Il y a à peine quelques mois (juin 2019) le gouvernement introduisait un projet de loi à l’assemblée nationale pour la modification du code pénal afin de « réglementer » le traitement de l’information lié au terrorisme. Malgré les critiques constructives des organisations professionnelles des médias et des droits humains,le gouvernement et l’assemblée nationale ont foncé droit dans le mur espérant ainsi intimider les hommes de médias et les activistes sous prétexte qu’ils démoralisent la troupe. Cependant, cette modification du code pénal ne concernait nullement les médias occidentaux.
Aujourd’hui, nous sommes surpris de voir des membres du gouvernement vouloir donner des leçons de journalisme aux médias occidentaux après l’attaque d’Arbinda. Nous saluons la bravoure des soldats burkinabè qui ont fait preuve d’un courage héroïque face à cette attaque lâche et barbare. Par contre, il faut déplorer cette tentative de récupération ou de populisme de certains membres du gouvernement devenus subitement des donneurs de leçons de journalisme aux médias occidentaux. Comment voulez vous que l’on parle plus des 80 terroristes tués contrairement aux 42 burkinabè morts certains les armes à la main et d’autres innocemment? Si ce n’est du populisme! Nous nous sommes posés la question plusieurs fois de savoir en quoi la vie de 80 terroristes égaleraient à celle d’un seul burkinabè? Encore,une fois, si l’armée burkinabè tue même dix mille terroristes,la vie de ces terroristes ne vaudra jamais celle d’un seul burkinabè pour être parlé en premier! JAMAIS!
Il ne faut pas obliger les médias à célébrer la mort de 80 terroristes et oublier le deuil de 42 burkinabè,même un seul burkinabè fut- il. Ce n’est pas de la communication politique,c’est une question de bon sens et de décence!On parlera toujours en premier de celle du burkinabè. Nous avons tous la fibre patriotique, intéressons nous à nos morts d’abord.
Ce qui est déplorable,c’est que ces mêmes membres du gouvernement ont tous les moyens légaux pour rappeler à l’ordre les médias occidentaux incriminés. Le CSC travaille comme il se doit. Leur représentation au Burkina et diffusion sont régis par des textes sans ambiguïtés,ils sont accrédités. Usez donc des voies légales pour contraindre ces médias à marcher au rythme de votre cadence mais pas du populisme s’il vous plaît!
Quand le gouvernement pêche dans la communication de crise
Il a été dit et montré que la communication de crise du gouvernement n’est pas à la hauteur de la situation, ne vous trompez pas de cibles. De grâce travaillez à améliorer d’abord la communication au niveau national avant de s’en prendre aux autres.
L’on s’attendait à avoir au moins un communiqué officiel du gouvernement sur ce que les trois ministres reprochent aux médias occidentaux,car venant de trois membres de l’exécutif,c’est suffisamment « gros” pour ne pas faire l’objet d’un communiqué officiel.
Malheureusement,la critique s’est limitée sur la page facebook de chacun comme nombre de citoyens lambda se mettrait derrière son clavier pour le faire.
Quel est le sens de ces tirs groupés contre les médias occidentaux? Il y’a mieux que ça. Commencez par donner de l’estime aux médias nationaux,aidez les à avoir des moyens pour travailler comme on recherche partout les efforts de guerre pour les soldats burkinabè et vous comprendrez que la lutte contre le terrorisme et le traitement de l’information en cette période de crise sont complémentaires. Ce n’est pas les médias occidentaux qui viendront jouer ce rôle,sachons faire le bon combat!
Le seul avantage de cette polémique malencontreuse c’est d’ouvrir un débat public. Saurons-nous poser les vraies questions et tirer de bonnes leçons ou le débat va retomber et mourir de façon stérile?Pensons à comment mettre ensemble les forces des uns et des autres que de vouloir attendre les médias occidentaux chanter pour nous.Des professionnels de médias respectés et respectables bien connus au Burkina ici sont unanimes que les médias aussi ont leur rôle à jouer dans cette guerre. Mais qu’a fait le gouvernement dans le sens de favoriser le travail si ce n’est modifier un code pénal sous une grosse controverse?
La Rédaction
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