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[Mémoire] Haute-Volta : Naaba Kougri, les actions politiques d’un grand naaba des Mossé

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Le Moogho Naaba Kougri  a été une personnalité majeure de l’espace public de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso). Sa posture de Naaba moderne lui avait permis d’introduire des réformes dans sa manière d’agir au quotidien. Avant l’indépendance de la Haute-Volta, il donnait de la voix lors des grands tournants du pays.

Par Merneptah Noufou Zougmoré

Le Moogho Naaba Kougri était le père de l’actuel Moogho Naaba Baongho. Moussa Congo à l’état civil, Naaba Kougri avait eu le privilège d’aller faire des études en France de 1946 à 1950. C’était donc un chef moderne qui avait succédé à son père, Naaba Saaga.

Marié à une fille du nom de Zara, enfant d’une fortune de l’époque, Ousmane Sibiri Ouédraogo, Naaba Kougri avait conféré le titre d’impératrice à son épouse. 

Pour prouver davantage qu’il était un chef moderne, il apparaissait en public avec sa tendre moitié. Ce qu’on n’avait jamais vu sous le règne des autres Moogho Naaba avant lui, et même après.

 Le jeune chef d’une vingtaine d’années, qui avait succédé à son père le 28 novembre 1957, était en bons termes avec Ouezzin Coulibaly, le vice-président de la République avant l’indépendance formelle.

 Dans le livre de Salfo-Albert Balima intitulé « Légendes et Histoire des peuples du Burkina Faso » , il est écrit : « Tant qu’il vécut, Ouezzin avait entretenu les meilleures relations avec le nouvel empereur. Très souvent, le soir, il le consultait. La brusque disparition de cette personnalité allait favoriser toutes les ambitions. Tous essayaient d’avoir plus d’influence ; et chacun ne visait que la première place. Bientôt, quelques spécialistes du pointage affirmèrent que le cabinet au pouvoir ne tenait qu’avec une voix de majorité. »

Dans ce climat d’incertitude de l’après disparition de Ouezzin Coulibaly et de peur que l’environnement politique national ne se détériore, Naaba Kougri avait donné de la voix.

 Le 15 octobre 1958, il avait demandé aux membres de l’Assemblée territoriale de travailler à la constitution d’un gouvernement d’union de salut public pour le pays voltaïque. 

Il ajoutait : « En Haute-Volta, il serait mal venu de perdre le temps à des querelles qui divisent, versent le sang et entretiennent les haines dont l’aboutissement est la ruine et la misère pour le peuple.»

Le monarque moagha, dans ses propos officiels très conciliants, nourrissait pourtant des ambitions. D’aucuns pensaient qu’il voulait que la République bascule dans une monarchie constitutionnelle.

Le constat qu’on avait fait était qu’aucun membre de l’Assemblée territoriale n’avait donné suite à son idée.

Le vendredi 17 octobre 1958, à 9 heures, l’Assemblée territoriale devait tenir une session extraordinaire. Ce jour-là,  de très bonne heure, des manifestants, amenés par les gens de l’entourage du Moogho Naaba, s’étaient massés aux alentours du bâtiment abritant l’Assemblée territoriale. 

Cette présence des protestataires, dont certains armés, avait retardé la tenue de la session qui n’ouvrira que deux heures plus tard, vers 11 heures.

Après avoir fait le pied de grue pendant quelques heures, le Ouidi Naaba, un des ministres du Moogho Naaba, avait enjoint les manifestants de regagner la cour royale.

Pour Salfo-Albert Balima, dans son ouvrage précité, « le 18 Brumaire de Naba Kougri avait échoué, malgré le haut appui qu’il avait reçu de la population de Ouagadougou, de nombreux politiciens africains et même de certains milieux européens, civils et militaires, bien en cour dans certains hauts lieux politiques de Paris. »

L’échec de la manifestation était lié à lune défaillance de la stratégie. Les empêcher de se réunir n’était pas la bonne formule. 

On aurait dû laisser les parlementaires se rassembler et les encercler pour les obliger à avaliser les textes rédigés sous les injonctions du grand monarque.

Le bureau du syndicat des chefs traditionnels avait reçu des menaces de la part de Maurice Yaméogo, alors Président du Conseil du Gouvernement, s’il ne se prononçait pas sur ce qui était advenu avec la manifestation à l’Assemblée territoriale.

 Un communiqué sera rédigé en ces termes : « Après  une analyse attentive de la situation créée à la suite des événements du 17 octobre, le bureau s’est trouvé unanime pour déplorer les manifestations qui ont eu lieu, ainsi que les procédés employés pour tenter d’imposer à l’Assemblée élue, des revendications, même légitimes ; regrette le fait que les gens armés aient été rassemblés pour une besogne que la plupart d’entre eux ignoraient ; demande au Président du Conseil du Gouvernement de bien vouloir préciser sa pensée sur la situation de la chefferie prise à partie dans son discours prononcé à l’Assemblée territoriale le 21 octobre ; réaffirme sa volonté d’entente et son esprit de collaboration vis-à-vis des pouvoirs établis ; fait appel au bon sens et au désir d’union de tous les Voltaïques pour faire renaitre le calme dans les esprits et la tranquilité dans le pays. »

Après les indépendances !

Après l’indépendance de la Haute-Volta, le Moogho Naaba avait eu maille à partir avec le Président Maurice Yaméogo qui supprimera les chefs.

C’est sous le règne du général Aboubacar Sangoulé Lamizana que le statut de la chefferie traditionnelle sera rétabli. Le dernier incident entre Naaba Kougri et le monde politique voltaïque avait eu lieu en 1978. 

En 1978 lors des élections, le Naaba Kougri avait pris fait et cause pour le parti du pachyderme, le Rassemblement démocratique Africain. Joseph Ouedraogo qui avait quitté le parti pour créer le front de refus lui en avait voulu. Il avait tenu des propos injurieux à son encontre. Il s’excusera plus tard mais le mal était déjà fait.

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