Depuis quelques années, il est passé maitre des arènes au Burkina ; lui, c’est Eloi Zerbo champion de la lutte traditionnelle. Comme lors des deux précédentes éditions de la Semaine nationale de la culture (SNC), il a encore fait parler de lui lors de cette SNC Bobo 2023, dans la catégorie lutte traditionnelle. Libreinfo.net a rencontré le lutteur encore appelé « Le Python ».
Par Anderson Sanou
Vainqueur dans son domaine, ce lutteur est en pleine ascension, marchant ainsi sur les pas de Raoul Athanase Moussiané dit « Le Taureau du Nayala » qui avait longtemps été une figure de proue de la lutte traditionnelle burkinabè.
« Le Python », c’est son nom à l’arène, mesure 1,74 m, pèse 102 kg, est musclé et bien en chair. A 32 ans, Eloi Zerbo dit « le Python » possède un physique qui force l’admiration. Il est originaire de Diére, dans la province du Nayala comme son illustre prédécesseur Raoul Athanase Moussiané dit « Le Taureau du Nayala ».
Dans cette région, la lutte fait partie des jeux d’enfants et Eloi Zerbo était donc prédisposé à évoluer dans ce sport de combat traditionnel. « Mon grand-père fut un grand lutteur. Mon père aussi s’est bien illustré dans ce domaine.
C’est donc à mon tour de perpétuer la tradition. La pratique de ce sport est avant tout un acte de bravoure » dit le champion en titre de la SNC 2023.
C’est depuis sa tendre enfance qu’Eloi Zerbo a révélé ses talents de lutteur en participant aux compétitions de lutte organisées à la fin des récoltes, dans les villages environnants le sien.
Il y prend goût, s’y attache, au point d’arrêter ses études en classe de cours élémentaires deuxième année (CM2). Sa carrière a véritablement débuté en 2010.
Eloi Zerbo a effectué son premier combat au Niger en 2011 et en est sorti victorieux. Depuis lors, celui qui se fait surnommer « Le Python » enchaîne les exploits (4 fois vainqueur du championnat national de lutte) raflant au passage 17 motos, 11 vélos et des charrettes au fil des différentes compétitions.
« Mon plus grand souvenir, se réjouit-il, c’était lors d’une compétition à Paris, en France, en 2012. Sur 53 athlètes burkinabè présents, j’étais le seul à revenir avec une médaille ». Le parcours du jeune lutteur l’a également conduit au Sénégal.
Un champion dans l’arène, mais conditions de vie difficiles
Une riche carrière, certes, mais qui n’a pas de répercussion sur les conditions de vie du champion national : « C’est un sport qui me passionne mais, fâcheusement, je n’y gagne pas convenablement ma vie. C’est un sport qui n’est pas valorisé au Burkina, donc impossible de vivre uniquement de la lutte.
Après chaque compétition, il faut attendre une année pour participer à une autre. Pendant ce temps, je prends en charge mon entrainement et j’ai aussi une famille à nourrir. J’ai rivalisé avec des lutteurs sénégalais de renom. Eux s’en sortent bien tandis que moi je ne dispose même pas d’un bon logement » regrette le jeune athlète.
A la question de savoir quelle activité Eloi Zerbo dit « Le Python » exerce en dehors de la lutte, c’est avec beaucoup de gêne qu’il nous a confié : « Je suis conducteur de taxi-moto. Les dures réalités de la vie m’ont conduit à quitter mon village.
Et cela fait 4 ans que j’exerce ce métier à Bobo-Dioulasso, afin de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille ».
Le rêve d’Eloi Zerbo est d’exporter son talent de lutteur à l’international, notamment au Sénégal. Il souhaite vivre de ce sport. Son ambition, c’est aussi de créer un centre de formation en lutte traditionnelle. Pour parvenir à réaliser ses projets, il dit compter sur l’aide de bonnes volontés.