Les pays de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ont porté plainte contre l’Ukraine qui avait déclaré soutenir le terrorisme au Sahel. Cependant, jusqu’à présent, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas accusé réception de cette plainte déposée depuis le 19 août 2024, indique le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop.
Par Nicolas Bazié
Voilà maintenant presque 3 mois que la plainte des pays de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) déposée contre l’Ukraine pour « soutien ouvert et assumé » au terrorisme dans le Sahel dort sans doute dans un tiroir aux Nations Unies.
Lors d’un forum en Russie, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, s’est demandé s’il existe vraiment une communauté internationale.
« Le Burkina Faso et le Niger ont porté une plainte claire et simple devant le Conseil de sécurité de l’ONU contre l’Ukraine, membre des Nations Unies, qui a des obligations et qui a déclaré ouvertement via ses officiels, des services de renseignements et des diplomates, qu’elle soutient activement, en renseignements et en moyens logistiques, les groupes terroristes dans le nord du Mali. Ce qui est totalement inacceptable», a rappelé le diplomate malien face à la presse russe.
Cependant, depuis le 19 août 2024, jusqu’à ce jour, « le Conseil de sécurité n’a même pas accusé réception de ce que nous avons déposé», a déploré le ministre Abdoulaye Diop.
« Nous savons que la Russie soutient notre démarche mais nous n’avons entendu personne d’autre», a poursuivi M. Diop qui s’est posé plusieurs questions. « Qu’est-ce que cela veut dire ? La communauté dite internationale travaille-t-elle pour la paix et la stabilité ? Ou c’est de la politique du deux poids deux mesures ?», s’est-il demandé.
Il a fini par se convaincre du silence de l’ONU dans cette affaire. « Quand un ami, un allié, est mis en cause, on préfère regarder ailleurs», a-t-il fait remarquer. Une déception, selon ses dires. « Nos populations sont très déçues, et nous pensons que plus jamais, nos pays doivent prendre leur destin en main», a-t-il conclu.
La dénonciation de l’AES faisait suite à l’attaque terroriste fin juillet 2024 de la localité malienne de Tinzaouatène, dont le soutien ukrainien a été assumé publiquement par l’ambassadeur de l’Ukraine au Sénégal et un responsable de la sécurité ukrainienne.
Deux semaines après la plainte du Mali, du Burkina et du Niger, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitri Kouleba, a présenté sa démission le 4 septembre 2024.