Plusieurs organisations professionnelles des médias étaient face à leurs confrères de la presse ce jeudi 20 juin 2019 à Ouagadougou dans le cadre d’une conférence de presse organisée par leurs structures pour dénoncer le projet de loi sur la modification de la loi N°025-2018/AN du 31 mai 2018 portant code pénal du Burkina Faso. Les travailleurs des médias pensent que ce projet porte une atteinte grave à la liberté de la presse.
Un projet de loi portant modification du code pénal sera examiné à l’Assemblée Nationale vendredi 21 juin.Une partie de ce projet vise à renforcer les dispositions pénales en ce qui concerne le traitement de l’information liée au terrorisme. Selon les organisations professionnelles des médias, si ce texte est adopté, il va constituer une grave menace pour la liberté de la presse au Burkina Faso. C’est au regard de cette situation que ces organisations se mobilisent pour mutualiser leurs efforts en vue de faire barrage à l’adoption de ce projet de loi.
Les acteurs des médias conduit par le journaliste Guezouma Sanogo,porte parole des organisations assurent que les organisations n’ont pas été associées à l’élaboration de ce projet de loi contrairement aux autres fois ou ils ont été approchés par les différents gouvernements par rapport aux projets de loi relatifs aux domaines de la communication.
Dans un entretien accordé à www.libreinfo.net dans la mi-juin, le bâtonnier Me Paulin Salembéré affirmait également n’avoir aucune connaissance du contenu de ce projet , alors qu’il est de coutume que le barreau soit associé aux différentes modifications du code pénal.
Un peu plutôt,c’est Amnesty International qui invitait le gouvernement à ne pas laisser ce projet de loi passer à l’assemblée nationale.Les travailleurs des médias eux, qualifient cette situation de «mépris à l’égard de la presse nationale». Ce qui explique selon eux «que la révision du code pénal vise à restreindre les libertés en matière de communications liées au terrorisme».
«Comment comprendre qu’on puisse élaborer un projet de ce genre sans associer les organisations professionnelles des médias et d’autres acteurs clés qui sont spécialistes de la question?» s’interroge Guezouma Sanogo avant de conclure que «c’est un mépris total à l’endroit de la presse nationale».
Ce projet comporte des dispositions qui menacent la liberté de la presse nationale selon eux. Aussi, les peines d’emprisonnements et les amendes prévues par ce projet sont jugées trop sévères.
A cet effet, les conférenciers citent en exemple l’article 312-16 du projet qui stipule qu’il : « Est puni d’une peine d’emprisonnement d’un an à cinq ans avec une amende d’un million à dix millions de franc CFA, quiconque publie ou relais sans autorisation, par quelque moyen de communication que ce soit et quel qu’en soit le support, des images ou sons d’une scène d’infraction de nature terroriste ».
Les travailleurs de médias font remarquer que ce projet de loi «liberticide pour la liberté de la presse» a été adopté en conseil des ministres par un gouvernement composé de trois ex-journalistes. A savoir les ministres Alpha Barry,Rémi Fulgance Djandjinou,et Cheriff Sy.
« Si la loi passe, on avisera» déclare Boureima Ouédraogo, président du SEP(la société des éditeurs de presse privée).
Celui-ci pense que le fait que le gouvernement se précipite pour faire adopter cette loi en brûlant les étapes montre qu’il y’a une volonté manifeste du gouvernement de museler la presse nationale. «Nous souhaitons que ce projet soit retiré. Mais si cette loi passe, on avisera et on se réunira pour en tirer les conséquences» prévient-il.
Il faut noter que d’autres structures engagées sur la question luttent également pour le retrait de ce projet de loi. C’est le cas de l’association des blogueurs du Burkina (ABB) qui s’était également prononcé sur la question demandant le retrait du projet.
Nourdine Conseibo
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