Beaucoup de jeunes burkinabè libèrent de plus en plus, leur génie créateur. C’est le cas de Apouri Batoguibawè que nous avons rencontré dans les rues de la capitale, Ouagadougou. Il a développé une méthode de lavage des cartes grises, des cartes nationales d’identité burkinabè et les permis de conduire devenus sombres et illisibles.
Apouri Batoguibawè est un jeune âgé de 26 ans. Il est spécialisé dans le lavage des cartes nationales d’identité et autres documents. Né à Tiébélé, province du Nahouri, région du centre sud, il mène son activité depuis 2019.
« Je nettoie les cartes nationale d’identité burkinabè (CNIB), les nouveaux permis de conduire, les nouvelles cartes grises de motos et véhicules y compris avec certaines cartes professionnelles. Si la carte est sale, sombre, assombri, quel que soit la tâche, je nettoie et ça devient nickel (propre) », indique-t-il.
Cette activité, le jeune Apouri Batoguibawè, ne l’a appris nulle part. Il nous raconte comment, il y est arrivé. J’étais dans le grand chômage. J’assurais la sécurité dans un service public en qualité de vigile. Avant d’entrer, il faut déposer ta carte d’identité, te faire enregistrer, contrôler, même jusqu’au sac.
C’est à partir de là que j’ai trouvé que d’autres cartes n’étaient pas du tout lisibles. C’est là que j’ai commencé à chercher des idées et j’ai développé ça jusqu’à ce que je devais trouver toutes les matières nécessaires pour nettoyer les cartes », raconte-t-il.
Habitant à Tingandgo, un quartier situé à la périphérie de Ouagadougou, il a abandonné le collège en classe de 4e, pour se retrouver en ville à la recherche de l’emploi comme beaucoup d’autres jeunes.
Chaque jour, des badges accrochés au cou, le sac au dos, il parcourt à bicyclette, plusieurs quartiers de la ville à la recherche de la clientèle. « Je fais Saaba, Loumbila, Tampouy, puis le centre-ville avant de rentrer à la maison à 18h », laisse-t-il entendre.
Il lave la carte à 200F. De son avis, ses clients sont variables. « Le métier de lavage des cartes est rentable pour moi car il contribue à faire vivre ma famille et à me nourrir. J’ai une femme et des enfants. Je ne fais plus autre chose que cela. C’est à base de ce métier que j’ai pu m’acquérir une cour et scolariser mes enfants au nombre de trois », précise-t-il.
« J’utilise une matière qui n’efface pas les écritures. Elle se trouve au Ghana et je pars chercher en cas de rupture », souligne-t-il.
Dans ce metier, le jeune Apouri rencontre souvent des difficultés avec certains de ses clients. « Il arrive par moment, que certains clients jouent au malin. Il n’a pas d’argent ou peut-être il a mis dans son cœur qu’il ne va pas te payer.
Alors, tu nettoies bien sa carte.
Il prend et te dit que rien n’est fait, ce n’est pas bien nettoyé, ça reste la même chose qu’auparavant et qu’il ne va pas payer. En ce moment tu fais quoi ? Tu n’as pas la possibilité de réclamer ton argent », déplore-t-il, cependant.
Il rêve d’apprendre à d’autres jeunes son travail. « L’idée est née. C’est ma contribution pour le développement de mon pays. Tout mon souhait est qu’on puisse l’améliorer et surtout valoriser ce travail de sorte à ce que d’autres jeunes s’y intéressent », conclut-il.
Par ailleurs, Apouri nourrit un rêve. « Si je gagne de l’argent, je vais créer d’autres idées pour améliorer le travail et surtout employer beaucoup d’enfants afin qu’ils bénéficient des connaissances », estime-t-il.