Connu pour la vente du pain fourré aux brochettes depuis 2007, Adama Tapsoba est aujourd’hui, à force d’abnégation et de persévérance, une référence dans son domaine d’activité. A la tête de Adam’s pain bro, une entreprise qui fait travailler et vivre une centaine de jeunes, le roi du pain bro de Zogona (quartier de la capitale ou l’aventure a débuté), a eu un parcours exemplaire dans l’entreprenariat qui pourrait servir de modèle aux jeunes burkinabè déscolarisés ou non de la génération présente. Zoom sur un success story aussi croustillant que le pain de son fondateur.
Par Rahinatou Maiga, stagiaire
Un entrepreneur né
Depuis sa tendre enfance, Adama Tapsoba a la persévérance chevillée au corps. Alors qu’il était en classe de CE2, le jeune doué en art plastique exploitait ses dons en dessinant gracieusement pour ses camarades.
Plus porté à la vie active, le cursus scolaire de ce natif de Zorgho a tourné court.
Après avoir abandonné définitivement les études en classe de 5e par manque de moyens des parents, il se mit à offrir ses services comme dessinateur pour les cahiers de présentation des élèves du primaire, cette fois, moyennant une petite somme d’argent. C’est le début de l’aventure entrepreneuriale.
Adama Tapsoba, aujourd’hui âgé de 34 ans, marié et père de trois enfants, a su mettre ses qualités artistiques au service de l’entrepreneuriat. Entre le dessin et la restauration, il n’y a eu qu’un pas que le jeune et ambitieux Adama Tapsoba n’a pas hésité à franchir avec l’aide de sa famille.
Abandon d’un rêve pour un autre
Né d’un père bouché qui commerçait également de la viande grillée, Adama Tapsoba marchera dans les pas paternels. Il abandonna la calligraphie pour aider davantage son père dans ses activités.
C’est de là que naît en lui l’idée de la vente du pain accompagné de brochettes que les Ouagalais affectionnent dans les cours de récréation et à la pause durant les heures de service. L’appellation « Adam’s pain bro » s’impose petit à petit aux clients car il aimait déjà écrire « Adam’s » sur la table de vente de son père.
Et c’est lorsqu’il a décidé de se lancer à son propre compte qu’il ajouta le « pain bro ». Bro pour brochette, explique-t-il fièrement. Mais la création de Adams pain bro, n’a pas été un long fleuve tranquille.
Persévérance, courage et patience
Comme tout début, Adama Tapsoba dans son chemin vers l’autonomisation, a subi à maintes reprises les coups de la vie mais, a su se relever et poursuivre la voie qu’il s’était choisi « Au début c’était un peu compliqué.
Il y avait des moments où lorsque je vendais aujourd’hui, le lendemain je ne sortais pas car je n’avais pas l’argent nécessaire pour acheter ce qu’il fallait. Je n’arrivais pas à rentabiliser. J’avais voulu abandonner car c’était vraiment difficile.
A ce moment aussi, je travaillais avec deux personnes, qui un jour, m’ont abandonné sans m’informer parce que je n’arrivais pas à les rémunérer convenablement », confia-t-il.
Aujourd’hui, son courage, sa patience mais surtout la volonté de Dieu, comme il le dit, l’ont permis d’être le propriétaire d’une entreprise qui compte vingt (20) annexes de vente, avec au total 85 employés et un chiffre d’affaire sur lequel l’homme d’affaire est taiseux car Monsieur Tapsoba n’a « jamais eu l’idée de totaliser » ce qu’il avait comme bénéfice ou encore ce qu’il déboursait dans son activité.
Avec le triomphe modeste, et à l’endroit des jeunes, il conseille que « dans tout ce que nous faisons, nous devons avoir du courage et de la patience. Parce que si on est pressé ça ne pourra pas marcher.
De nos jours, la plupart des gens sont pressés d’atteindre le haut niveau. J’ai débuté avec des amis, mais qui aujourd’hui ont abandonné malgré qu’au début leurs affaires marchaient bien. S’ils ont abandonné, c’est par manque de courage. S’ils avaient continué, ils auraient peut-être fait mieux qu’hier. »
«A tous ces jeunes qui se battent dans l’entrepreneuriat, je leur souhaite beaucoup de courage. En toute chose il y a des risques, mais tant qu’on n’essaie pas, on ne saura pas si ça allait être bien pour nous ou pas », conseille-t-il en homme averti aux jeunes désireux d’entreprendre.
C’est peut-être pour cette raison que le roi du pain aux brochettes, loin de dormir sur ces lauriers, a encore des ambitions plein-la-tête avec un sens aigüe du respect de la clientèle et du management.
A la fois bon commerçant et bon patron
Lorsqu’on évoque la question du sandwich de « Adam’s pain bro » tous ceux qui en ont eu l’expérience en conviennent : c’est le meilleur de tous, avec un cadre convivial et très hygiénique.
Aussi réputé pour son humilité et son respect pour autrui, M. Tapsoba a su garder une place dans le cœur de ses clients
« A Ouagadougou je n’ai pas encore trouvé quelqu’un qui l’égale. Adam’s obtient la palme d’or. Et ce qui fait que les clients de Adam’s lui sont restés fidèles, c’est qu’il valorise la clientèle. Il sait en fait que le client est roi et il l’inculque à ses employés », confie Heidi Kaboré, une cliente depuis 2012.
C’est également l’avis du couple Baziomo, tous deux clients du jeune entrepreneur depuis 2014 qui s’émerveillent toujours de ses innovations :« Il aime surprendre ses clients en changeant la peinture, la décoration de la salle et fait souvent de petits cadeaux aux clients.
De plus, ce qui nous a le plus marqué c’est l’hygiène dans son service et son sérieux dans ce qu’il fait depuis des années. C’est ce qui nous motive à venir à chaque fois. »
Il n’y a pas qu’aux yeux des clients que M. Tapsoba Adama a de l’estime. Il est beaucoup admiré et respecté par ses employés qui le considèrent tantôt comme « un grand frère », tantôt comme « un père ».
Elodie Nana, une de ses employés depuis maintenant deux ans déclare qu’« Il est adorable. Il est parfois dur, mais on comprend. Il faut qu’il soit un peu sévère pour que nous fassions bien notre travail. A part cela, c’est une bonne personne qui nous respecte, joue avec tout le monde et rémunère bien ses employés.
Voir toujours plus loin
Adama Tapsoba ne compte pas s’arrêter là. Il ambitionne créer une boulangerie-pâtisserie à son nom, afin de proposer plusieurs menus mais aussi se lancer dans d’autres secteurs autre que la vente du pain bro. Une idée qui n’est à la simple interrogation de « qu’est que je vais faire ?»
Pour faire profiter de son produit à d’autres personnes que les ouagalais, il envisage également étendre son activité à Bobo Dioulasso et à Koudougou. Le problème néanmoins qui se pose, c’est la place pour s’installer, a-t-il affirmé.