Des habitants de Bonheur Ville, un quartier du secteur 31 de Ouagadougou, ont manifesté le mardi 11 juillet 2023 en perturbant la circulation, suite à un litige foncier. Ils disent protester contre ce qu’ils qualifient d’expropriation d’une réserve par un particulier. Le détenteur de l’attestation d’attribution dudit terrain, lui, se défend à son tour et crie à la manipulation.
Par Daouda Kiekieta et André-Martin Bado
Des usagers de la route empêchés de poursuivre leur chemin. Des barrières érigées à proximité du rond-point de la Transition situé au côté sud de Ouagadougou.
C’est le spectacle offert dans la matinée du mardi 11 juillet 2023 au quartier BonheurVille, à l’arrondissement 7 de la ville de Ouagadougou, capitale du Burkina.
Les manifestants tenaient des pancartes sur lesquelles l’on pouvait lire : « Non à l’expropriation de nos réserves ! » « Papa Kyélem nous réclamons notre lycée public ! », « Président IB, la population veut sa réserve.»
Parmi les manifestants, des femmes sorties, spatules en mains et clamant : « Nos enfants doivent aller à l’école, on veut notre lycée public ! ».
Selon le porte-parole des manifestants, Daouda Ouédraogo que nous avons rencontré, un particulier aurait entamé un projet de construction d’une école privée sur un terrain d’environ 3 hectares « destinée, au départ, à la construction d’établissements d’enseignement public. » Les manifestants exigent l’abandon de ce projet.
![litige foncier Ouagadougou](https://libreinfo.net/wp-content/uploads/2023/07/e02da5bc-05ac-41b7-b0de-a0bf624aee38.jpg)
Leur porte-parole M. Ouédraogo nous a donné l’explication suivante : « Cette réserve est destinée à la construction d’un établissement d’enseignement général public. Depuis 2018, la population avait entrepris les démarches pour obtenir des financements afin d’entamer les travaux de construction de l’école.
« Quand nous avions débuté les travaux, le maire (Ndlr : de l’arrondissement 7), en son temps, nous avait demandé d’arrêter les travaux. Nous avions cherché à comprendre et c’est alors que nous avions constaté que le terrain avait été attribué à une dénommée Mme Awa Nikiema »
Le blocage de la voie pour exprimer leur ras-le-bol a perturbé la circulation et a failli entraîner des échauffourées comme nous avons pu le constater sur les lieux.
![Des manifestants qui bloquent la circulation](https://libreinfo.net/wp-content/uploads/2023/07/3a1c3369-3c9a-4aa8-8a11-1df90646c49e.jpg)
Les manifestants affirment que deux de leurs camarades ont été interpellés et enfermés le 10 juillet 2023. Ils demandent leur libération sans condition. « Nous allons manifester jusqu’à leur libération » affirme une femme, spatule brandie.
« Dans notre arrondissement, nous n’avons ni centre de santé ni école publique ; c’est regrettable. Nous réclamons notre terrain. Et nous demandons aux autorités de relaxer nos maris qui ont été enfermés injustement » déclare Mme Angèle Ilboudo, manifestants.
Les personnes mises en cause se défendent
Selon les documents que nous avons consultés auprès des manifestants, le terrain aurait été attribué aux dénommés Bonkoungou Bourema et Awa Nikièma.
Jointes au téléphone, ces deux personnes nous ont référé à Zakaria Sawadogo, leur porte-parole dans cette affaire. Nous avons rencontré, peu après la manifestation, M. Sawadogo.
Celui-ci affirme avoir entamé les démarches depuis 2015 pour acquérir le terrain aux fins de construction d’un établissement d’enseignement privé. « Et c’est ainsi, nous affirme-t-il, qu’en 2017, nous avons eu tous les papiers avec les différents services compétents : la direction des affaires domaniales et foncières (DADF), le service du cadastre, le service des impôts et l’avis favorable de la mairie de l’arrondissement n°7. »
M. Sawadogo dit être assisté dans ses démarches par le cabinet de Me Prosper Farama.
Le porte-parole Sawadogo nie avoir ordonné « l’arrestation de qui que ce soit.»
« Ce qu’on ne dit pas à la population, c’est que celui qui avait déposé la plainte contre l’Etat dans cette affaire a retiré sa plainte. Je pense qu’elles (Ndlr : les populations) sont manipulées » estime Zakaria Sawadogo.
Selon des documents présentés par M. Sawadogo que nous avons consultés, la superficie du terrain serait de 3,4 hectares, répartis entre Bourema Bonkoungou (16 883 m2) et Awa Nikièma (17 692 m2).
Sur ces papiers dont nous n’avons pas pu vérifier l’authenticité, il est indiqué que le terrain est destiné à la construction d’un établissement « d’enseignement secondaire ».
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