L’initiation à la circoncision ou le «Keoogo» en langue locale mooré a repris dans le Plateau central. La première édition s’est tenue le 15 mai 2024, à la faveur de la journée des coutumes et traditions, où des initiés ont fait leur sortie officielle. C’était au cours d’une cérémonie culturelle en présence des autorités régionales dans le village de Soulogo, situé à 5 km de la ville au côté Est.
Débutée le 2 mai 2024, l’initiation à la circoncision ou le «Keoogo» en langue locale mooré, rite d’initiation, a pris fin le 15 mai 2024 avec la sortie officielle des initiés.
Cette initiative qui est de restaurer le «Keoogo» est du chef de Ziniare, sa majesté, Naaba Sanem, qui en donne les raisons: «Depuis mon intronisation, j’ai pris des engagements pour restaurer la tradition et les coutumes en perte de valeur».
Car, explique-t-il, l’abandon de la promotion de la culture et de la tradition « nous met en difficulté à travers des crises vécues.»
«C’est fort de cela, a-t-il dit, que je me suis lancé dans la restauration du Keoogo à travers cette 1ère édition».
Ainsi justifiée, l’initiation à la circoncision a repris dans le village Soulogo, situé à 5 km de Ziniaré dans le Plateau central.
Et à la faveur de la journée des coutumes et traditions, le 15 mai, les initiés au nombre de 20 enfants dont l’âge varie entre 5 et 10 ans ont été présentés suivis de leurs prestations de danse initiatique.
A cette occasion, Djibril Dakouré a expliqué le «Baaongo» (l’acte de la circoncision en langue locale mooré ) et a présenté l’équipe qui a conduit l’initiation.
Selon lui, les initiés ont eu des encadreurs adultes qui les ont guidés de telle sorte que tout s’est passé dans l’ordre et la discipline comme l’exigent les coutumes.
En outre, a-t-il dit, les initiés ont récité l’alphabet du «Keoogo» qui est réparti en quatre groupes. Il a indiqué que le premier comprend 40 sons, le second 20, le troisième 17 et le dernier 7.
De plus, il est ressorti de ses explications que le «Keoogo» (rite d’initiation de la circoncision) s’est déroulé pendant deux semaines dans un enclos entourant un raisinier. Il a deux compartiments dont la chambre et l’antichambre, a-t-il précisé.
La circoncision chez les Moosé
Quant à Bikienga Zakaria, un vieux Yarga et dépositaire de la tradition, il a expliqué l’historique de l’introduction de la circoncision « Baaongo», une pratique des Yarcés, chez les moosé.
Selon l’histoire qu’il a racontée: «Autrefois, il y a eu une des reines d’un Mogho Naaba, issue de la tribu des Yarcés qui revint en famille avec son fils. Ce dernier, malgré son statut de prince, a souhaité être circoncis par ses oncles qui s’étaient opposés.»
Dans sa narration, il a dit que c’est la maman du fils, elle-même, qui a convaincu ses propres parents, donc les oncles de son fils, le petit prince moaga, à accepter de le circoncire.
Une fois de retour dans la cour royale, a-t-il poursuivi, elle cacha l’information au roi, qui a fini par la découvrir.
Elle s’est expliquée et justifié l’acte et le roi la trouva sincère. Ainsi, il prit la decision d’introduire la circoncision chez les Moosés», a-t-il raconté
Sous la supervision de la direction régionale de la culture
C’est la direction régionale de la culture du Plateau Central qui a assuré la supervision des activités de ce rite initiatique depuis l’implantation du Keoogo le 25 avril 2025.
Pour Bernard Saba, directeur regional de ladite région, « je pense que les enfants initiés au Keoogo sont devenus aujourd’hui des adultes en esprit plus que certains adultes qui n’ont pas subi l’initiation», a-t-il déclaré.
Mais la cérémonie de la sortie officielle des initiés s’est effectuée sous la présidence de Assetou Sy Barry /Traoré, Gouverneur de la région du Plateau Central.
Elle a félicité et encouragé le promoteur tout en saluant l’initiative. «Nous avons découvert que le Keoogo est une vraie école à part où on apprend la vie et on enseigne des valeurs traditionnelles et morales aux initiés», a-t-elle déclaré.
«Si nous parvenons à exploiter les bonnes pratiques traditionnelles capables de soulager les populations, on aura une vie harmonieuse», a-t-elle ajouté.
Au nombre des 20 enfants initié, 17 sont restés au Keoogo, préférant perpétrer le rite initiatique de la circoncision.