Des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont impliqués, aux côtés des Forces de défense et de sécurité (FDS), dans la lutte antiterroriste au Burkina Faso. En effet, depuis janvier dernier, une loi relative à cette implication a été adoptée par l’Assemblée nationale. Cette loi ayant été suivie de ses textes d’application, l’on peut raisonnablement penser que sa mise en œuvre a déjà produit des effets. Du reste, des voix s’élèvent de plus en plus pour décrier l’implication de ces VDP dans la lutte antiterroriste au point que l’on est à s’interroger sur la viabilité de cette implication.
Par la Rédaction
Pour l’application de la loi portant institution de Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP), un arrêté conjoint entre le ministère en charge de la Défense nationale et le ministère en charge des Finances a été signé le 8 avril 2020. Cet arrêté conjoint portant fixation des avantages financiers et en nature accordés aux VDP, prévoit que ces derniers bénéficient d’un appui financier à hauteur de 200 000 FCFA pour le fonctionnement de leur groupe. Le même arrêté indique que les VDP bénéficient de la prise en charge des soins de santé, d’une prime d’invalidité permanente à hauteur de 25 000 FCFA par mois, et d’une prime forfaitaire de décès d’un montant de 100 000 pour l’inhumation. De plus, les ayants-droit du VDP décédé en opération bénéficient d’un soutien financier de l’État d’un montant d’un million de francs CFA, en un seul et unique versement.
Ce sont autant d’avantages accordés aux VDP recrutés et formés durant quatorze jours par des FDS sous l’encadrement desquelles ils doivent contribuer, en tant qu’auxiliaires de sécurité, à la lutte contre le terrorisme. Les VDP doivent donc faire preuve d’implication active dans cette lutte.
Mais quelques mois après le démarrage de cette implication, des VDP font l’objet d’accusations de violations de droits humains. Dans une déclaration publiée en mai dernier, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) accusait les VDP de Tanwalbougou dans la région de l’Est d’être impliqués dans des violences et assassinats ciblés.
De son côté, le Balai citoyen, bien que « reconnaissant que certains VDP abattent un travail remarquable sur le terrain de la lutte antiterroriste », révèle que « de nombreuses bavures dans les régions du Sahel, du Centre-Nord et de l’Est par exemple leurs sont attribuées par des organisations de lutte et de défense des droits humains ». C’est du moins, ce qui est ressorti de la déclaration liminaire de cette organisation de la société civile au cours d’une conférence de presse animée le 11 juin à Ouagadougou.
La perpétration de ces bavures est due, selon le Balai citoyen, à l’insuffisance de la formation de ces VDP recrutés parmi les civils et équipés alors que des « tergiversations » perdurent « concernant notamment la dotation en armement adéquat des FDS ». Des FDS qui, selon le Balai citoyen, ne manquent ni de courage, ni de compétence, mais qui « rencontrent des difficultés à assumer réellement leur mission de sécurisation du territoire, des personnes et des biens. »
Au Balai citoyen du reste, l’on a des reproches relativement à l’instauration des VDP. Par rapport à cette instauration en effet, l’on pointe du doigt notamment, « les modalités actuelles de son opérationnalisation et de son encadrement qui comportent à bien des égards des indices dangereux pour l’avenir et doivent impérativement être revues ».
A tout le moins, il importe de s’interroger sur la viabilité de la contribution de ces VDP à la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Et les réponses à cette interrogation requièrent l’évaluation de cette contribution, six mois après son démarrage officiel. Pour sa part, le Balai citoyen recommande que la hiérarchie militaire revoit « impérativement (…) les modalités d’enrôlement et d’encadrement de ces groupes [VDP] pendant qu’il est encore temps. »