La capitale burkinabè, Ouagadougou, s’est dotée, ces dernières années, de gares routières modernes. En plus de dynamiser l’économie nationale, ces infrastructures contribuent à réduire les stationnements anarchiques, évitant ainsi des accidents. Malheureusement, les transporteurs de passagers continuent d’embarquer et de débarquer leurs clients sur les voies publiques, perturbant toujours la circulation. Libreinfo.net en a fait le constat dans quelques autogares de Ouagadougou.
Par Daouda Kiekieta
Un sac au dos et un sachet à la main, Issoufou Sandwidi désire se rendre à Koupéla, chef-lieu de la province de Kouritenga, région du Centre-Est, situé à environ 140 km de Ouagadougou.
Pour ce trajet, il a décidé d’emprunter, sur une voie non loin de la gare Ouaga-Est, un minibus communément appelé « Dina ». « Je préfère prendre mon bus hors de la gare parce que c’est facile et cela ne prend pas de temps » m’explique-t-il, lorsque je lui demande pourquoi il ne se rend pas à l’autogare.
Le cas de M. Issoufou Sandwidi n’est pas isolé car de nombreux voyageurs préfèrent emprunter leur bus sur les voies publiques. En cette matinée du 17 janvier, policiers et conducteurs sont à couteaux tirés aux environs des gares routières.

Alors que deux mini-bus s’apprêtent à stationner, deux policiers se dirigent vers eux obligeant les conducteurs indélicats à poursuivre leur chemin.
« A chaque fois, ce sont des courses-poursuites entre nous et les policiers. Ils nous empêchent d’embarquer sur la voie de circulation, alors que nos clients préfèrent emprunter les bus hors de la gare. Nous, nous n’avons pas d’autre choix que celui d’aller où se trouvent nos clients » s’indigne M. Victor Wangré, un conducteur visiblement sur ses nerfs.

Cependant, M. Issouf Yerbanga, un autre conducteur embarquant ses passagers au sein de la gare, estime, lui, qu’il y a une injustice dans le traitement des forces de l’ordre. « Il est interdit aux mini-bus d’embarquer sur les voies de circulation alors que les bus des compagnies de transport le font.» déplore M. Yerbanga.
Les risques élevés d’accidents de la circulation à côté des gares routières à Ouagadougou
Les embarquements et débarquements sur les voies publiques ne sont pas sans conséquence pour les usagers de la route. Des accidents graves, souvent mortels, y sont régulièrement enregistrés.
M. Issaka Dera est un ancien commerçant, travaillant sur le site dans les années 2000, bien avant la construction de la gare. La soixantaine , M. Dera dit avoir été un témoin oculaire de plusieurs accidents causés par les stationnements anarchiques des transporteurs de passagers.
« Certains jeunes d’aujourd’hui ne sont pas faciles. Quand on travaillait à la gare, avant l’arrivée du maire de Ouagadougou de l’époque, M. Simon Compaoré, tous les embarquements et débarquements se faisaient sur un seul lieu. » raconte M. Issaka Dera.
Après la gare de Ouaga-Est, le même constat est fait au niveau de la gare de Ouaga-Ouest, nouvellement inaugurée. Là, bus et mini-bus embarquent et débarquent sur la voie. A côté de cette « gare informelle », hommes et femmes vendent fruits et nourritures et toutes sortes d’articles.
M. Julien Yaméogo est démarcheur en ces lieux. Il joue le rôle de facilitateur pour les voyageurs à la recherche de cars en fonction des différentes destinations. « Je travaille avec plusieurs compagnies de transports.»

Pour lui, la réticence des voyageurs à emprunter les bus dans la gare s’explique par le fait que « le coût du transport est élevé dans les gares alors qu’en dehors de la gare le passager peut négocier un rabais. »
Cette opinion est partagée par Daniel Zongo, venu emprunter un car hors de la gare, en pleine voie de circulation, pour se rendre à Koudougou.
En plus des accidents que peuvent provoquer les embarquements sur les voies de circulation publiques, le constat des vols de bagages pendant les débarquements est également signalé.

« Nous avons beaucoup de clients qui perdent leurs bagages. On arrive à retrouver certains bagages mais la majeure partie reste égarée » explique le démarcheur Yaméogo.
Pourtant, les textes interdisent formellement les embarquements et les débarquements sur les voies de circulation. En dépit des efforts de la police municipale, force est de constater que ce comportement n’a pas changé.
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