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Gestion pacifique des conflits locaux : les Ancêtres, Allah et Jésus Christ pour la paix dans le Nord

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Le pays des hommes intègres est victime d’actes terroristes depuis janvier 2015. Plusieurs régions du pays dont celle du Nord, enregistrent des attaques à répétition. Ces barbaries indescriptibles mettent en berne les activités socioéconomiques et même la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans les localités touchées. Wanep (West Africa Network for Peacebuilding) Burkina, leader dans la prévention et la gestion des conflits et ses partenaires, à travers le programme « Alerte précoce et la prévention des conflits », ont initié une formation du 26 novembre au 13 décembre à l’intention de quatre communes de la région du Nord que sont : Banh ; Kain ; Sollé et Thiou. L’objectif étant de renforcer le vivre-ensemble et la cohésion sociale dans la région. La cérémonie de clôture est intervenue ce samedi, 14 décembre 2019 à Ouahigouya.

La cérémonie de clôture de l’atelier de formation des structures locales d’intercession et de médiation sur l’analyse de conflits, les techniques de dialogue et de médiation inter et intra-communautaire, le monitoring et l’alerte précoce et les droits de l’homme ; s’était apparentée à une grande cérémonie de réconciliation nationale. C’était dans la salle de conférence de la mairie de Ouahigouya. Hommes, femmes, jeunes, autorités coutumières, religieuses, communales, provinciales, régionales et des personnes ressources dont l’Ambassadeur Filippe Savadogo, étaient tous là. D’entrée de jeu, une prière collective pour la paix et la cohésion sociale dans le pays, est prononcée par chacun des représentants des autorités coutumières et religieuses. Tour à tour, Harouna Zoromé, chef des forgerons ; Jean de Dieu Ouédraogo, catéchiste et Etienne Bagagnan, représentant de la communauté protestante, ont invoqué les ancêtres, Allah et Jésus Christ pour la paix et la cohésion sociale dans la région du Nord mais aussi, pour le bon déroulement de la cérémonie. C’était émouvant et une dame dans l’assistante de lancer « Je suis dépassée. Nous n’avons pas de problème de religions. Mais d’où nous vient ce sort ? », se demande-t-elle tant tous, à travers ces prières, se voyaient comme une seule famille, réunie pour construire une maison familiale ; où chacun apporte de quoi édifier la maison.

La paix, c’est l’autre nom du développement

La situation d’insécurité dans la région du Nord n’est guère reluisante. Elle se dégrade au fil du temps. D’où l’urgence d’impliquer tous les habitants dans la résolution du problème. Pour wanep, la bonne implication peut être le renforcement des capacités des acteurs communautaires pour la culture et promotion de la paix, la prise en compte des membres des structures locales comme partie prenante dans la prévention et la gestion des conflits, etc. Cet idéal qui guide les interventions de Wanep dans la gestion précoce et prévention des conflits, a été évoqué dans la plupart des interventions de cette fin de formation déroulée du 26 novembre au 13 décembre 2019 à Ouahigouya.

Ainsi, dans son discours de bienvenue, le représentant du maire de la commune de Ouahigouya, s’est réjoui du bon déroulement de cette formation très bénéfique pour la province du Yatenga et de la région du Nord, en ce sens qu’elle permettra au cent personnes bénéficiaires, d’être des ‘’gardiennes’’ et des ‘’propagatrices’’ de paix, de cohésion sociale et du vivre-ensemble dans la région.

« Chaque fois que nous allons nous asseoir ensemble, réfléchir ensemble, nous pouvons faire face à toutes les difficultés du monde », se convainquait l’Ambassadeur Filippe Savadogo, le représentant du président du Conseil d’administration de Wanep Burkina, qui a emprunté les mots d’un slameur pour introduire son intervention. Pour lui, la longue période de formation sur l’analyse des conflits, les techniques de dialogue et de médiation, mais surtout en alerte précoce, sont des choses que l’on sait, qu’on enseigne dans les familles et au niveau de la foi. Et mieux, ce sont des choses que « nos ancêtres ont toujours faits, c’est ce que nos religions nous ont toujours enseignés ».

Pour l’ex-ministre de la culture, il y a des Yarsé musulmans, des mossé qui sont toujours dans le culte de la tradition, pour signifier que l’homme ne vit pas que dans la tranquillité, il doit aussi vivre dans la cohésion sociale. Prenant l’exemple de la guerre du Libéria, il rappelle « comment quelques fois, ne pas regarder dans la même direction peut apporter des difficultés. »

Pour le président du ‘’Dialogue sans Frontière’’, la forte participation des acteurs pendant la session de formation témoigne pour lui, du crédit accordé par chaque participant au développement de la région et du pays ; et que la paix, c’est aussi l’autre nom du développement. Il a terminé son propos en remerciant le programme des Nations-Unies pour le Développement, le PNUD, qui ont accepté d’accompagner le Wanep mais surtout les autorités de la région du Nord, qui ont rendu possible les trois semaines de formation des différentes structures.

Le représentant du gouverneur, de la région du Nord, Issouf Sawadogo, a, quant à lui, rappeler que chacune des quatre communes que sont Banh, Kain, Sollé et Thiou qui a participé à cette session de formation, a été au moins une fois victime d’attaque terroriste. Le but de ces hommes sans foi ni loi, étant de semer la discorde entre l’État et ses citoyens et même entre les citoyens. Le Burkina Faso étant le pays du sahel où la cohésion sociale et le vivre-ensemble sont toujours préservés, « nous devons cultiver ces valeurs que sont la tolérance, le respect du bien commun, l’honnêteté, le courage, la solidarité, qui sont l’héritage de nos ancêtres, qui garantit notre avenir en tant que nation. ».  C’est pourquoi, « nous devons travailler à restaurer l’autorité de l’État, à participer à la construction de la nation dans un dialogue franc et sincère », a-t-il conclu.

Une formation qui participe au renforcement de la résilience des populations

Les participants à la formation ont témoigné que les thématiques étaient en lien direct avec l’actualité. Les communications ont porté sur les notions de conflits, comment les comprendre et les analyser, comment faire la médiation, quels sont les mécanismes personnels et modernes d’anticipation et de gestion des conflits.  Il y a également des thématiques sur les droits humains et les conflits, le genre et les conflits, les facteurs de risques et les indicateurs de l’extrémisme violent en lien avec la cohésion sociale, des exercices pratiques et des simulations. Pour le maire de la commune de Sollé, représentant les maires des quatre communes bénéficiaires, les communes vivent le même problème, l’insécurité. La cible est donc atteinte selon lui, et il recommande que les problèmes soulevés au cours de la formation soient déclinés en plan d’action pour mieux les traiter. « Sans la paix, nous ne pouvons pas faire le développement. » Et d’espérer que les activités de Wanep et ses partenaires soient pérennes pour consolider les actions déjà entreprises pour le bonheur des populations. Car cela participe « au renforcement de la résilience des communautés qui ont subies des chocs et qui ont besoin d’être accompagnées dans la poursuite de leurs activités », a-t-il souligné.

Les participants ont recommandé pour résoudre les problèmes d’insécurité, la prise de conscience collective sur la situation de sécurité qui doit être l’affaire de tous, la mise en place des cellules de paix au niveau local, le soutien financier du PNUD pour soutenir les différentes cellules de paix dans les différentes communes et la poursuite du renforcement de capacités des acteurs sur le terrain par Wanep.

Pour mémoire, West Africa Network for Peacebuilding (WANEP) Burkina, est une organisation de la consolidation de la paix régionale fondée en 1998 en réponse à des civiles qui ont ravagé l’Afrique de l’Ouest dans les années 1990. Il est présent dans plus de 16 pays de l’Afrique de l’Ouest avec plus de trente ans d’expérience et de collaboration. Le projet « Gestion pacifique des conflits locaux dans les régions du Sahel et du Nord », qu’il exécute conjointement avec le PNUD et le HCR, s’inscrit dans un ensemble de programmes financé par le Peacebuilding Funds du système des Nation-Unies.

Siébou Kansié de rétour de Ouahigouya

Encadré

Avis de quelques participants

Michaelou Diallo : « Cette formation a été très importante pour nous. Pendant ces trois semaines, nous avons eu l’occasion de bénéficier de la part de nos formateurs, un peu des connaissances liées à plusieurs thématiques en liaison avec la notion de la paix de façon globale. On n’a pas reçu des recettes qui permettent d’éviter les conflits. Ce qu’on a reçu, c’est beaucoup plus comment lire les signes des conflits, comment s’y prendre pour les atténuer, comment faire pour anticiper pour que quand ils vont venir, pour qu’on puisse les gérer.

 La lecture des signes de conflits, c’est simplement observer le comportement des uns et des autres, voir ce qui est habituel et inhabituel, quels sont dans l’environnement, les éléments qui nous entourent, ce qui est ordinaire, qu’est-ce qui parait un peu extraordinaire ? Qu’est-ce qui peut susciter une inquiétude ? Qu’est-ce qui peut augurer un problème dans le court et long terme ? Voilà un peu ce qu’on a vu.

Quand on a les signes, il faut tout de suite prendre les dispositions comme se concerter, attirer l’attention des uns et des autres, anticiper sur les prémices qui peuvent déboursés sur des problèmes. Communiquer avec beaucoup de tacts et de diplomatie, toucher les personnes ressources qui peuvent être des acteurs directs et indirects ou ce qui peut constituer des raisons qu’on peut tout de suite éteindre. Et on s’est exercée sur des exercices d’analyses, de médiation en cas de conflit, etc. « 

Salimata Ouédraogo : « En tout cas, nous avons appris beaucoup de choses pendant cette formation. Nous avons appris comment il faut résoudre un conflit sans prendre partie. Ce que nous avons appris, nous pouvons le partager avec ceux qui sont au village et qui n’ont pas pu venir ici. »

 

Siébou Kansié,de retour de Ouahigouya

www.libreinfo.net

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