Dans un communiqué publié le 4 décembre 2024, le Groupe français Orano dit constater la perte du contrôle opérationnel de sa filiale SOMAÏR au Niger dans la production de l’uranium.
Par Nicolas Bazié
Au dernier Conseil d’administration de la SOMAÏR, le Groupe français Orano avait décidé de suspendre les dépenses liées à la production de l’uranium alors que l’État nigérien demandait la poursuite de celle-ci. Cette décision, qui n’avait pas été du goût de la partie nigérienne, l’avait amené à quitter la salle de réunions.
« L’application de la résolution adoptée par le Conseil d’administration de la SOMAÏR le 12 novembre de suspendre les dépenses liées aux activités de production pour prioriser le paiement des salaires et de préserver l’intégrité de l’outil industriel est volontairement empêchée», indique un communiqué publié sur le site web de Orano.
Quelques jours seulement après la décision, à la surprise générale, le Niger (qui détient 36,6% des parts) prend le contrôle de la filiale SOMAÏR, refusant d’appliquer les décisions de l’actionnaire majoritaire qu’est Orano (63,4% des parts) car tenant mordicus à continuer l’exploitation du minerai nucléaire.
« Orano constate aujourd’hui que les autorités nigériennes en ont pris le contrôle opérationnel», lit-on dans le communiqué de Orano qui informe que les dépenses de production qui se poursuivent sur le site dégradent chaque jour davantage la situation financière de la société.
Regrettant l’attitude des autorités nigériennes dans cette affaire, « Orano entend défendre ses droits auprès des instances compétentes et réaffirme sa conviction que seule une volonté partagée par l’ensemble des parties prenantes de rétablir un mode de fonctionnement stable et pérenne permettra de reprendre les activités sereinement».
Le 23 octobre 2024, le Groupe Orano avait regretté l’impact négatif de la détérioration de la situation surtout financière de la SOMAÏR, liée à un souci d’exportation de l’uranium, en raison de la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin.
1 050 tonnes d’uranium concentré, vieilles d’un an, sont toujours bloquées et les négociations avec les autorités nigériennes se sont soldées par un échec. C’est pourquoi le Groupe français a décidé, dans un premier temps, de suspendre la production à partir du 31 octobre 2024. La décision a été contestée le 2 novembre 2024 par sa filiale SOMAÏR qui a dénoncé une décision unilatérale prise sans consultation préalable.
Au regard de tout ce qui précède, il convient de relever que toutes les décisions qui ont été prises par Orano ont été à chaque fois contestées par le Niger, 2e fournisseur de l’Union européenne en uranium.
