Peu après l’annonce d’un remaniement ministériel, lundi 24 mai 2021, le Président de la Transition malienne, Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane, ont été interpellés par des militaires et conduits au camp de Kati, situé à une quinzaine de kilomètres de la capitale. Au lendemain de cette arrestation condamnée par la communauté internationale, le Vice-président de la Transition, Assimi Goita a demis le Président et le Premier ministre de leur fonction pour « violation de la Charte ».
Par Abdoul Wahab Mandé,Stagiaire
Après l’annonce du nouveau gouvernement suite au remaniement ministériel, des militaires se sont rendus au domicile du Premier ministre Moctar Ouane. Ces derniers sont repartis avec lui. Et selon plusieurs sources, les militaires manifesteraient ainsi leur mécontentement après la composition du nouveau gouvernement.
Qui est derrière ces arrestations ?
Des sources indiquent que l’écartement du colonel Sadio Camara de son fauteuil de ministre de la Défense et du colonel Assimi Goita, vice-président de la transition et leader de la junte, qui est à l’origine de ce « coup de force ».
Dans un communiqué rendu publique, le mardi 25 mai 2021, le vice-président Assimi Goita a justifié ces arrestations. Il trouve que le Premier ministre Moctar Ouane s’est montré incapable de se constituer un interlocuteur fiable, susceptible de mobiliser la confiance des partenaires sociaux.
Il note, également, la grève de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), qui s’est transformée en une grève illimitée. A cela s’ajoute la formation du gouvernement par le premier ministre sans concertation avec le vice-président qui est chargé des prérogatives à lui conférées par la charte à savoir la défense et la sécurité.
C’est au regard de tout cela, que le vice-président dit prendre le pouvoir pour préserver la charte de la transition. Pour lui, le Président de la Transition, Bah N’Daw n’a pas respecté les engagements pris, le 25 septembre 2020 devant le peuple Malien.
Assimi Goita invite la population à vaquer librement à ses occupations et précise que le processus de transition suit son cours normal et que les élections prévues se tiendront courant 2022.
Des condamnations ne se sont pas fait attendre
Ce « coup de force » a suscité des réactions en interne comme à l’international. La communauté internationale a vite condamné, dans un communiqué commun de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), de la CEDEAO, de l’UA et de l’UE, l’acte des militaires. Une première condamnation depuis le début de cette affaire. Elle exige alors « la libération immédiate et inconditionnelle » des autorités de la transition arrêtées.
De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé, dans un tweet au calme et au relâchement des autorités arrêtées par les militaires. « Je suis profondément préoccupé par les informations sur l’arrestation des dirigeants civils chargés de la transition au Mali », a-t-il ajouté dans son tweet.
Le chef de la Minusma, El Ghassim Wane qui était en visite dans le centre du pays, est rentré en urgence à Bamako le lundi soir.
Le médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne, Goodluck Jonathan, l’ex-Président nigérian, est attendu, le mardi 25 mai 2021 à Bamako.