En cette rentrée scolaire du 2 Octobre 2023, plusieurs Personnes Déplacées Internes, parents d’élèves, à Ouahigouya, région du Nord sont dans l’impasse. Constat fait lors de notre visite sur le site de l’ancien Institut Régional d’Administration (IRA) où beaucoup d’entre eux sont logés.
Par Zakiss Ouédraogo, correspondant dans le Yatenga
Sur le site de IRA, le simple fait de parler de la rentrée scolaire donne de l’insomnie aux Personnes Déplacées Internes qui y vivent. Car, pour cette reprise des classes, rien ne garantit que leurs progénitures iront à l’école.
Pour Mahamoudou, le répondant des déplacés internes sur ce site, les rentrées se ressemblent. « Celle de l’année passée est identique à celle de cette année et la rentrée a été toujours pour nous une grande période d’angoisse » dit-il après un profond soupir qui explique le désarroi dans lequel il se trouve.

Il dit alors, d’une part : « Sur ce site, nos enfants sont orientés vers l’école de l’ONG EDUCO et les écoles Souli. Dans ces écoles, nous sommes confrontés à des difficultés de payement des frais de cotisation de l’Association des Parents d’Élèves (APE) ».
Et d’autre part : « aux différentes cotisations et l’achat de certaines fournitures scolaire. Au regard de ces cotisations, il y a des parents qui n’ont pas pu inscrire leurs enfants. »
Face à la situation, Mahamoudou demande la clémence des acteurs de l’éducation pour qu’ils revoient les conditions d’accès des élèves déplacés internes dans les écoles d’accueil.
Ceci, à l’en croire, va « permettre à nos enfants d’avoir les mêmes chances que les autres enfants ». Surtout, qu’il regrette qu’en son temps, il n’a pas eu la chance de fréquenter l’école. De ce fait, Mahamoudou souhaite mettre toutes les chance du côté de son enfant pour qu’il soit scolarisé.
Notre interlocuteur rappelle que l’année passée, au niveau du secondaire, tous les élèves déplacés internes du Loroum ont été accueillis au collège Naba Tigré. Mais il regrette que « les professeurs de ce lycée du fait de la gratuité des cours n’ont pas donné le meilleur d’eux-mêmes »
La conséquence en est que : « cette année, beaucoup d’élèves ont retiré leurs dossiers pour se réinscrire ailleurs », se désole Mahamoudou qui déclare : « Je paie plus de 50 000f pour mon enfant qui est au Lycée Teltaba, un lycée privé. Là-bàs, les enfants apprécient. »
Il implore les autorités à se préoccuper spécifiquement de la question des élèves déplacés internes (EDI) qui sont « plusieurs enfants de tout âge confondu qui n’ont pas eu la chance de s’inscrire pour des raisons de manque de places et de manque de moyens financiers ».
S’exprimant sur le sujet, Salmatou explique : « il y a des parents qui ont eu la place mais à cause des éventuelles cotisations, ils ont désisté et laissé les enfants errer dans la ville pour quémander, chose que je n’apprécie pas ».

De plus, précise-t-elle : « A cause des frais APE et certaines cotisations d’autres ont enlevé leurs enfants. C’est seulement les éventuelles cotisations qui causent problème sinon, une fois inscrit dans l’une de ces écoles, nous avons des soutiens en nature comme les fournitures scolaire et des sacs d’écoliers. »
Salmatou conclut : « Les enfants qui ne se sont pas inscrits dépassent largement ceux qui sont inscrits. A chaque fois quand nous recevons les autorités ou les ONG dans notre site, nous évoquons sans ambages les problèmes liés à l’école ».
Lamoussa, un autre parent d’élèves déplacés internes, renchérit en ces termes : « Nos enfants qui ne vont pas à l’école sont nombreux. Nous avons eu plusieurs promesses mais rien n’a vu le jour d’abord. Les enfants qui ne sont pas scolarisés et qui ne font absolument rien s’adonnent souvent aux vols, à la délinquance juvénile et au banditisme ».
« Les cotisations A P E permettent aux écoles de fonctionner », selon Issa Ouédraogo
Issa Ouédraogo, directeur de l’école B de Souli, explique que les PDI viennent avec l’esprit qu’ils ne doivent faire aucun effort pour l’éducation de leurs enfants.
Selon le directeur, dans la région du Nord, les Ong et les politiciens ont contribué à encrer la facilité dans la tête des parents d’élèves qui ne veulent même pas contribué pour le fonctionnement des écoles.
Il indique que l’Etat ne contribue pas pour le fonctionnement des écoles, c’est avec les « frais APE qui nous arrivons à faire face aux dépenses de l’école comme l’électricité, l’ONEA, les gardiens, les cantinières. Et bien d’autres dépenses. »
Par conséquent soutient Issa Ouédraogo, les frais APE s’élèvent seulement à 2000 FCFA pour toute l’année scolaire. « Nous ne chassons pas les enfants parce qu’ils n’ont pas payé. C’est seulement le parent que nous interpellons. » a-t-il conclu