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Interview : « La culture est tout parce que le message que nous passons en tant qu’artiste ne tombe pas dans l’oreille du sourd » Martin N’terry

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En marge du lancement officiel de son sixième album le mardi 23 mai 2023 à l’institut Goethe à Ouagadougou, l’artiste musicien reggae maker Martin N’terry s’est confié à Libreinfo.net. Il est revenu sur la signification de l’éponyme Moogho et explique le rôle important de la culture dans un contexte de crise sécuritaire.

Propos recueillis par la Rédaction

Libreinfo.net : vous avez fait le lancement de votre sixième album «Moogho», Pourquoi l’éponyme Moogho ?

Martin N’terry : D’abord Moogho parce que mon papa s’appelle Raguilme Moogho, ensuite Moogho pour dire que la terre du Burkina Faso doit rester un seul peuple, un seul pays. Nous voudrions que les gens comprennent que L’hydre terroriste au Burkina n’est pas un problème ethnique.

Cependant, si on ne fait pas attention, le terrorisme peut conduire à une guerre ethnique. A travers cette chanson, je veux que chacun comprenne que nul n’est supérieur à l’autre ; nous sommes tous importants pour ce pays.

À travers cette chanson également, j’ai essayé de dire qui je suis avec fierté ; et j’aimerais que mon voisin qui n’est pas mossi comme moi interprète la chanson de la même façon.

Libreinfo.net : Vous parlez de la jeunesse dans cet album, c’est quoi le choix porté sur cette jeunesse ? Vous pensez qu’elle est responsable de ce qui arrive aujourd’hui au Burkina ?

Martin N’terry: Je parle de prévention, c’est une possibilité que la jeunesse soit partiellement responsable, elle n’est pas totalement responsable. Si la jeunesse, les leaders de demain cherchent à se conscientiser, à savoir d’où elles viennent, et à respecter autrui, je pense qu’on va aller de l’avant avec cette.
jeunesse.

Libreinfo.net : Quel est l’apport de la culture pour vous dans ce contexte de crise?

Martin N’terry : La culture a un rôle important dans pareille circonstance, raison pour laquelle, on s’efforce à tenir des événements culturels comme le Siao, le fespaco.

A l’ouverture du FESPACO, toutes les ethnies ont été représentées, des gens sont venus de l’extérieur, c’est pour montrer qu’on peut vivre ensemble et surtout en paix.

La culture est tout parce que le message que nous passons en tant qu’artiste ne tombe pas dans l’oreille du sourd, Il y a des gens qui écoutent, ça amène à réfléchir.

Libreinfo.net : Après la dédicace de l’album, c’est quoi la suite ?

Martin N’terry : Après la dédicace, s’ensuivra la promotion de l’album comme beaucoup l’attendent, un album sans promotion n’est pas un album.

Libreinfo.net : Est-ce que vous allez parcourir le Burkina pour faire passer le message du Moogho dont vous parlez dans cet album ?

Martin N’terry : Sil le faut et si les conditions sont réunies je le ferais

Libreinfo.net : Qu’est ce que vous appelez conditions?

Martin N’terry : je ne suis qu’un chanteur, si avec la situation, les autorités du pays estiment que mon message est important et décident de m’accompagner pour que je puisse passer mon message quelque part, je pense que certains artistes et moi pouvions le faire.

Libreinfo.net : comment voulez-vous que votre message ou album soit perçu dans ce contexte sécuritaire ?

Martin N’terry : Je veux que la chanson soit comme un hymne mais pas seulement en langue mooré. Mon rêve, c’est de voir un Gourounsi, un Peulh ou un Bobo reprendre exactement le titre Moogho dans sa langue pour montrer que nul n’est supérieur à l’autre, pour montrer sa fierté en retraçant son histoire.

Libreinfo.net : Vous enregistrez l’album à des coûts faramineux aux États-Unis et vous revenez vendre au Burkina. Est-ce que vous ne perdez pas à un moment donné ?

Martin N’terry : Je pense qu’on ne perd pas, quand des gens vous parlent de vos chansons via les réseaux sociaux , c’est déjà plus que ce que nous pouvons imaginer comme argent. Mon objectif, c’est de passer le message et c’est très important pour moi.

Libreinfo : Quand vous finissez la dédicace, on voit que c’est un retour encore vers les USA. Est-ce que vous ne créez pas une soif inachevée chez vos fans ?

Martin N’terry : Oui, en 2014, je suis resté pendant une année et quand l’album «Nonga» a commencé à marcher, je suis parti aux USA. Mais souvent on a pas le choix, quand on vit loin de la famille et qu’on vous informe qu’il y a un problème en famille, je suis obligé de rentrer.

Cette fois ci, j’espère que ça ne va pas arriver et moi je vais rester pour faire la promotion, essayer de lancer cet album pour faire plaisir à mes fans. Et je vais faire un concert grandiose s’il le faut, car j’aime les gens qui aiment ma musique et la culture en général.

Libreinfo.net : Ce concert est déjà programmé ?

Martin N’terry : Le concert n’est pas programmé pour le moment. Je travaille d’abord avec les grands du show bizz pour voir dans quelle mesure nous pouvons faire quelque chose de grand.

Libreinfo.net : Quel est votre message à l’endroit des autorités de la Transition, des leaders traditionnels et coutumiers et de la jeunesse?

Martin N’terry : Je leur demande de toujours cultiver le message de paix car c’est ce qui est très important actuellement. Le respect doit être mutuel au niveau de l’autorité, des religions et de la jeunesse.

Je suis très content des jeunes qui dirigent le pays actuellement. Personnellement, en voyant certains jeunes, ils ont envie que la guerre finisse et ils mettent tous les moyens pour y parvenir.

La façon de diriger le pays me rassure, quand on me parle du Burkina à l’extérieur, je ne pense même pas qu’à 22h, je peux me retrouver dehors.

En écoutant les informations depuis les États-Unis, je ne pensais même pas qu’on pouvait circuler à Ouagadougou après 19h. Je soutiens les autorités et les personnes victimes de terrorisme.

www.libreinfo.net

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