASAF. Elle est défenseure au sein de l’équipe et dit être passionnée du football. « J’ai un rêve à réaliser : pouvoir jouer un jour comme Selma Bacha, défenseure de l’équipe féminine de Lyon» nous a-t-elle dit.
Laeticia Kiemtoré, quant à elle, nous explique : « Je suis tombée amoureuse du ballon rond grâce à mon oncle. Il m’amenait au terrain à chaque fois qu’il y allait jouer. Maintenant que moi-même je joue, j’aimerai réussir dans le football.».
Elle ajoute qu’elle est polyvalente sur le terrain : « je peux jouer au milieu central et à l’extrême gauche et à l’extrême droite.»
«C’était dur au début ; on me frappait à cause du football…» se souvient Laetitia
Selon les joueuses, elles rencontrent de nombreuses difficultés pour avoir choisi de jouer au football. Un choix que les parents ne partagent pas forcément.
«Mon papa m’a dit que ce n’est pas bon pour une fille de jouer au football ; il pensait que j’allais abandonner l’école» explique Mounia. «Mais, il a très vite compris, puisque mes résultats sont satisfaisants. Maintenant, c’est lui qui m’encourage.» se réjouit-elle.
A en croire Laetitia, elle a reçu des coups quand elle a choisi de jouer. « C’était dur au début ; on me frappait à cause du football, mais maintenant on me laisse jouer. Personne ne m’en veut encore.»
Reine affirme avoir eu le soutien de son entourage. Selon elle, ses parents l’ont toujours accompagné dans ses choix. On n’a pas encore une fille qui brille dans le football (…) mais ça ne va pas tarder à venir, foi du coach
Abdoul Hack Traoré, coach de l’ASAF dames du Burkina explique qu’il y a beaucoup d’objectifs à atteindre avec sa jeune équipe. « L’objectif premier, c’est de les éduquer d’abord, puis de les accompagner afin qu’elles puissent réaliser leur ambition ; Peut-être, parmi elles pourra-t-on trouver une Juliette Nana (Ndlr : joueuse évoluant chez les Etalons dames) » fait-il savoir.
« Pour l’instant, on a pas encore une fille qui brille dans le football, formée par ASAF mais avec l’équipe que j’ai actuellement, cela ne va pas tarder à venir » a-t-il assuré.
M. Traoré explique que son équipe doit évoluer en 3e division du championnat féminin nouvellement instauré par la Fédération burkinabè de football (FBF) qui n’a pas encore débuté. Il félicite déjà ses filles qui jouent avec beaucoup d’engagement les petites compétitions.
A en croire le coach Traoré, son équipe a gagné le tournoi Orange Filles et le tournoi Abibou Sana en 2022. Elles ont été également vice-championnes du tournoi de la Fédération burkinabè de maracana et de disciplines associées.
Comme dans tout métier, les difficultés ne manquent pas. « Nous avons quelques problèmes financiers… pour tout dire, on a seulement le soutien financier du président » dit le coach Traoré
La majeure partie des filles au sein de l’ASAF du Burkina est composée des filles que Abdoul Hack Traoré a formées lui-même et compte les mettre en lumière dans le championnat féminin de D3.
Réactions de quelques supporters de l’ASAF du Burkina
Mme Congo admire les filles qui jouent au football ; « j’admire beaucoup la fille de ma voisine qui joue souvent avec les garçons au quartier. Ainsi, je me suis fait la promesse de faire jouer ma fille aussi».
Elle dit assumer son choix et parcourt une longue distance entre son domicile et le terrain d’entraînement : « Je quitte Rayongo pour déposer mes deux filles à chaque séance d’entraînement ».
Pendant l’entraînement des filles, certains usagers de la route n’hésitent pas à s’arrêter pour les regarder jouer quelques instants avant de continuer leur chemin.
C’est le cas de Fabrice Kaboré, informaticien : « c’est très intéressant de voir des filles qui s’engagent dans le foot. Je ne peux qu’encourager le groupe et l’encadrement technique.» nous dit-il.