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Burkina Faso: reprise de la mine de manganèse de Tambao, le pari audacieux de Afro Turk SA

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Depuis plusieurs années, la mine de manganèse de Tambao dans la région du Sahel du Burkina Faso, connaît des difficultés d’exploitation et d’exportation. En mars 2023, l’État a décidé de l’attribuer à une autre société minière qu’est Afro Turk SA pour une cession évaluée à 28 milliards de FCFA.

Par Nicolas Bazié

Le gisement de manganèse de Tambao situé dans la commune de Markoye, province de l’Oudalan, dans la région du Sahel du Burkina Faso, près des frontières avec le Mali et le Niger, a longtemps été l’espoir d’un développement de cette partie du pays.

Les projets de développement associés à la mine de manganèse de Tambao, depuis le temps du président Sangoulé Lamizana à Blaise Compaoré en passant par Thomas Sankara sont immenses.

Jusque là, rien n’a vraiment prospéré. Ce gisement est resté longtemps très peu exploité. Depuis 2007 (16 ans), trois entreprises se sont succédé à Tambao. Il s’agit de Wadi Al Rawda, de GNR et de Pan African Minerals. Aucune n’a pu réaliser vraiment l’espoir tant attendu.

Pourtant, le manganèse de Tambao est l’un des plus grands gisements au monde. EIle renferme, selon les estimations, plus de 100 millions de tonnes de minerai.

Son exploitation est un vecteur de développement de la région du Sahel et des régions traversées par le chemin de fer d’évacuation du minerai, a indiqué, en mars 2023, le gouvernement burkinabè.

mine manganèse Tambao Burkina
Image d’une exploitation minière

C’est un projet qui, selon le gouvernement du Burkina, constitue un facteur d’intégration sous-régionale de par sa contribution au désenclavement des pays de l’Autorité du Liptako-Gourma (Burkina, Mali et Niger).

À Tambao, des travaux de désenclavement sont nécessaires pour pouvoir exporter le minerai extrait. Tambao est, en effet, dans une zone faiblement desservie par des routes ou autres infrastructures de transport. Les réserves de Tambao sont situées à quelque 210 km au nord de Kaya (région du Centre-Nord) et à 350 km au nord-est de la capitale burkinabè, Ouagadougou.

L’exploitation du manganèse dans cette partie du Burkina Faso nécessite le bitumage de la route allant de Dori (chef-lieu de la région du Sahel) à Tambao ainsi que la réhabilitation du tronçon de chemin de fer entre Ouagadougou et Kaya.

mine manganèse Tambao Burkina
Image illustrative d’un chemin de fer

Un nouveau tronçon de chemin de fer (Kaya-Dori-Tambao) pour relier Kaya à Tambao est nécessaire.

Un feuilleton judiciaire vieux d’une décennie

L’exploitation du manganèse de Tambao avait été attribuée, d’abord en 2012, sous le régime du président Blaise Compaoré, à la société Pan African Minerals, un groupe appartenant à un Australo-roumain du nom de Frank Timis.

Mais, l’exploitation n’avait pas abouti à cause de multiples difficultés financières rencontrées par l’entreprise, alimentant, à l’époque, un désaccord entre Pan African Minerals et l’État burkinabè.

Conséquences de cette situation, plusieurs suspensions d’exploitation et d’exportation du manganèse ont été ordonnées par les régimes qui ont succédé à celui du président Blaise Compaoré tombé suite à l’insurrection populaire d’octobre 2014.

A chaque suspension, c’était le même son de trompette : la société n’avait pas respecté les engagements prévus dans l’accord-cadre signé en 2012.

L’affaire était finalement allée en justice et le Burkina Faso avait gagné son procès dans le cadre du litige l’opposant alors à Pan African Burkina Limited de Frank Timis.

En mai 2018, une ordonnance du tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale de Paris donnait carte blanche au Burkina pour résilier le permis minier des sociétés du milliardaire australo-roumain Frank Timis, avec qui le conflit durait depuis 2015.

Le tribunal avait même condamné la société demanderesse à rembourser au Burkina les frais engagés par l’Etat dans cette procédure arbitrale.

Après cet épisode, il fallait trouver un nouveau partenaire au projet intégré d’exploitation du manganèse de Tambao. C’est ainsi que le 1er mars 2023, en conseil des ministres, les autorités actuelles de la Transition ont cédé les actifs de la mine de Tambao à Afro Turk SA, une société affiliée au gouvernement turc.

Tambao, le pari courageux de Afro Turk

L’exploitation minière rime avec sécurité. Malheureusement, depuis quelques années, l’insécurité inquiète de plus en plus les sociétés minières installées au Burkina Faso.

Malgré ce contexte, la société Afro Turk SA a choisi d’investir dans une zone, Tambao , où n’importe quel investisseur n’irait pas en ce moment, au regard de l’insécurité grandissante.

Ce choix de l’investisseur tombe à pic pour le gouvernement burkinabè qui ne demande que ça. En effet, confronté à la crise sécuritaire, très budgétivore, le pays multiplie les moyens pour trouver des financements à la lutte contre le terrorisme.

Le mardi 25 avril 2023, les deux parties, le gouvernement et la société turque ont signé les contrats de cession. La valeur de cette cession s’élève à 28 milliards de F.CFA selon le ministre burkinabè des Mines, M. Simon-Pierre Boussim.

mine manganèse Tambao Burkina
Signature de contrats de cession de la mine de manganèse de Tambao entre le gouvernement burkinabè et la société turque Afro Turk

L’exploitation permettra, selon le ministre, de générer 1 000 emplois directs et 3 000 emplois indirects ainsi que d’engranger des recettes au profit du budget de l’Etat.

La zone de Tambao est dans une insécurité marquée par des incursions et des attaques terroristes. C’est justement dans cette localité, qu’en avril 2015, le Burkina Faso avait enregistré sa première attaque terroriste. La dernière en date, huit ans après, est celle entre Oursi et Déou qui a coûté la vie à 51 militaires le 17 février 2023.

Face à cette situation, le ministre Boussim a déclaré que des dispositions sont prises pour sécuriser la zone. Il a ainsi indiqué que la société minière Afro Turk SA va construire une base militaire à Tambao.

L’Etat va acquérir des moyens stratégiques de surveillance et de combat contre le terrorisme et récolter des taxes et des dividendes dans le cadre de ce contrat avec la société minière Afro Turk SA.

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