Le comité international mémorial Thomas Sankara a organisé un pèlerinage des anciens à Pô. Le pèlerinage a eu lieu le mardi 13 octobre 2020 sous le thème « sur les traces de Sankara à Pô : à la découverte de l’histoire du CENEC ». Ce pèlerinage fait partie des activités commémoratives des 33 ans de l’assassinat du Président Thomas Sankara.
Par Tatiana Kaboré, de retour de Pô
À l’arrivée à Pô, les pèlerins de Ouagadougou ont été accueillis par d’autres anciens compagnons du capitaine Thomas Sankara sur place à Pô. Parmi eux, des commandos du camps Thomas Sankara. Après des échanges chaleureux de poignées de mains , le cap est mis sur le Haut-commissariat de Pô, point de départ des visites des différents sites.
Le point de chute, la maison des armements, le centre où était gardé le matériel de la compagnie commandos a été visitée. C’est une visite guidée. Ensuite, le premier poste de commandement où a été installée la compagnie commandos a été parcouru.
Ce qui reste de ce poste, c’est malheureusement un bâtiment qui a néanmoins gardé les bureaux et la chambre qu’occupait le capitaine Thomas Sankara qui, tout en disposant d’une belle villa à Pô, l’a refusée pour rester aux côtés de ces hommes. Puis, le poste de commandement où était installés les commandos et le centre nationale d’entraînement commando (CENEC). Après la cette visite, des témoignages fusent.
Sayouba Sakandé, commerçant et ami de Thomas Sankara, affirme à l’issue de la visite du site, que le plus beau souvenir qu’il garde de lui « c’est sa solidarité, son humanisme » à travers la construction des maisons pour les personnes âgées sans abris. Le plus mauvais, c’est la mort de leur idole, Thomas Sankara.
Sidi Abi Gomgnigon est un ancien ami et correspondant du Capitaine Thomas Sankara à Pô. « Je suis l’un des premiers amis de Thomas Sankara à Pô. C’était un homme social et c’est grâce à lui qu’on a su que l’armée pouvait soigner les malades. Le plus beau souvenir que je garde de lui c’est lorsqu’il était ministre d’Etat de l’information et il m’a appelé pour être un correspondant de presse. Le plus mauvais souvenir c’est son assassinat. Selon moi, les idéaux de Thomas évolue avec beaucoup de tâtonnement. De nos jours ce n’est pas la patrie ou la mort, mais la patrie ou la vie. »
Selon Nanema Cyprien, Haut-commissaire de 1984 à1987 à la retraite sous Thomas Sankara, « ce pèlerinage a permis de faire connaitre à la jeune génération, qui a été Thomas Sankara, le militaire jusqu’à l’homme d’Etat qu’il était. Selon lui ce site a été choisi pour suivre ces traces dans la ville de Pô qui est une ville représentative et symbolique dans la vie du Capitaine Thomas Sankara et de la révolution d’août 1983. La ville de Pô est appelé berceau de la révolution et foyer incandescent de la révolution. » M. Nanema se dit très heureux d’être sur ces lieux historique et d’échanger avec des anciens commandos du président Sankara qui étaient avec lui depuis 1975. Après la visite des échanges sur l’historique des commandos de Pô ont eu lieu.
L’historique des commandos de Pô : les recrues percevaient 630 francs par quinzaine
L’histoire des commandos de Pô tire son origine du conflit Malo-Voltaïque de 1974-1975. Janvier 1975, a été l’année de la sélection des recrues pour la constitution de la première compagnie commando de Haute-Volta.
Le conflit Malo-Voltaïque ayant pris de l’ampleur, le général Baba Sy fait venir Thomas Sankara, jeune officier qui était instructeur commando. Alertée le 03 juin 1975, la compagnie s’est rendue au village de Djindjé à 25 km du poste de commandement et à 5 km du premier poste malien Batou où l’attaque a eu lieu.
Cette attaque a durée 45 mn avec une victoire des hommes du Capitaine Thomas Sankara. Après cette victoire, la compagnie s’est rendu alors à Bobo-Dioulasso pour une formation parachutiste au sol par manque d’avion de saut. Suite à cette formation, la compagnie s’est alors définitivement installée dans la localité de Pô le 26 septembre 1976. La compagnie a été muée en Centre National d’Entrainement commando (CENEC). A l’époque, les recrues percevaient 630 francs par quinzaine.
Après l’installation des commandos, la seconde manche était la réalisation de nouvelles infrastructures qui devrait abriter le futur camp des commandos. Ces réalisations étaient entre autres, le foyer, le nouveau poste de commandement (PC), les bureaux annexes, les dortoirs, le carré d’armes etc.
Les commandos avaient 10 commandements à respecter notamment le commando ne ment pas, il se défend, le commando ne frappe, il éduque…. Il devait également avoir foi en lui, de l’énergie, devait être rigoureux et solidaire. La devise des commandos est : « pour l’honneur, j’oserai. »
Les pèlerins ont clos leur tournée par la plantation d’arbres au sein du camp commando Thomas Sankara de Pô. Interrogée à la fin des visites, Yabré Gouasso, un étudiant déclare « ce pèlerinage a permis de se ressourcer, de renforcer notre connaissance de Thomas et de nous aguerrir. Il nous a permis de tenir tête face aux détracteurs et ceux qui essayeront de réduire Thomas Sankara à n’importe. »