La deuxième édition de la Journée de l’Artisan Minier (JAM) a refermé ses portes le samedi 22 juillet 2023 à Gaoua, par une cérémonie de récompense dénommée « Nuit de l’Artisan Minier ». En l’absence du chef de l’Etat, le capitane Ibrahim Traoré, c’est le ministre des Mines et des Carrières, Simon-Pierre Boussim qui a présidé la « Nuit de l’artisan minier » marquée par la lecture des conclusions et recommandations des travaux puis la récompense des meilleurs artisans miniers.
Par Nicolas Bazié, depuis Gaoua
Après 48h de communications, d’expositions des produits et services miniers, la 2e édition de la Journée de l’artisan minier (JAM) a refermé ses portes dans la ville de Gaoua, chef-lieu de la région du Sud-ouest. Elle s’est terminée par une « nuit de l’artisan minier ». C’est l’École nationale de l’enseignement primaire (ENEP) qui a servi de cadre pour la tenue de cet évènement.
La « nuit de l’artisan minier » a débuté dès 16h30 par la présentation d’un rapport de synthèse des deux jours de travaux, notamment les différentes communications des panelistes. Il a été présenté par Zéphirin Zongo, secrétaire technique du Contenu local et de la promotion des investissements.
Dans ce rapport, les recommandations des artisans pour une exploitation minière responsable ont été présentées aux autorités de la Transition.
Les orpailleurs ont estimé entre autres qu’il faut promouvoir des mécanismes permettant la cohabitation mines industrielles et artisans miniers ; renforcer la sécurité des activités sur les sites afin de permettre aux responsables de ces sites de faire respecter les dispositions réglementaires ; créer des cadres de concertation permanents entre administration minière, artisans miniers et sociétés minières.
Pour eux, l’État doit aussi alléger les procédures et passer à la notice d’impact environnemental et social pour ce qui concerne les demandes de permis semi-mécanisés. Ils invitent surtout les artisans miniers à se mettre davantage en coopérative.
Récompense des meilleurs artisans miniers
Après la présentation du rapport de synthèse des 48h de la JAM, par Zéphirin Zongo, le comité d’organisation a procédé à la remise des prix spéciaux composés de trophées, d’attestations de reconnaissance et d’équipements de protection individuelle à des lauréats répartis dans plusieurs catégories.
C’est le président de la commission jury, Jonas Hien, par ailleurs directeur des programmes de l’ONG ORCADE qui a proclamé les résultats
Il commence par la remise des prix spéciaux. Là, le prix spécial communicateur a été attribué à trois lauréats, le prix spécial femme collecteur d’or attribué à une personne, le prix spécial investisseur à quatre personnes. Le prix spécial meilleur promoteur a été remis au chef de Canton de Gaoua, parrain de cette édition. Il a exprimé sa reconnaissance aux autorités.
En outre, le prix spécial homme collecteur d’or a été attribué à Tindano Laya de Banfora (région des Cascades) et à Ousmane Mandé de Bobo Dioulasso (région des Hauts-Bassins).
« Les prix spéciaux ont été prévus par le comité d’organisation pour encourager les acteurs de l’artisanat minier », confie Jonas Hien, le président de la commission jury.
Pour ce qui est du concours organisé à cet effet, 59 candidatures ont été enregistrées, 54 ont été retenues pour la suite de la compétition et la sélection définitive a donné 16 lauréats, explique Jonas Hien.
Selon lui, les critères portent sur le respect de l’hygiène, le port de l’équipement de protection, l’interdiction d’accès aux enfants sur les sites d’orpaillage, l’autorisation d’exploitation artisanale d’or, etc.
Concernant les lauréats qui ont participé à ce concours de la Journée de l’artisan minier, ils sont répartis dans plusieurs catégories dont la catégorie meilleur artisan minier mines/or de l’année, le plus gros prix est revenu à Azara Sankara de Houndé (chef-lieu de la province du Tuy). Elle a reçu son prix des mains du ministre des Mines et des Carrières Simon-Pierre Boussim.
Le prix est composé d’un trophée, d’une attestation de reconnaissance, d’un équipement de protection individuelle. A l’instar d’autres femmes, Mme Sankara fait de l’orpaillage. Elle dit être fière de recevoir le prix. « Je suis très contente. J’ai reçu le prix parce que j’ai respecté les consignes qui m’ont été données dans le cadre d’une exploitation minière responsable. Je dédie ce prix à toutes les femmes qui se battent jour et nuit », a-t-elle expliqué.
Le chef de canton de Gaoua, parrain de la deuxième édition de la JAM, n’a pas caché sa joie pour ce qui est de la tenue de la journée dans la ville, chef-lieu de la région du Sud-ouest. « La ville de Gaoua était animée » dit-il, avant d’insister sur la nécessité pour les orpailleurs de se formaliser pour une exploitation responsable de l’or au Burkina Faso.
Le ministre de l’Energie des mines et des carrières, Simon-Pierre Boussim a félicité les lauréats tout en soulignant qu’il y a encore des efforts à faire « vous avez déjà fait, on attend encore beaucoup ». Il a aussi salué et remercié le comité d’organisation et le jury pour son travail « minutieux, pour aller sur les sites dans ce contexte d’insécurité ».
Le Ministre de l’Energie des mines et des carrières a aussi prononcé le discours de clôture du Chef de l’État Ibrahim Traoré. Dans ce discours, le président de la Transition a salué « l’engagement patriotique des artisans miniers par la remise des dons aux forces de défense et de sécurité (FDS)».
Il a aussi salué l’engagement des partenaires techniques et fonciers, la presse, les organisations de la société civile qui ne ménagent aucun effort pour accompagner le ministère des Mines.
« Les conclusions ne resteront pas lettre morte, j’engage le ministère en charge des Mines à examiner toutes ces recommandations et à travailler à poursuivre les échanges avec les acteurs afin de mettre en œuvre dans la mesure du possible les conclusions et les recommandations de cette JAM », a écrit le chef de l’Etat dans son discours lu par le Ministre des Mines et des Carrières Simon-Pierre Boussim.
Encadré : les principales recommandations
Volet accès à la ressource
Trouver des mécanismes pour faciliter l’accès de la ressource aux artisans miniers,
Promouvoir des mécanismes permettant la cohabitation mines Industrielles/Artisans miniers,
Volet renforcement des capacités des artisans miniers
Promouvoir l’exploitation semi-mécanisée par l’actionnariat populaire ;
Renforcer la sécurité des activités sur les sites afin de permettre aux responsables des sites de faire respecter les dispositions réglementaires ;
Mettre en place des centres de traitement mutualisés et des formations sur place, des techniques de creusage sécurisées pour réduire les impacts négatifs et augmenter la rentabilité de la production ;
Renforcer en ressources humaines les structures en charge de l’encadrement de proximité sur les sites ;
Volet juridique institutionnel
Renforcer les capacités de gestion des structures de l’État en charge du suivi contrôle et l’encadrement ;
Créer des cadres de concertation permanents entre Administration minière, Artisans miniers et sociétés minières ;
Alléger les procédures et passer à la notice d’impact environnemental et social pour ce qui concerne les demandes de permis semi-mécanisés ;
Revoir les taxes liées à l’achat et à la commercialisation de l’or ;
Créer une police économique minière de proximité à l’image de celle qui existait sous la CBMP ;
Inviter les artisans miniers à se regrouper davantage en coopérative ;
Renforcer la sécurité des activités sur les sites avec la collaboration des acteurs ;
Renforcer l’implication des autorités locales dans la prévention des conflits,
Mettre en place un plan de capitalisation et de suivi évaluation des recommandations issues de la JAM ;
Accentuer la formalisation des acteurs dans le domaine artisanal des carrières ;
Déconcentrer davantage l’administration minière pour un suivi contrôle de proximité ;
Prendre une décision pour une utilisation des substances de carrières dans la construction des ouvrages publics.