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Politique : radioscopie comparée de Ben Ali et de Blaise Compaoré

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L’ancien président Tunisien, Zine El-Abidine Ben Ali, est mort, jeudi 19 septembre, à l’âge de 83 ans en Arabie saoudite, où il vivait en exil depuis la révolution de 2011. Notre chroniqueur de l’actualité internationale, Ismaël A. Diallo pense que cet ancien chef d’état qui a été chassé par la rue en 2011 et l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré aussi en exil en Côte d’Ivoire ont des similitudes tristement symboliques, depuis leur accession jusqu’à la chute du pouvoir.

 Comment vous avez appris la mort de l’ancien président Tunisien Ben Ali ?

Par les médias : Radio, Journaux, TV.

Il fut la première victime du printemps Arabe, comment vous trouvez sa gestion du pouvoir à l’époque ?

Formé par l’Armée et la Police, il avait une conception dirigiste du pouvoir. Année après année il a renforcé les appareils de surveillance et de répression, a eu la main lourde sur les opposants. A fini par instaurer une dictature sous des artifices d’Etat de droit avec une économie libérale et un progrès apparent.

D’aucuns n’hésitent pas à voir des similitudes entre l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré et Ben Ali, vous êtes de cet avis ?

Je suis de cet avis !

Quelles sont ces similitudes ?

Je vois des similitudes depuis novembre 1987.

Blaise Compaoré s’est accaparé du pouvoir d’Etat le 15 octobre de cette année, Ben Ali trois semaines après, le 7 novembre. Ce dernier au moins pas suite à un assassinat de son prédécesseur, mais par effraction : une attestation d‘incapacité permanente du président Habib Bourguiba pour raison de sénilité. Il avait auparavant été haut fonctionnaire, ambassadeur, ministre, premier ministre. Chemin faisant, Ben Ali a dû cultiver l’idée de se hisser au sommet de l’Etat. Blaise Compaoré lui, a été l’artisan de l’avènement au pouvoir du Conseil National de la Révolution -CNR- avec Thomas Sankara pour président. Chemin faisant, B. Compaoré a lui également nourri l’idée de « devenir calife à la place du calife ». Il ne s’est pas contenté d’écarter son prédécesseur à la faveur d’une absence du pays de ce dernier ou d’un emprisonnement ; il l’a fait cribler de balles réelles, et ensevelir comme un ….

Autres similarités : 

-L’un et l’autre ont construit un pouvoir personnel centré sur eux et leur entourage.

-Ils ont gouverné en usant de prébendes en nature et en espèces, de menaces, d’injustices, de brutalités, de meurtres, déguisés ou évidents.

-Ils ont été avides d’avoir : affidés, courtisans, hommes de mains, argent, luxe, recherche de prestige, etc….

-Ils ont laissé les parents construire, avec des amis et d’obligés un faisceau de prédateurs au mépris de la bienséance et des lois.

-Ils ont mis à leur botte l’Administration publique. Faisant d’elle un vaisseau ivre de corruption, de clientélisme, de passe-Droits.

-Ils ont fini par penser et croire qu’ils étaient différents, au-dessus de tous et de tout.

-Ils ont insulté l’avenir !

-Ils ont dû fuir leur pays comme des malpropres ; qu’ils étaient en vérité.

C’est une immense fortune qui a été retrouvé au domicile de Ben Ali après sa chute contrairement chez Blaise Compaoré, pourtant ils ont fait presque le même temps au pouvoir. Comment expliquez-vous cela ?

Le goût du luxe et de la luxure de Ben Ali et l’avidité de Leila Trabelsi étaient plus grands que celui de Blaise Compaoré et celle de Chantal Compaoré.

Le couple Ben Ali n’a pas eu le temps de vider ses palais et tiroirs, de faire emporter les biens meubles coûteux comme les bijoux, les liasses d’argent en différentes devises

et véhicules de luxe. Le couple Compaoré lui, a eu le temps d’emporter tout ce qu’il a voulu soustraire. Même durant les jours et les semaines après sa fuite.

Avant la chute des deux présidents, ils ont tous connu le terrorisme, Pensez -vous que Blaise Compaoré et Ben Ali avaient tous la même perception de la lutte contre le terrorisme ?

Mon avis n’est qu’une supposition, n’ayant pas été près de ces cercles de pouvoir. Ben Ali semble avoir plus tenu à distance que combattu avec force le terrorisme. Comme le pouvoir de Mubarak en Égypte a combattu les Frères musulmans sans résultats probants. Après la chute de Ben Ali, le parti islamiste et la mouvance violente ont ressurgi avec force et occupé un bon espace de la scène politique. En Égypte, les Frères musulmans sont même parvenus au pouvoir par des élections. Avant de réaliser qu’ils ne sont pas faits pour gouverner au XXIe siècle.

Blaise Compaoré a joué au plus malin en ayant deux fers au feu : être ami avec ceux qui sont des ennemis. C’est un pari perdu à moyen et long terme. Le Burkina en fait l’expérience depuis 2015.

Qu’est ce qu’on peut retenir de Ben Ali sur la scène internationale ?

Qu’il faut cesser de se croire différent, au-dessus de tous et de tout. Mais c’est une suggestion inutile. Parce qu’il y aura toujours des individus pour penser et croire qu’ils « sortent de la cuisse de Jupiter ».

Ismaël A. Diallo, Chroniqueur inter.

www.libreinfo.net

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