L’« Association Koglweogo de Samandin » est engagée dans la lutte contre la consommation de la drogue et des stupéfiants au Burkina Faso, au-delà de la lutte contre le banditisme pour laquelle ce groupe d’autodéfense avait été créé au début. Située au secteur 5 de l’arrondissement 1 de la capitale burkinabè, Ouagadougou, elle mène également des actions de désintoxication des toxicomanes. Libreinfo.net a fait une immersion au siège de ce groupe d’autodéfense à la fin du mois octobre 2022.
Samandin est un quartier situé au cœur de la ville de Ouagadougou. Il est 16h lorsque j’arrive au siège de l’association des Kogleweogo dans ce quartier.
A l’intérieur, se trouvent deux bâtiments. A ma droite, c’est le dortoir des toxicomanes et la cellule des « voleurs » munie d’une grille. A ma gauche, sont dressés deux hangars. C’est dans cet endroit que des toxicomanes suivent des cures de désintoxication.
Monsieur Noufou Kaboré est le président de l’association “Kolweogo” de Samandin. Je le trouve, assis sur une chaise, entouré de quelques membres appelés « éperviers » symbole de leur association. A côté d’eux, quelques délinquants en détention, sont assis sur un long banc, les visages tristes.
C’est avec fierté que M. Kaboré m’explique comment ils se sont intéressés, au-delà du banditisme, à la lutte contre la consommation de la drogue et des stupéfiants, et particulièrement à la désintoxication des toxicomanes.
« C’est à cause de la souffrance des parents victimes désemparés de cette situation qui sont venus à nous et nous ont supplié de les aider dans l’éducation de leurs enfants consommateurs de drogue et de stupéfiants. »
Pour que les jeunes victimes accèdent au centre, il y a une procédure à suivre et des conditions à remplir, explique le responsable de l’association.
«Les toxicomanes sont librement conduits à leur siège par leurs propres parents. Ils ont obligation de s’impliquer dans leur prise en charge. Le malade vient avec une natte, une moustiquaire, un seau et une couverture. Nous l’enchaînons afin qu’il ne s’évade pas. Les parents assurent son repas journalier en versant un montant de 750 F CFA par jour à raison de 250F par repas (matin-midi-soir) et payables par mois soit au total 22 500 F. Il y a des restauratrices aux alentours du siège auprès desquelles ils se restaurent quotidiennement.», explique Noufou Kaboré
Le toxicomane est gardé pour son traitement, durant deux à trois mois en fonction de l’évolution de la situation. Il subit une privation de drogue et une cure de désintoxication avant d’être libéré en cas d’amélioration ou de guérison totale.
Le secret de la délivrance est simple, poursuit M. Kaboré : « C’est le fait de priver le toxicomane de toute consommation de drogue durant une certaine période qui lui permet de guérir. Mais, avant cela, nous avons une potion magique que nous lui faisons ingurgiter. C’est un produit mystique qui l’amène à vomir la drogue contenue dans son organisme. En plus du vomissement, il défèque également par la suite toutes les substances nocives contenues dans son corps. Après cela, il passe un mois privé de toute consommation de drogue puis il est guéri.»
Les toxicomanes sont de diverses catégories sociales et proviennent de toutes les localités du pays.
La désintoxication est toujours menée avec succès à en croire le chef Koglweogo. « Sur l’ensemble de toxicomanes reçus et soignés, très peu sont retombés dans cette débauche. Au bilan des deux ans d’existence de l’association, de 200 à 300 toxicomanes reçus ont pu être désintoxiqués et guéris. Parmi eux, il y a eu une quarantaine de femmes et de filles. Ceux ayant repris la consommation de la drogue sont au nombre de 4 ou 5 tandis que le reste a été traité avec succès » affirme M. Kaboré.
L’association vit cependant des difficultés, malgré ces efforts pour les surmonter déplore un autre membre : « Nous n’avons aucun soutien. Nous fonctionnons grâce aux cotisations et contributions des membres.»
Elle compte une vingtaine de membres aux rôles différents. M. Abdoulaye Ouédraogo, dit intervenir en qualité de « juge ».
Il explique davantage : « Pour un parent qui veut bien soigner son enfant atteint de toxicomanie, il doit suivre la procédure normale de la prise en charge instaurée et, ensemble, nous adoptons des attitudes et comportements permettant une cure de désintoxication efficace » dit-il.
A mon passage au dortoir des toxicomanes, il y avait une vingtaine de jeunes. Ils sont enchainés à de grosses et longues chaînes. Ils dorment à même le sol sur des nattes et sous des moustiquaires. Certains d’entre eux, rencontrés, m’ont dit être contents.
C’est le cas, par exemple, d’Ibrahim, (nom d’emprunt). Agé de 25 ans, il dit être joueur de football. Ses lèvres sont rouges, ses yeux blanchâtres, un peu enfoncés.
Il est à son deuxième mois de désintoxication. Il mâche un instant ses lèvres. C’est avec regret qu’il nous explique, le visage triste et plein de regret, comment il s’est retrouvé dans la toxicomanie : « C’est la mauvaise fréquentation, la mauvaise compagnie, les mauvais amis. Ce sont des erreurs de jeunesse que je ne compte plus recommencer.»
Il est maintenant visiblement guéri. Chaque matin, il affirme faire son sport quotidien. Il ne cache pas sa joie : « Je suis content d’être là car mon passage chez les “Koglweogo” de Samandin m’a permis de me “ressourcer” puis de me relancer parce que j’ai eu la santé.»
Il y a eu un cas épatant. C’est celui d’Elie (nom d’emprunt). C’est un jeune élancé de 24 ans. Il est dans son deuxième mois de désintoxication. C’est en compagnie d’un autre camarade, tous deux bien enchainés, qu’il s’est confié à moi, le visage souriant : « A mon arrivée, j’étais méconnaissable et j’avais totalement perdu du poids. Mais, aujourd’hui, j’ai grossi. Maintenant, je me sens mieux après la cure de désintoxication que j’ai subie ».
Il dit être tombé dans cette situation à cause d’une mauvaise compagnie. Auparavant, il menait une vie de fonctionnaire. Aujourd’hui, le jeune Elie trouve que la toxicomanie détruit la vie des jeunes qui s’y retrouvent.
Un autre jour, toujours au siège de l’association, j’ai également rencontré M. Kouraogo, un commerçant. Il est venu rendre visite à son fils interné depuis trois mois. Une joie immense l’animait. Il n’hésitait pas à exprimer sa totale satisfaction. « L’aveugle n’avait besoin de rien d’autre que de la vue. Je suis très satisfait » s’exclame-t-il.
Avant l’intégration de son enfant dans ce centre de traitement, il l’avait déjà conduit dans d’autres lieux mais sans succès. Il dit se souvenir toujours de l’état piteux dans lequel son fils était alors : « Lorsque mon fils arrivait ici, quand tu le voyais, c’était désolant, c’était grave. Mais aujourd’hui, c’est lui-même qui prépare le thé pour les “Koglweogo”. Il se réveille à 6 h, souvent à 5 h, pour balayer la cour, laver les véhicules et motos et nettoyer la terrasse, toute chose qu’il n’arrivait pas à faire à domicile. De cela, il faut rendre grâce à Dieu. Aujourd’hui, Dieu merci, il est délivré.
C’est lui-même qui avait conduit volontiers son fils dans ce centre. A cette période-là, ce dernier avait fui le domicile familial deux semaines durant. Avant cette étape, il avait auparavant échangé à deux reprises avec les “Koglweogo”.
Il dit apprécier le travail de ce groupe d’autodéfense qu’il juge formidable: « Dans leurs conditions, il est interdit au pensionnaire toute boisson alcoolisée. Dans la sauce des repas, on ne met pas de la viande. Chaque jour, il ne se restaure seulement qu’avec 750 F CFA».
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