Les populations de Ouagadougou rencontrent de pénurie gaz butane depuis le mois de décembre 2022. Qu’est ce qui cause cette situation ? Les Ouagavillois font-ils face à une pénurie de gaz ? Y a-t-il une augmentation des prix ? Libreinfo.net a effectué un constat sur le terrain auprès des distributeurs et revendeurs de gaz butane pour toucher du doigt la réalité.
Par Elza Nongana
Les Ouagavillois éprouvent des difficultés à trouver du gaz butane, ces derniers jours et même dans plusieurs provinces du pays. Au quartier Toéyibin et dans d’autres quartiers de la capitale du Burkina, la plupart des dépôts des distributeurs agréés de vente de gaz butane que je vois sont fermés.
A Pissy, un des grands quartiers de Ouagadougou, j’aperçois, dans une boutique d’un distributeur agréé de gaz butane, une dame en train de balayer la terrasse. Elle me dit qu’elle est la femme du propriétaire du dépôt. Elle nettoie les lieux. Dans cette boutique, il n’y a pas de gaz. Elle m’apprend que leur boutique sera bientôt ravitaillée en gaz butane.
«Depuis le 16 décembre 2022 jusqu’aujourd’hui, m’explique-t-elle, nous n’avons pas reçu de recharges de gaz butane. C’est le vendredi passé qu’ils sont venus ramasser nos bouteilles vides pour aller les recharger. Nous sommes donc dans l’attente. Notre souhait c’est d’avoir le gaz butane en permanence pour le revendre ».
Alex Kaboré, un client venu s’approvisionner, estime, lui, qu’il y a une pénurie de gaz butane:« S’il y a plus que pénurie ; j’allais utiliser ce mot parce que c’est juste avant les fêtes de fin d’année que nous avons constaté le manque. Un peu partout on ne peut même pas avoir du gaz».
Et pour lui, le problème demeure le fait de ne pas savoir quand exactement cette situation prendra fin et que l’approvisionnement sera rétabli. « Pour avoir du gaz, il faut se rendre chez les revendeurs et ajouter de l’argent au prix officiel fixé. La recharge de la grande bouteille de 12 kg coûte normalement 5.500 F. CFA mais il faut ajouter 1.000 F. CFA soit un total de 6.500 F CFA.»
Selon M. Kaboré, la population burkinabè serait face à une situation de pénurie de gaz butane entrainant, dans la foulée, une augmentation des prix chez les revendeurs non agréés.
Dans une des stations-services situées à Kalgondin,le constat de manque de gaz est également avéré. Là, les prix sont affichés sur la grille d’entrée du dépôt. On peut y lire 2.000 F.CFA pour les recharges des bouteilles de 6 kg et 5.500 F. CFA pour celles de 12 kg.
Je constate cependant, aux alentours du quartier Paglayiri, face au marché, qu’un revendeur non agréé a en sa possession des bouteilles rechargées.
Ce dernier refuse de s’adresser à moi, me disant d’un air nerveux, qu’il ne revend pas de bouteilles de gaz. Des clients étaient pourtant devant lui, avec leurs bouteilles vides dans l’espoir de repartir avec des bouteilles pleines.
Un des clients s’est approché de lui, ils se sont chuchotés des mots à l’oreille, le client lui a remis de l’argent.
Chez un autre revendeur non agréé, à Cissin, la recharge de la bouteille de 6 kg est vendue à 3.000 F. CFA et celle de 12 kg à 6.000 F. CFA contrairement aux tarifs homologués.
La spéculation sur les bouteilles de gaz butane est officiellement interdite au Burkina Faso mais cela n’empêche plusieurs commerçants. L’Etat burkinabè a fixé les prix du gaz butane en fonction du kilogramme et de la localité. Malgré cela, les prix chez les revendeurs agréés sont différents de ceux chez les revendeurs non agréés.
A la Direction générale de la réglementation et du contrôle des prix du ministère du Commerce où je me suis rendue pour comprendre cette situation de prix, un agent dit être au courant de l’augmentation des prix du gaz butane par certains revendeurs non agréés.
Il me rassure :« Nous effectuons des contrôles réguliers sur le terrain et nous procédons à la saisie des bouteilles lorsque nous constatons que les prix de vente fixés ne sont pas respectés ».
La direction générale de la réglementation et du contrôle des prix assure en outre que des contrôles spontanés se poursuivent sur le terrain.
Elle invite, par ailleurs, la population à dénoncer les revendeurs qui ne respectent pas les prix fixés par l’Etat.