Le Burkina commémore ce 30 octobre 2020,le sixième anniversaire de l’insurrection populaire. Les actions de commémoration sont multiformes, des offices religieux au dépôt de gerbe et des discours etc. Cependant, le principal point des attentes reste la justice. Six ans après, la justice demeure un mystère. Qui a donné ordre de tuer ces personnes qui ont payé au prix de leur vie pour la démocratie et l’alternance? Bien malin qui saura répondre car la justice est totalement au point mort. Libreinfo.net a rencontré l’un des avocats du dossier, Maitre Prosper Farama, dans une interview(qui sera publiée samedi 31 octobre) il s’étonne du silence assourdissant de ce dossier et pense même à des implications politiques.
Par La Rédactions
Aussi curieux que cela peut paraitre, le dossier de l’insurrection populaire n’a toujours pas connu de jugement alors que le président du Faso annonce une réconciliation nationale dès le premier semestre de l’année 2021 s’il est réélu. Il est difficile aujourd’hui d’identifier les bourreaux ou les suppliciés du 30 octobre 2014. Ces gens ont payé le prix fort pour la consolidation de la démocratie, l’Etat de droit et l’alternance au Burkina mais rien n’y fit pour leur rendre justice. L’un des avocats du dossier Me Prosper Farama déclare : »le dossier de l’insurrection populaire met mal à l’aise probablement tous les protagonistes aujourd’hui de la scène politique, aussi bien les anciens du régime CDP que ceux au pouvoir parce qu’il implique que des recherches soient faites pour déterminer exactement qui sont ceux qui ont pu donner des ordres en partie pour que des citoyens burkinabè puissent être tués par sa propre armée« .
Selon l’avocat, il n’y a pas d’explication possible par rapport au procès du putsch avant celui de l’insurrection. Le dossier de l’insurrection est aussi plus anciens(2014) que le putsch de septembre 2015. »Pourquoi on peut juger le dossier du putsch et on ne peut pas juger le dossier de l’insurrection où il me semble-t-il, il y a eu des morts, où les faits me paraissent être plus évidents d’ailleurs, là c’est des questions que moi légitimement je me pose, il faudra qu’on nous explique » insiste Me Farama.
Par ailleurs, il indique que: « Yacouba Isaac Zida était l’un des acteurs principaux de cette période-là(l’insurrection), l’un des tenants du pouvoir militaire à cette époque. Mais les mis en cause sont essentiellement des militaires, moi je pense qu’il est important pour l’avènement de la vérité que Zida soit là. D’ailleurs, je ne comprends pas l’attitude de ce gouvernement, je ne comprends pas qu’on ne fasse rien pour faire rentrer Yacouba Isaac Zida pour que ces affaires soient clarifiées. »