Les commerces sont toujours au ralenti à la veille de la célébration du nouvel an dans les points de vente de produits. A Ouagadougou, la capitale burkinabè, pris entre le manque d’essence et la morosité du marché, les commerçants ne savent plus à quel saint se vouer.
La fête du Nouvel An est un cérémonial coutumier au Burkina Faso. Cette période est habituellement marquée par des changements dans l’habillement et la restauration chez les consommateurs. De nombreux produits trouvent facilement preneurs en cette période de l’année.
Cependant, ces dernières années au Burkina, avec l’avènement de l’insécurité, le secteur du commerce subit de plein fouet les retombées de cette crise. Si pour les uns le marché était déjà difficile, avec la récente pénurie, voire le manque d’essence ces derniers jours de l’année 2022, tout se complique davantage.
M. Seydou Ouédraogo, vendeur de vêtements pour femmes, est d’avis que le marché, précédemment excellent s’est affaibli aujourd’hui à cause de cette rupture d’essence : « Le marché allait un peu. Mais à cause du manque d’essence, les clients ne viennent plus. Mes clients qui sont à la Patte d’Oie, à Bonheur Ville et à Pissy qui devraient venir vers moi, ne peuvent plus le faire. Moi également, je ne peux pas livrer car c’est le même problème ».
S’étant approvisionné depuis Lomé, M. Ouédraogo a dit que les prix ont flambé ces derniers temps. Ces circonstances l’ont conduit à utiliser son bénéfice pour financer le transport de ses marchandises.
« À Lomé, a expliqué M. Ouédraogo, les prix des marchandises ont augmenté. Même les pantalons modèle Jeans revendus 5000 F.CFA l’unité à Ouaga, on les achète à 4500 F. CFA aujourd’hui à Lomé. C’est sur les 500 F.CFA donc que nous devons payer le transport. Actuellement, c’est un peu compliqué…» a-t-il conclu.
M. André Naboulou, commerçant de chaussures aux alentours de la clinique de santé Notre Dame de la Paix dans le quartier Somggandé, estime que tout se passe bien malgré le ralentissement des ventes.
« Le marché de cette année est un peu difficile, dit M. Naboulou. Nous discutons beaucoup avec les clients mais on ne se plaint pas » a-t-il indiqué.
Sur la question des prix, M. Naboulou a affirmé que les prix ont grimpé ou sont restés constants.
« Tout dépend de la qualité ou de la nouveauté. C’est en fonction de cela aussi que nous prenons ce que nous proposons à nos clients » a expliqué M. André Naboulou.
Quant à Mme Zalissa Compaoré, vendeuse de mèches de cheveux, elle se lamente en déclarant que le marché est catastrophique. Prise entre payer les impôts et s’acquitter du loyer, elle dit ne plus savoir que faire. Vendant autrefois plus d’objets qu’actuellement, elle dit espérer qu’avec la fin du terrorisme tout rentrera dans l’ordre.
« Il n’y a pas de marché. Depuis 20 ans que je suis dans le domaine, si ce n’est pas cette année, je n’ai jamais été confrontée à une telle situation. Depuis ce matin, je n’ai vendu que pour 4500 F. CFA.
« La situation du pays nous met en difficulté, déplore Mme Compaoré. « Pas de joie, pas d’argent. Nous ne vendons pas, nous voulons payer l’argent de location des magasins, des impôts et prendre soin de nous et de nos enfants » se lamente-t-elle.
S’agissant des prix, Mme Compaoré a affirmé que les produits avaient connu des hausses de 250F.CFA à 500 F.CFA, soit l’équivalent des bénéfices attendus.
« Pour ce qui est de la disponibilité des marchandises, nous en avons pris assez au grand marché. Sauf que les prix ont augmenté de 250 F.CFA à 500 F.CFA. Ça fait que c’est délicat dans la vente» a-t-elle conclu tout en pointant du doigt la montée en puissance des escrocs dans le domaine.
Mme Azara Ouédraogo, vendeuse de pagnes et de produits de beauté, pour sa part, estime que la chute libre du marché n’a plus de limite. Écoulant auparavant plus de 100 000 F CFA par jour de produits, aujourd’hui elle se contente du peu qu’elle parvient à écouler.
Elle poursuit : « Cette année, il n’y a pas de marché. Maintenant même, obtenir 50 000 F.CFA en une journée, c’est impossible. A cause de la pénurie d’essence, c’est devenu le chaos. En plus de cela, s’ajoute la situation sécuritaire».
Mme Ouédraogo s’est également plainte : « Tous les produits sont devenus chers y compris les produits alimentaires. Avant, la quiétude régnait dans les villages, ce qui nous permettait de bien vendre. Mais ce n’est plus le cas maintenant. »
Tous ces commerçants rencontrés ont souhaité que l’année 2023 soit celle de la paix et de la fin du terrorisme.