Le Burkina Faso fait face à de nombreux défis dont certains sont d’ordre existentiel. De toute évidence, la résorption de ces défis requiert la conjugaison des efforts de l’ensemble des Burkinabè. Mais un malheureux constat perdure : le gouvernement et le monde syndical, censés être les forces motrices de mobilisation de toutes les énergies positives à même de relever ces défis, entretiennent un bras-de-fer sérieux. L’on doit se convaincre que ces défis ne sauraient véritablement se dissiper d’eux-mêmes. Il revient certainement à ces deux camps d’acteurs principaux, gouvernement et syndicats, d’adopter des mesures et d’engager des actions exceptionnelles.
Par La Rédaction
Au paludisme qui endeuille depuis plusieurs décennies, et au terrorisme qui endeuille aussi depuis 2015 tout en menaçant l’existence même de l’Etat burkinabé, s’est ajouté la pandémie du Coronavirus (Covid-19) il y a près d’un mois. Comme dans tous les pays qui ont connu cette pandémie, le Burkina Faso gagnerait à réussir le pari de la conjugaison des efforts de l’ensemble de ses fils et filles. Toutes les formes de divisions, quelles qu’elles soient et quelques soient leurs raisons, doivent être mises entre parenthèse, le temps de vaincre cette pandémie.
Du reste, la lutte contre le Covid-19 a nécessité dans notre pays, l’instauration de l’état d’urgence sanitaire ; ce qui témoigne d’un contexte de circonstances exceptionnelles. Et un tel contexte appelle nécessairement à la prise de mesures exceptionnelles. Dans ce sens, il importe qu’à tout le moins, le président du Faso ordonne urgemment la levée de la suspension de salaires dont ont été frappés des responsables syndicaux, tout en demandant pardon à ces derniers au nom de l’Etat ; car, cette suspension relève d’un abus de pouvoir inacceptable. Dans la même dynamique, le chef de l’Etat serait mieux inspiré de décider de la suppression – ou à tout le moins de la suspension – de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) sur les primes et salaires des agents de l’Etat, quoique la perception de cet impôt ait été prévue par la loi de finances, gestion 2020.
De plus, le président du Faso ferait mieux de lancer, à l’endroit du monde syndical, un appel solennel à l’union sacrée avec le gouvernement – qui se trouve lourdement affecté – pour relever les défis liés spécifiquement au Covid-19. Cela aura le mérite, au moins, d’afficher sa volonté – vraiment nécessaire dans le contexte actuel – de décrisper le climat social. Il faut aller au-delà des appels répétitifs à la trêve sociale ! A ce sujet, le président sénégalais est assez inspirateur, lui qui a su se faire rallier tous les principaux acteurs nationaux. En retour, il a exprimé sa reconnaissance à l’ensemble de la classe politique, au monde syndical, aux organisations de la société civile, pour l’union sacrée qu’ils ont donnée de voir autour des défis qu’imposent le Covid-19 au Sénégal. Le président nigérien est aussi inspirateur dans ce sens pour avoir, du moins, accordé la grâce présidentielle à Hama Amadou, un de ses principaux adversaires politiques jugé et condamné dans le cadre d’une affaire de trafic international de bébé.
Annoncer de fortes mesures sociales et les exécuter le plus rapidement possible
De son côté, le monde syndical burkinabé – dans sa composante radicale qui est apparemment plus représentative des travailleurs – rendrait service aux Burkinabè en suspendant le mot d’ordre de grève générale, mais aussi en renonçant à l’exigence du versement des sommes déjà retenues sur leurs rémunérations au titre de l’IUTS. Au-delà, un appel solennel à la mobilisation de l’ensemble des travailleurs à reprendre le service en se conformant bien sûr aux mesures requises pour la prévention contre le Covid-19 s’avère nécessaire.
Au-delà, serait salutaire, l’appel des structures syndicales à l’endroit de leurs militants les invitant à s’investir activement dans les initiatives et actions idoines pour contrer la propagation très inquiétante de cette pandémie. A ce titre, l’on peut déjà reconnaître la pertinence de la renonciation des syndicats à leur marche-meeting du 17 mars qui allait évidemment drainer plusieurs milliers de personnes dans les rues à travers pays ; ce qui aurait augmenté le risque de propagation de la maladie.
Le locataire du palais de Kosyam gagnerait aussi, dans le sens de la mobilisation de toutes les énergies constructives, à annoncer de fortes mesures sociales à les faire exécuter le plus rapidement possible au profit de l’ensemble des Burkinabè. Evidemment, une loi de loi rectificative pourra être adoptée par l’Assemblée nationale, lorsque la pandémie aura été vaincue, pour régulariser les incidences financières de ces mesures sociales d’urgence.