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[Entretien] : « Depuis sa création, Salitas a transféré au moins une vingtaine de joueurs à l’extérieur », Colonel Yacouba Ouédraogo,fondateur de SALITAS

Ancien ministre des Sports et des Loisirs, le colonel Yacouba Ouédraogo est le fondateur du centre de formation Salimata et Tasséré football club d’où naitra le club SALITAS. Libreinfo.net s’est entretenu, le 2 juin 2021 avec cet homme qui est connu sous le sobriquet de Colonel YAC dans le monde sportif. Il explique la création du centre, la participation du club à la coupe CAF,les relations avec certains acteurs du football national, sa carrière politique et administrative et les récentes violences dans les stades.  

Par Soumaila Sana

Libreinfo.net (L.I) : Que devient le colonel Yacouba Ouédraogo, après son départ du gouvernement en 2014 ?

Colonel Yacouba Ouédraogo (Col Y.O) : Après son départ en 2014 du gouvernement, le colonel Yacouba que je suis, avait créé un parti politique appelé Union pour un Burkina Nouveau (UBN).Mais j’ai vite compris que ça n’allait pas être du tout facile. Et j’ai préféré rejoindre mon corps d’origine qui est l’armée. Actuellement, je suis en service à l’inspection général des Forces armées du Burkina Faso.

L.I: Quelle est la genèse et les objectifs de la création de Salitas ?

Col Y.O : Salitas, c’est une longue histoire. Tout est parti dès la classe de 6e. Après mon admission à l’entrée au Prytanée Militaire de Kadiogo (PMK), j’ai été faire ma formation militaire à l’école préparatoire technique militaire de Bingerville en république ivoirienne.

J’ai eu à pratiquer beaucoup le sport dans plusieurs disciplines, notamment le basketball, le handball et le football. J’ai même eu l’opportunité de porter le maillot ivoirien (les couleurs nationales) pour intégrer l’équipe nationale junior mais j’ai décliné l’offre parce que je n’étais pas Ivoirien. C’est après l’obtention de mon baccalauréat Electronique série F2 que je suis rentré au pays. C’était sous la révolution.

C’est ainsi que j’ai été nommé animateur politique à Djibo car la révolution était aussi le sacrifice. A travers le sport que j’avais déjà beaucoup pratiqué, j’avais un certain nombre de bagages technique sur le sport. A ma sortie de l’académie George Namoano comme sous-lieutenant, j’ai eu la chance d’être retenu par le chef d’Etat major général des armées de l’époque, le colonel Luis Joanni qui m’a nommé directeur central des sports des Forces armées.

A l’époque, il fallait être commandant pour être nommé à ce poste. C’est après plusieurs voyages liés à mes fonctions de responsabilité dans le domaine des sports que j’ai décidé de créer en 2014, le centre Salitas qui est un centre omnisport même si nous nous sommes focalisés sur le football.

L.I : Comment se porte aujourd’hui le centre Salitas ?

Col Y.O : Salitas se porte très bien, parce qu’en termes d’infrastructures, nous n’envions pas les autres centres. Nous avons le nécessaire. C’est-à-dire les deux terrains gazonnés (naturel et synthétique) ainsi qu’un restaurant, des bâtiments servant de dortoirs, une piscine olympique, en un mot, nous avons tout ce qui est nécessaire pour le fonctionnement d’un centre de formation omnisports. Nous avons d’autres réalisations pour être performant et faire de bonnes choses. En un mot, Salitas va bien.

L.I : Comment se passent les transferts des joueurs dans votre club ?

Col Y.O : Les transferts des joueurs à Salitas se font dans les règles de l’art comme l’exige la réglementation internationale dans le sport roi. Nous avons des agents de joueurs qui suivent les dossiers. Lorsqu’un de nos joueurs intéresse un autre club, c’est à l’issue des discussions entre les deux parties qu’un accord est signé.

Depuis sa création, salitas a transféré au moins une vingtaine de joueurs à l’extérieur. Nous pouvons donner les exemples de Boureima Hassane Bandé, de Trovas Boni, de Abou Ouattara, de Natanagnio junior Compaoré et de Edmond Tapsoba.

L.I : Quelle bilan tirez-vous de la campagne africaine de votre club depuis un certain temps ?

Col. Y.O : Le bilan est positif, car nous sommes parvenus aux matchs de poules de cette compétition qui a été d’ailleurs une première pour un club burkinabè. Bien que nous n’avons pas été en quart de finale, nous n’avons pas non plus perdu un match à l’époque. Et cette année nous avons rééditer cet exploit au niveau de la coupe CAF.

Nous avons battu une grande équipe ghanéenne ensuite une équipe soudanaise et le dernier est un club gabonais. Ce sont trois grandes équipes que nous avons battues. Pour nous, notre bilan est positif et nous allons nous remettre au travail pour faire mieux à l’échéance prochaine.

L.I : D’aucuns pensent que Salitas n’a toujours pas l’expérience des grandes compétitions comme la coupe CAF ?

Col Y.O : On n’acquière pas l’expérience en une seule fois. Salitas est à sa troisième participation des compétitions africaines. J’ai attiré l’attention de l’encadrement technique à certain moment. Car nous disposions de bons joueurs mais les techniciens ne suivaient pas.

Mais je ne dis pas qu’ils étaient mauvais, parce qu’on dit au niveau du Burkina que ce sont les meilleurs. C’est comme à l’école, si tu te fixes des objectifs afin d’atteindre la terminale, il faut recruter des meilleurs professeurs qui vont t’encadrer.

C’est pour cela que nous avons recruté un nouvel entraineur qualifié avec une licence A4 pour mener le bateau à bon port prochainement.

L.I : Le club, depuis son retour de la campagne africaine, n’arrive plus à s’imposer en championnat national. Quel est le problème ?

Col Y.O : En tant président du club, la remarque que j’ai faite est que quand l’équipe fait face à une grande équipe, les joueurs se donnent à font. Mais lorsqu’il s’agit des clubs inférieurs à Salitas, ils s’amusent. Alors que ces petites équipes qui nous croisent se mettent tellement au sérieux et finissent par nous créer des problèmes.

Mais je pense que l’encadrement n’a pas fait son travail. Il fallait faire un travail psychologique et même physique. Parce que l’un dans l’autre nos joueurs ont disputé 12 matchs de plus que les autres. C’est des matchs rapprochés à chaque trois jours et les jeunes ne pouvaient pas tenir. A un certain moment, les autres clubs ont voulu profiter de la fatigue de Salitas pour espérer être champion.

Mais je leurs souhaite bonne chance pour qu’ils partent en campagne africaine. Ainsi ils vont comprendre la réalité du terrain. Et en ce moment, on pourra faire un bon règlement.

L.I : Comment expliquez-vous cet amateurisme ou ce manque de vigilance qui a amené la sanction du club par la CAF pour collaboration avec des sponsors non homologués ?

Col Y.O : La compétition coupe CAF est régie par des textes. Nous avions lu les textes. Avant le début de la compétition, les équipements, que nous avions porté, ont été communiqués à la CAF. Cela m’a étonné quand on nous a infligé une telle sanction.

Et j’ai même demandé des explications à mon secrétaire général. Il m’a fait ressortir la correspondance de la CAF qui nous a autorisé l’équipement que nous devrions porter. L’un dans l’autre, il y a des textes et dans ces textes il y a des non-dits.

Nous avons écrit à la CAF afin de mieux comprendre la sanction qui nous a été infligée parce que ce sont eux-mêmes qui ont donné l’autorisation de porter les maillots qui ont fait l’objet de sanction.

L.I : Vous vous êtes séparés de votre entraineur Ladji Coulibaly. Quelle ont été les vraies raisons ?

Col .Y.O : En réalité Ladji Coulibaly n’a pas été remercié. L’entraineur Ladji, avec son âge, ne tenait plus. C’est pourquoi nous avons préféré le décharger de l’équipe A pour le responsabiliser au niveau de l’encadrement des jeunes. Son adjoint Ambasse Ouédraogo a été remercié par manque de qualificatif afin de continuer en première ligne. En plus de cela, il n’arrivait pas à distinguer son rôle d’entraineur face aux joueurs, il se comportait comme un joueur et non un entraineur.

Certes, ils ont eu un niveau pour conduire l’équipe en matchs de poules, mais une chose aussi a été de trouver un entraineur qui doit conduire l’équipe en demi-finale. Concernant Ambasse, je ne dis pas qu’il est mauvais car il a fait des prouesses que certains entraineurs qui ont plus de diplômes n’ont pas fait. Il doit travailler à renforcer sa capacité.

L.I : Malgré la qualification des Étalons à la CAN, leur jeu n’a pas été convaincant pour un certain nombre d’observateurs. Quel commentaire faites-vous sur la question ?

Col Y.O : j’ai assisté à tous les matchs des Étalons lors des éliminatoires, mais le jeu n’était pas du tout ce qu’on attendait. L’équipe peut mieux faire parce que ce que nous avons vu ne reflète pas le jeu des Étalons que nous avons connu. Moi particulièrement je connais l’équipe depuis 2013.

Cela peut s’expliquer par le choix des hommes. J’ai toujours dit que le football ne ment pas. Quand les anciens sont fatigués, il faut laisser la place aux jeunes. Sinon nous risquons de pleurer.

L.I: Le Burkina Faso a vu tous ses stades suspendus par la CAF pour non homologation. Quel sentiment vous anime à ce sujet en tant qu’ancien ministre en charge des Sports ?

Col Y.O : Un sentiment de mécontentement, parce que tu ne peux pas être heureux de voir ton stade suspendu. Ce sont des décisions qui ont été prises récemment. Je pense que des dispositions ont été déjà prises pour y remédier.

Les stades de Thiès au Sénégal et Porto-Novo au Bénin, où nous avons joué nos matchs de la campagne africaine, ne peuvent pas se comparer à notre grand stade du 4-Aoû,t même au niveau des vestiaires. C’est parce qu’ils ont juste posé des chaises sur tout le terrain sinon il n’y a pas de comparaison.

Au niveau de la CAF, il y a aussi une certaine politique qu’il faut dénoncer et c’est aux présidents des fédérations de le faire car ils sont plus en contact avec la faîtière. Il faut les interpeller par rapport à ses comparaisons.

 L.I: Quel regard portez-vous sur les clubs burkinabè et le niveau du championnat national ?

Col Y.O : Le niveau du championnat national est très élevé. J’ai tourné un peu partout dans la sous-région mais le niveau du Fasofoot est meilleur. Je prends l’exemple sur le championnat ivoirien qui est une référence que je suis souvent sur des chaines de télévisions étrangères, mais nous ne les envions pas.

A juste regarder un coup d’œil sur le classement actuel de notre championnat, l’on saura que le niveau est élevé. Mais nous pouvons toujours mieux faire. Il suffit aussi de mettre une bonne subvention à la disposition des clubs. Il faut vraiment un bon accompagnement de la part des instances dirigeantes de notre football. Cela pourrait aider les clubs à faire des bons recrutements.

L.I: L’indiscipline et la violence sur les arbitres dans les stades ont émaillé les matchs du Fasofoot cette année et continuent malgré des sanctions. Un commentaire sur la question ?

Col Y.O : Je suis contre l’indiscipline et la violence dans les stades et sur les arbitres. Parce que sans arbitre il n’y aura pas de football. Les arbitres sont aussi des humains. Ils peuvent se tromper mais la passion ne doit pas dominer. Il faudra qu’au niveau de la fédération, une sanction sévère soit prise pour tout supporteur indiscipliné et les acteurs de football qui ne respecteront pas le règlement dans nos stades.

L.I : Quelle est aujourd’hui, l’état de vos relations avec le président la Fédération burkinabè de football, Lazare Banssé ?

Col Y.O : J’ai toujours eu de très bonnes relations avec Lazare Banssé qui ne datent pas d’aujourd’hui. Je l’ai connu depuis 1996 quand il prenait la tête de la Centrale d’achats des médicaments essentiels génériques (CAMEG).Nous avons gardé de très bonnes relations jusqu’à présent. Pendant la campagne à l’élection du président de la FBF, il m’a informé qu’il était candidat mais je lui avais dit que j’ai accordé mon soutien à Hamado Traoré. Cela n’a pas entaché notre relation. Et lorsqu’il a été élu président de la FBF, je suis allé le soutenir à son investiture en tant qu’ami et non pas en tant que responsable de Salitas. En un mot il n’y a pas de nuages entre Lazare Banssé et moi.

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