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Problématique de la création d’une monnaie de l’AES : ce que pensent des étudiants

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Le retrait de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest a soulevé avec acuité la problématique d’une monnaie commune aux pays du Burkina Faso, du Mali et du Niger . Ce qui suscite de vives réactions chez les étudiants qui se sont exprimés à libreinfo.net.

Par Prisca Konkobo

Une monnaie commune aux États de l’AES! Pour certains, c’est la solution pour le développement du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

C’est le cas de Abdoul Sango étudiant en master 1 droit des affaires étrangères et fiscalité à l’université Joseph ki-Zerbo de Ouagadougou. “Ce serait bien que nous ayons notre propre monnaie. Dans la mesure où la monnaie est un élément de la souveraineté financière et monétaire, de laquelle va découler une souveraineté économique. Le fait que notre monnaie soit adossée à l’euro ou que notre monnaie soit battue à l’extérieur ne nous aide pas vraiment dans notre développement”, dit-il.

Abdoul Sango étudiant en master 1 droit des affaires étrangères et fiscalité à l’université Joseph ki-Zerbo de Ouagadougou
Abdoul Sango étudiant en master 1 droit des affaires étrangères et fiscalité à l’université Joseph ki-Zerbo de Ouagadougou

La monnaie commune aux États de l’AES est la bienvenue selon Soumaïla Coulibaly, étudiant en médecine. Pour lui, avoir une monnaie propre à soi “est le socle même de l’indépendance. Si tu veux être indépendant alors que ta richesse dépend de quelqu’un, ce n’est pas possible”.

Lotani Zou, étudiante en droit s’inscrit dans cette même logique. Pour elle, la création d’une monnaie commune aux États de l’AES est à encourager. “Même si la monnaie n’est pas compétitive sur le plan international, c’est encore mieux de le faire soi-même que de payer pour qu’on nous le fasse”, déclare-t-elle.

Même son de cloche chez Rasmané Kientega, étudiant en première année de sciences politiques et juridiques. “Je conseille ces trois pays de créer leur propre monnaie. La création de la monnaie de l’AES effraie déjà les occidentaux. Cette monnaie permettra aux Etats de l’AES de cultiver le développement endogène et de se débarrasser surtout de la France”, confie-t-il.

Rasmané Kientega, étudiant en première année de sciences politiques et juridiques
Rasmané Kientega, étudiant en première année de sciences politiques et juridiques

Pour ce qui concerne Ismaël koné, étudiant en troisième année d’économie, la création d’une monnaie commune au sein de l’AES est “une idée audacieuse et ingénieuse”.

Audacieuse dans le sens où l’AES décide de prendre son destin en main, d’affronter les différentes monnaies qui existent déjà et qui sont fortes (Euro, dollar, Yuan…). Cela revient à se mettre les autres pays sur le dos.»

Il poursuit en ces termes : «Ingénieuse dans le sens où c’était une requête fortement demandée par le peuple de ces trois pays qui souhaitent sortir sous le joug du franc CFA». 

Des avis partagés par Arlette Goretti Karambiri, étudiante en Master 2 option diplomatie et relations internationales à l’Université libre du Burkina.

Arlette Goretti Karambiri, étudiante en Master 2 option diplomatie et relations internationales
Arlette Goretti Karambiri, étudiante en Master 2 option diplomatie et relations internationales

Pour elle, la création d’une monnaie commune serait “une solution. Et l’avantage c’est le rassemblement des trois pays qui favorisera les échanges”.

Viabilité de la monnaie…

Autant, ils sont unanimes sur les avantages de cette monnaie commune, autant, ils sont conscients des difficultés.

Ainsi, à les en croire, la monnaie peut être viable si plusieurs aspects sont pris en compte.

“On peut prendre en compte l’expérience guinéenne pour déjouer tous les pièges qui ont pu être tendu à la Guinée et essayer de faire mieux. Il faut prendre en compte les cas d’écoles et essayer de faire mieux”, conseille Abdoul Sango.

Ismaël Koné, lui, croit en la viabilité de la “possible monnaie”. “Nous avons bien le cidi, naira ou le franc Guinéen qui existe toujours malgré la valeur assez faible de ces différentes monnaies”.

Il a cependant des craintes. “Déjà avec le franc CFA, les transactions avec l’étranger (Euro, dollar, Yuan…) ne sont pas équitables malgré les pays qui entourent cette monnaie. Alors là, avec trois pays qui font face à des crises sécuritaires qui affaiblissent leur économie, il y a de quoi avoir peur. La valeur d’une monnaie est déterminée par la puissance de son économie nationale mais aussi internationale”.

Se concentrer sur la lutte contre le terrorisme 

Pour d’autres étudiants, par contre, l’idée de la création d’une monnaie commune aux Etats de l’AES n’est pas la bienvenue “pour l’instant”.

Pour Souleymane Zallé, étudiant en art 3e année, “la lutte contre le terrorisme est l’essentiel. Il faut concentrer la lutte, il faut d’abord lever la guerre”, dit-il.

Actuellement le peuple est en train de fournir beaucoup d’efforts pour que l’armée puisse être bien équipée. Si le peuple doit encore se priver parce qu’on est en transition de monnaie, c’est pas simple”, ajoute-t-il.

Il est rejoint par Ben Moussa Ouédraogo, étudiant en communication 2e année . Ce dernier affirme: “Le Franc CFA a beaucoup circulé et est beaucoup utilisé. Pourtant la possible monnaie de l’AES sera limitée à trois pays. Ça risque de nous pénaliser”. Il se dit donc inquiet.

 “Nous serons dans les difficultés pour les échanges avec l’international”, argumente pour sa part, Koudou Zampaligré, étudiant en anglais, 1ère année.

Et Ibrahim Ouédraogo étudiant en linguistique 1ère année, d’exprimer toute sa peine quand il dit penser aux ressortissants burkinabè des pays voisins, notamment la Côte d’Ivoire.

“Actuellement nous partageons plein de choses avec les pays voisins. Si la monnaie entre le Burkina et la Côte d’Ivoire n’est pas équitable, nos ressortissants vont souffrir. Si la monnaie de l’AES est faible, ça va beaucoup jouer sur la population”, s’inquiète-t-il.

www.libreinfo.net

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