La Société nationale de l’électricité du Burkina (SONABEL) a organisé une immersion dans la Centrale électrique Bobo II et au poste de transformation de la même ville, au profit de journalistes venus de Ouagadougou, Gaoua, de Banfora ainsi que des représentants d’organisations de la société civile comme la Ligue des consommateurs du Burkina. Du 27 au 28 mars 2025, ils ont côtoyé les agents de la SONABEL à Bobo-Dioulasso dans leur quotidien.
Par Nicolas Bazié
Ils travaillent 24h/24 ! Comme vous pouvez l’imaginer, il s’agit des agents de la Nationale de l’électricité, la SONABEL. À la Centrale électrique Bobo II, c’est ainsi depuis 1987, date de l’installation de certaines infrastructures électriques.
Pas d’arrêt momentané de travail : ces agents, répartis dans plusieurs services et qui se relaient, doivent assurer la continuité de la fourniture de l’électricité aux Burkinabè sur l’ensemble du territoire national. Car les machines fonctionnent tous les jours et ce, depuis maintenant 38 ans.
C’est le constat fait à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina, où des journalistes ont fait une immersion pour s’imprégner des réalités de terrain dans la production et la fourniture de l’électricité.
Un incident à Kodeni comme entrée en matière
Dès leur arrivée dans la capitale économique le 27 mars 2025, les journalistes venus de Ouagadougou ont été invités dans le quartier Kodeni. Là, un incident a occasionné un déclenchement, c’est-à-dire un black out dans la ville, la privant de l’électricité en un laps de temps. Sur place, l’on apprend qu’une personne qui manœuvrait une grue a endommagé un fil électrique sous haute tension : le fil s’est rompu.

L’impact est palpable. Du feu a jailli, comme le dit cette vendeuse de riz qui se rappelle encore de ce qui s’est réellement passé.

Ce témoin oculaire du nom de Aïssatou Barry raconte : « C’était aux environs de 14h moins, j’étais avec mes clients. Soudain, j’ai vu le véhicule (la grue, ndlr) s’arrêter. Du feu a jailli d’un coup. Nous avons entendu un bruit et les gens ont commencé à crier.»

Et de poursuivre : « Ils ont dit du feu ! du feu ! du feu ! Nous avons tous fui. Le hangar de mon mari a pris feu. Tout ce que le fil électrique a touché au sol a été brûlé. Fort heureusement, les agents de la SONABEL sont intervenus à temps ».

La Police nationale s’est également déployée sur les lieux. Plus de peur que de mal, le danger a été vite écarté, l’électricité rétablie le même jour. Cependant, les agents de la SONABEL ont fait remarquer que les riverains se sont installés dans un couloir de ligne, puisque les fils électriques passent au-dessus de leurs têtes.
Ce qui est très dangereux, indiquent-ils, soutenant qu’il faut qu’ils libèrent les lieux. « C’est un impératif », martèle Joël Jean-Pascal Zerbo, chef de Service distribution de Bobo-Dioulasso qui fait savoir que le risque majeur dans ces situations, « c’est la mort, l’électrocution ».

Visite approfondie de la Centrale Bobo II
Après une brève présentation de la centrale Bobo II, le 27 mars, les hommes de médias et les représentants d’OSC sont reconduits sur le site, le 28 mars, pour une visite plus approfondie.
Tout a commencé par l’ancienne salle de machines qui abrite cinq groupes dont le premier, installé en 1987, est toujours en service, selon le responsable du Service production thermique Bobo, Inoussa Traoré.

La visite s’est poursuivie dans la nouvelle salle à niveau de machines où il y a quatre moteurs avec une puissance d’exploitation de 10 mégawatts chacun. Le total fait 40 mégawatts, explique Inoussa Traoré qui révèle que le premier groupe a été installé en 2015.

En haut, se trouvent les chaudières qui permettent la consommation des combustibles. À cet endroit, les agents veillent jour et nuit et de façon continue sur la santé des installations, afin qu’elles puissent produire en quantité pour répondre à la demande des consommateurs. Face à cette forte demande, le groupe 6, qui avait fonctionné pendant 36 000 heures, était en révision générale avant d’être remis en service dans les délais.
La presse a aussi visité le module de conditionnement. C’est là que le combustible arrive pour être bien conditionné avant son utilisation par les machines. Il y a aussi le local séparateur dont le rôle est de nettoyer le combustible, livré par la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (SONABHY) à la demande de la SONABEL, indique M. Traoré.
La SONABEL a prévu ce qu’elle appelle « un stock de sécurité » ou une réserve. Ce sont des dispositions prises pour assurer le fonctionnement des machines en combustible, durant un mois, au cas où il y aurait une rupture, fait savoir Serge Ouédraogo, chef de la Division exploitation Bobo II.

Selon lui, des cuves sont en construction pour renforcer la réserve. Ce qu’il faut noter, c’est que la consommation journalière de la centrale Bobo II en combustible est de 5 camions de 45 000 litres. « Cela fait 225 000 litres au HFO si toutes les 9 machines marchent à 24 heures», soutient Serge Ouédraogo.
La visite a pris fin dans la salle de commande où l’on contrôle toute la Centrale thermique, les paramètres électriques et mécaniques.

Pour Félix Sawadogo, chef du Département production thermique des agences commerciales de la SONABEL, la Centrale électrique Bobo II est l’une des grosses unités de la Nationale de l’électricité. Elle a une puissance installée d’environ 69 mégawatts.

La puissance exploitable actuelle est de 46 mégawatts, compte tenu de la vétusté de certains équipements dont d’autres sont en arrêt ou en maintenance, fait-il savoir, ajoutant que la Centrale Bobo II contribue autour de 10% à la demande au niveau du Réseau national interconnecté (RNI).
225 000 volts venus de la Côte d’Ivoire
À quelques jets de pierre de la Centrale thermique se trouve l’un des postes les plus importants de la SONABEL : le poste de transformation ou, du moins, de répartition de Kodeni. C’est là qu’arrive l’électricité fournie par la Côte d’Ivoire, pays voisin du Burkina.
Seydou Sanou, agent technique, est le chef de ce poste où la prudence est de mise. À l’en croire, le poste reçoit une charge de 225 000 volts de la Côte d’Ivoire. Cette tension élevée est ensuite abaissée à 33 000 volts avant de procéder à la répartition de l’électricité dans la salle dite « HTA».

Que ce soit à la Centrale thermique Bobo II où les agents travaillent tous les jours dans une chaleur qui varie entre 60 et 65° C en fonction de la température de la météo, ou au poste de transformation de Kodeni où ils côtoient en permanence un danger existentiel, la SONABEL mène une lutte acharnée depuis plusieurs années pour satisfaire les besoins des populations en électricité.