Au Burkina, les investisseurs locaux s’investissent de plus en plus dans les mines depuis quelques années. Mais qui sont-ils? Zoom sur quelques uns.
Les Burkinabè aussi lorgnent l’or, enfoui dans les entrailles du sous-sol. Certains investisseurs locaux au Burkina manifestent de plus en plus un intérêt pour le secteur des mines . Ils n’hésitent pas à investir dans l’industrie extractive. Ce sont des hommes d’affaires à succès qui financent et rachètent des sociétés minières.
Lorsqu’on aborde des sujets relatifs aux investisseurs locaux, un nom revient presqu’à tout moment. Il s’agit de celui de Idrissa Nassa, fondateur du Groupe Coris Holding.
Avec son établissement financier Coris Bank International, l’homme d’affaires burkinabè finance les activités de nombreuses sociétés minières, que ce soit au Burkina ou dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal par exemple.
Cotée à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) et la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), cette banque a signé, en octobre 2021, un accord de financement de 95 millions de dollars US, soit 52,5 milliards de francs CFA, pour la construction de la mine d’or de Bomboré, appartenant à la société Orezone Gold Corporation, dans la province du Ganzourgou, région du Plateau-Central.
Idrissa Nassa et sa banque ne se sont pas arrêtés là. Bien au contraire ! En juin 2023, Coris Bank International et Sprott Resource Lending, l’un des principaux établissements financiers du secteur minier au monde, ont acquis le financement de la construction de la mine d’or de Kiaka, située dans la commune de Gogo, région du Centre-Sud. Coût de l’acquisition : 265 millions de dollars, soit environ 160 milliards de FCFA.
Rachats de mines
Lorsque la société minière Endeavour Mining a cédé sa participation de 90 % dans la mine de Karma (commune de Namissiguima, province du Yatenga, région du Nord, ndlr ) au consortium burkinabè Néré Mining, le nom de Idrissa Nassa a encore surgi.
À l’époque, en effet, c’est sa banque qui a assuré le rachat de la mine, pour un montant total de 25 millions de dollars, soit près de 15 milliards FCFA. Le consortium Néré Mining appartient à Idrissa Nassa et à Elie Ouédraogo, ancien président de la Chambre des mines du Burkina. Ce dernier est aussi un acteur majeur dans le domaine minier.
En plus de Idrissa Nassa et de Élie Ouédraogo, il y a aussi le Président et CEO de la Société Soleil Resources International (SRI) Limited, El Hadj Inoussa Kanazoé.
En avril 2025, cet homme d’affaires bien connu du grand public a annoncé la conclusion d’un contrat de vente et d’achat des actifs et intérêts de toute nature de la Société Fortuna Mining Corporation au Burkina.
En l’espèce, les actifs et intérêts en cause comprennent la société en exploitation RoxGold Sanu SA, détenteur du permis d’exploitation de la mine d’or de Yaramoko, située dans la province des Balé, ainsi que trois autres de ses filiales, a expliqué le Président Kanazoé qui citait Roxgold Burkina SARL, Roxgold Exploration SARL et Roxgold Boussoura SARL.
Dans son message, El Hadj Inoussa Kanazoé a fait savoir que Fortuna Mining Corporation (FMC) va recevoir un paiement d’un montant total d’environ 70 millions USD, soit plus de 40 milliards de francs CFA payable à la clôture de la transaction et l’accord prévoit, en outre, le paiement des dividendes pour l’exercice 2024 d’un montant d’environ 57,5 millions USD, soit plus de 33 milliards de francs CFA.
Sans oublier Simon Tiemtoré, le fondateur de Vista Bank, qui est aussi propriétaire d’une société minière dénommée « Lilium Mining ». On se rappelle que le 30 juin 2023, le canadien Endeavour Mining a annoncé avoir conclu un accord portant sur la vente de ses mines de Boungou (région de l’Est) et de Wahgnion (région des Cascades) à cette société productrice d’or junior axée sur l’Afrique.
En août 2024, le gouvernement burkinabè et les deux sociétés minières ont signé des conventions qui ont permis de mettre fin à un différend qui opposait Lilium Mining et Endeavour Mining et a permis à l’Etat de devenir acquéreur desdites mines. Le rachat a coûté environ 90 millions de dollars, soit plus de 52 milliards FCFA.
Parmi tous ces nationaux qui s’intéressent à l’exploitation minière au Burkina, il y a également Mahamadou Ouédraogo, le propriétaire de la Société SALMA MINING SA, qui a un site minier semi-mécanisé à Opor.
Ce site, qui existe depuis février 2021, est situé à cheval entre les provinces du Poni et du Noumbiel, précisément entre les communes de Gbomblora et de Legmoin, soit à environ 50 km de la ville de Gaoua, chef-lieu de la région du Sud-Ouest.
Sur ce même site, Mahamadou Ouédraogo détient le permis pour l’exploitation d’une mine industrielle dont la signature de convention est intervenue le 8 juin 2023.
Traitement du charbon fin
Si certains hommes d’affaires sont déjà dans l’exploitation minière, d’autres ont préféré se lancer dans le traitement des résidus miniers, notamment le charbon fin. C’est ainsi que GOLDEN HAND SA, une société d’économie mixte détenue à 40% par l’État burkinabè et à 60% par Joachim Marie Emmanuel Tapsoba, le promoteur, a vu le jour le 23 janvier 2024.
Onze mois après le lancement de ses activités, l’usine remet au gouvernement, le 10 décembre 2024, 44 lingots d’or, d’un poids total de 93,197 kilogrammes, issus des cargaisons de charbon fin de la mine d’Essakane, abandonnées au profit de l’État, à la suite d’un feuilleton judiciaire.
Les ressources minérales du Burkina, pierre angulaire de son économie, promettent un avenir radieux en ce sens que l’État a jugé nécessaire de promouvoir les investissements locaux. C’est dans cette lancée que le Secrétariat technique du contenu local et de la promotion des investissements (ST-CLPI) a été créé.
Il s’agit, pour les autorités du Burkina , de permettre aux investisseurs locaux de s’approprier les textes réglementaires en vigueur afin de pouvoir jouer leur partition pour une croissance inclusive, au service du développement économique et social à partir des mines .