La justice Burkinabè a ouvert le procès de contrebande de carburant, le mardi 26 octobre 2021 au tribunal de grande instance de Ouagadougou. À l’ouverture de cette première audience, les avocats de la défense ont demandé une mise en liberté provisoire pour leur client. Après plusieurs heures de débats, le tribunal n’a accédé qu’à deux requêtes, la libération des frères Abdoul et Razack Sawadogo et le procès a été renvoyé au 16 novembre 2021.
La fraude de carburant a pris de l’ampleur avec la fermeture des frontières et la réduction du trafic. Seules les marchandises passent. Il est plus facile pour les douaniers de laisser passer des produits fraudés, parce que personne passe. Une fois sur le territoire du Burkina, le carburant est stocké dans les cours, dans les grandes villes comme Fada N’Grouma (chef lieu de la région de l’Est), Koupéla (chef lieu de la province du Kouritenga, région du Centre-Est), Ouagadougou (région du Centre) .
Mais ce Carburant est exclusivement commandé par la Société nationale Burkinabè d’Hydrocarbure (SONABHY). La société nationale d’Hydrocarbure accorde souvent des dérogations à des privés, surtout les sociétés minières. Les importations sont soumises à son autorisation.
Me Paul Kéré l’un des avocats de la défense, trouve que si ce trafic existe, c’est parce que la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) est la seule qui a le droit de commander le carburant.
L’avocat de la défense ajoute que si la contrebande de carburant prend de l’ampleur, c’est parce que la SONABHY n’arrive pas à satisfaire les besoins des populations. « Chacun de nous sait que la SONABHY qui a le monopole depuis de longues dates, n’arrive pas à satisfaire l’intégralité du territoire national ». Selon Me Kéré, à la reprise de l’audience le 16 novembre prochain les avocats doivent évoquer le monopole de la SONABHY. « Donc ce sera une tribune pour les avocats de dire que la SONABHY ne peut pas continuer à bénéficier de ce monopole », indique t-il.
L’État doit libéraliser le système d’essence comme au Mali, poursuit Me Kéré. « On voit les citernes maliennes traverser le Burkina pour aller soit au Bénin, soit au Togo, soit au Nigeria pour ramener du carburant »,explique Me Paul Kéré.
Le procès de contrebande de carburant ouvert le mardi 26 octobre 2021 au Tribunal de grande instance de Ouagadougou a été renvoyé au 16 novembre 2021 à la demande des conseils et du ministère public. Ils estiment que le dossier n’est pas prêt en l’état pour être jugé. Sur 72 personnes interpellées au départ, ils sont désormais 47 personnes poursuivies dans le cadre du flagrant délit pour contrebande aggravée et mis en danger de la vie d’autrui.