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Afrique : la fortune des sept Africains les plus riches 

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Les sept Africains les plus riches ont une fortune supérieure à la moitié la plus pauvre de la population du continent.

Les 1 % les plus riches d’Afrique possèdent près de la moitié de la richesse financière totale du continent.

Une taxe de 5 % sur la fortune des ultra-riches africains pourrait générer un montant annuel de 11,9 milliards de dollars, soit presque assez pour répondre aux besoins humanitaires de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe en 2023.

Oxfam appelle à une nouvelle ère d’action publique, incluant les services publics, la régulation des entreprises, le démantèlement des monopoles et l’instauration d’impôts permanents sur la fortune et les bénéfices excédentaires.

Le nouveau rapport d’Oxfam sur les inégalités et le pouvoir mondial des entreprises révèle que les sept hommes les plus riches d’Afrique possèdent plus de richesses (52 milliards de dollars) que les 700 millions de personnes qui constituent la moitié la plus pauvre de la population du continent.

À l’heure où l’élite économique se réunit à Davos, le rapport « Multinationales et inégalités multiples » publié aujourd’hui, révèle que sept des dix plus grandes entreprises mondiales, dont plusieurs ont une présence significative en Afrique, ont un PDG milliardaire ou un milliardaire comme actionnaire principal.

La valeur totale de ces entreprises s’élève à 10 200 milliards de dollars, ce qui équivaut à près de quatre fois le PIB combiné de tous les pays d’Afrique.

« Nos économies truquées profitent aux ultra-riches alors que les gouvernements peinent à fournir des services publics essentiels, tels que les soins de santé et l’éducation, à la population africaine.

Les gouvernements doivent intervenir et veiller à ce que les entreprises cessent de pressurer les travailleurs et travailleuses, d’éluder l’impôt et de piller notre planète dans leur quête de profits massifs. Si rien n’est fait, ces entreprises continueront à creuser le fossé des inégalités », a déclaré Fati N’zi-Hassane, directrice d’Oxfam en Afrique.

La montée en flèche des richesses extrêmes s’est consolidée ces trois dernières années tandis que le niveau de pauvreté dans le monde est toujours le même qu’avant la pandémie.

La fortune des cinq hommes les plus riches du monde a plus que doublé depuis 2020, passant de 405 milliards de dollars à 869 milliards de dollars (à un rythme de 14 millions de dollars par heure), tandis que cinq milliards de personnes se sont appauvries.

La fortune d’un multimilliardaire pourrait dépasser les 1 000 milliards de dollars dans environ dix ans si la tendance actuelle se maintient, tandis que la pauvreté ne sera éradiquée que dans 229 ans.

La fortune des milliardaires a augmenté de 3 300 milliards de dollars depuis 2020, à une vitesse trois fois plus rapide que celle de l’inflation.

Alors qu’ils ne représentent que 21 % de la population mondiale, les pays riches du Nord détiennent 69 % des richesses mondiales et abritent 74 % des richesses des milliardaires du monde.

Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, détient un « quasi-monopole » sur le ciment au Nigeria. Il possède Dangote Cement, qui a bénéficié de marges bénéficiaires parmi les plus élevées au monde sur le ciment (45 %), tout en payant un taux d’imposition de 1 % sur 15 ans. Les Africains paient le ciment plus cher qu’ailleurs dans le monde.

Au Nigeria, Aliko Dangote, possède plus de richesses que la moitié la plus pauvre des Nigérians (109 millions de personnes). Abdulsamad Rabiu, le deuxième homme le plus riche du pays, a augmenté sa fortune de 29 % depuis 2020, tandis que les 99 % les plus pauvres se sont appauvris.

L’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire au monde. La richesse combinée des milliardaires sud-africains a augmenté d’un tiers depuis 2020, tandis que les 99 % les plus pauvres se sont appauvris.

Les quatre milliardaires les plus riches du pays possèdent autant de richesses que les 60 % les plus pauvres de la population (36 millions de personnes).

Les 125 Kenyans les plus riches possèdent plus de deux fois plus de richesses que la moitié inférieure, soit 27 millions de personnes. Les 1 % les plus riches possèdent 57,6 % du patrimoine financier total du pays.

Le seul milliardaire du Zimbabwe a augmenté sa fortune de près de 40 % depuis 2020.

En outre, le rapport d’Oxfam révèle que la guerre contre la fiscalité menée par les entreprises a permis de réduire l’impôt effectif sur les sociétés de près d’un tiers au cours des dernières décennies. Pendant ce temps, les entreprises n’ont eu de cesse de privatiser les services publics et ont notamment ségrégué l’accès à l’éducation et à l’eau.

Les pays africains sont presque deux fois plus dépendants que les pays de l’OCDE des recettes de l’impôt sur les sociétés pour financer leurs dépenses publiques.

On estime à 200 milliards de dollars la perte annuelle due à l’évasion fiscale des entreprises et les pays du monde majoritaire ont tendance à en subir les conséquences de manière disproportionnée.

Dans le monde entier, les personnes travaillent plus dur et plus longtemps, souvent pour des salaires de misère dans des emplois précaires et dangereux.

Près de 800 millions de travailleurs et travailleuses, dont les salaires n’ont pas suivi l’inflation, ont perdu 1 500 milliards de dollars au cours des deux dernières années, ce qui représente environ un mois (25 jours) de salaires perdus pour chaque travailleur ou travailleuse.

« Les gouvernements africains n’ont pas besoin de magie pour créer une Afrique plus égalitaire. Ils doivent simplement faire leur travail. Ils doivent fermer une fois pour toutes le bar ouvert du pillage des ressources, briser les monopoles, taxer les ultra-riches et utiliser ces ressources pour investir dans des politiques de réduction des inégalités », a déclaré Mme N’zi-Hassane.

Oxfam appelle les gouvernements à réduire rapidement et radicalement le fossé entre les ultra-riches et le reste de la société grâce aux mesures suivantes :

Revitaliser l’État. Un État dynamique et efficace est le meilleur rempart contre le pouvoir extrême des entreprises.

Les États doivent garantir des services universels de santé et d’éducation, et travailler à la mise en place d’un service public fort dans des secteurs allant de l’énergie au transport.

Contenir le pouvoir des multinationales, notamment en démantelant les monopoles et en démocratisant les règles en matière de brevets.

Cela passe aussi par la mise en place d’une législation qui garantit des salaires décents, le plafonnement des salaires des PDG, et l’instauration de nouvelles taxes pour les ultra-riches et les multinationales, notamment des impôts permanents sur la fortune et les bénéfices excédentaires.

Oxfam estime qu’un impôt sur la fortune pour les millionnaires et les milliardaires du monde entier pourrait rapporter 1 800 milliards de dollars par an.

Réinventer le monde des affaires. Les entreprises compétitives et rentables ne doivent pas être entravées par une course aux profits alimentée par les actionnaires.

Les bénéfices sont partagés de manière plus égalitaire dans les entreprises suivant un modèle de gouvernance démocratique.

Si seulement 10 % des entreprises américaines étaient détenues par leurs employé·es, cela permettrait de doubler la part de richesse des 50 % les plus pauvres de la population américaine et la richesse médiane des ménages noirs.

FIN

Notes aux rédactions

Téléchargez le rapport d’Oxfam intitulé « Multinationales et inégalités multiples » ainsi que la note méthodologique (en anglais).

Sur la base des données du UBS Global Wealth Report 2023, Oxfam a calculé que les sept Africains les plus riches, qui possèdent collectivement 52 milliards de dollars, disposent de plus de richesses que la moitié la plus pauvre de la population du continent, qui possède collectivement 49,6 milliards de dollars en 2022.

Il faudrait 229 ans (presque 230) pour garantir que plus personne ne vive en dessous du seuil de pauvreté de 6,85 dollars par jour fixé par la Banque mondiale.

Selon la base de données des perspectives de l’économie mondiale du FMI, le PIB combiné des économies africaines en 2023 est de 2 867 milliards de dollars.

Oxfam définit les superprofits comme ceux qui dépassent de plus de 20 % les bénéfices moyens générés entre 2018 et 2021.

Les données de la Banque mondiale ont montré par le passé que les Africains paient le ciment plus cher que les autres pays du monde.

Un impôt progressif sur la fortune des millionnaires et des milliardaires africains à un taux de 2 % sur la richesse nette supérieure à 5 millions de dollars, de 3 % sur la richesse nette supérieure à 50 millions de dollars et de 5 % sur la richesse supérieure à 1 milliard de dollars pourrait générer 14,3 milliards de dollars par an, soit presque assez pour répondre aux besoins humanitaires pour l’Afrique de l’Est et australe en 2023 (12,5 milliards de dollars).

D’après le World Bank Atlas of Sustainable Development Goals 2023, de la Banque mondiale, l’Afrique du Sud a un coefficient de Gini de 0,63.

Les quatre milliardaires les plus riches du pays, Johann Rupert et sa famille, Nicky Oppenheimer et sa famille, Patrice Motsepe et Koos Bekker, possèdent autant de richesses (22,5 milliards de dollars) que les 60 % les plus pauvres de la population (22,7 milliards de dollars).

Contact presse

Simon Trepanier | simon.trepanier@oxfam.org | +39 388 850 9970

Pour les mises à jour, suivez @NewsFromOxfam et @OxfaminAfrica 

 

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