Le Bureau des mines et de la géologie du Burkina Faso (BUMIGEB) a comparu le 8 décembre 2023, au Tribunal de grande instance Ouaga I, pour apporter des éclaircissements dans l’affaire dite charbon fin apposant le procureur du Faso à la société minière IAMGOLD Essakane SA.
Par Nicolas Bazié
Le BUMIGEB a comparu dans le cadre de l’instruction de l’infraction : Faux en écriture privée de commerce et usage de faux en écriture privée de commerce, en lien avec les taux d’humidité du charbon fin qui devrait être exporté en 2018 par la société minière IAMGOLD Essakane SA.
Comment se fait-il que Essakane SA ait un taux d’humidité de 25%, après le prélèvement d’échantillons dans un sac contenant du charbon fin et, dans lequel les experts ont aussi fait des prélèvements et ont obtenu des taux d’humidité de 12,88% pour l’expert du parquet et 11,39% pour les experts judiciaires ? Cela a été la préoccupation majeure du procureur et des avocats de la partie civile à l’audience du 8 décembre 2023.
Le procureur va faire appelle au technicien du ministère des Mines, c’est-à-dire, le BUMIGEB qui aurait également fait des analyses d’échantillons dans cette affaire de charbon fait.
Sauf que les échantillons que le BUMIGEB a utilisés sont ceux qui aurait été transmis par la société Essakane SA. « Donc vous n’avez pas assisté au prélèvement d’échantillons par Essakane SA ?». Une question du procureur à laquelle le représentant du BUMIGEB répond par la négative.
« Nous avons reçu les échantillons de la part de Essakane SA. L’analyse de ces échantillons nous permet d’avoir une idée sur la teneur en or du charbon fin, mais nous ne participons pas à l’échantillonnage », a-t-il dit.
Le procureur estime que si tel est le cas, en principe, Essakane SA et le BUMIGEB doivent avoir le même résultat. Cela l’amène à poser ces questions: « Du point de vue de la démarche scientifique, en termes de qualité, est-ce que c’est la bonne manière ? Est-ce qu’on doit conclure que Essakane SA vous donne ce qu’elle veut ? ». « Nous, nous faisons ce qu’on nous demande de faire », répond le représentant du BUMIGEB.
Le procureur lui pose la question de savoir si on peut se fier au rapport d’analyse des échantillons fait par le BUMIGEB d’autant plus qu’il ne participe pas à l’échantillonnage au niveau de Essakane SA. «Nos résultats sont fiables par rapport aux échantillons que nous avons reçus », clame le BUMIGEB.
«Monsieur le président, nous n’avons jamais dit qu’Essakane SA a pris de seaux d’eau pour aller verser sur le charbon fin, sinon notre prévention n’aura aucun sens », a dit le procureur pour signaler que la manipulation des résultats d’échantillonnage est une constance. L’audience reprend le mardi 12 décembre 2023 toujours au Tribunal de grande instance Ouaga I.