Le procès « guérisseuse de Komsilga et autres » s’est ouvert en toute discrétion ce 9 août 2023, au Tribunal de grande instance Ouaga II. Libreinfo.net a fait le constat.
Par Nicolas Bazié
Tôt ce matin, aux environs de 6 heures, lorsque l’information de la tenue du procès de la guérisseuse de Komsilga a circulé dans certains cercles très restreints, Libreinfo.net a contacté des magistrats et avocats pour en vérifier l’authenticité.
« Je ne suis pas au courant de cette information» nous a répondu un magistrat. Joint au téléphone également, un avocat a déclaré ceci : « J’étais au village. J’ignore cette information…». Cependant, nous avons décidé de nous rendre au Tribunal de grande instance Ouaga 2 pour constater de nous-mêmes s’il y aura procès ou non.
Devant le tribunal, aucune disposition de sécurité particulière. C’est comme si c’était un jour ordinaire comme les autres. Quelques Gardes de la sécurité pénitentiaire (GSP) sont postés à l’entrée de la juridiction comme à leurs habitudes.
Dans la cour, il n’y a rien qui laisse entrevoir la tenue du procès « guérisseuse de Komsilga et autres » dont la prévenue avait été exfiltrée , le 28 juillet, par les agents de l’Agence nationale des renseignements ( ANR) que le gouvernement a justifié plus tard par des raisons de sécurité nationale.
Mais une fois à l’intérieur de la salle d’audience, le dispositif sécuritaire est autre. De nombreux éléments de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) sont bien présents. Certains GSP sont assis, d’autres sont debout et n’hésitent pas à verbaliser ceux qui perturbent l’audience.
La « guérisseuse Adja Amsétou» est assise seule séparée des autres prévenus qui sont dans le boxe des accusés comme elle. Habillée en robe rose, voile marron avec un cache-nez rose, elle a croisé ses jambes et passe presque inaperçue dans la salle.
La question que beaucoup se sont posées, pourquoi le procès se tient à l’insu du grand public.
A l’ouverture du procès, la dizaine d’avocats qui défendent les prévenus dans ce dossier ont tout de suite demandé le renvoi du dossier pour mieux se concerter. Ils ont aussi demandé la mise en liberté provisoire de Adja Amsétou et de ses 8 co-prévenus.
Les avocats ont justifié cette demande par le fait que dame Adja a des patients qui souffrent actuellement sur le site de Komsilga. Selon eux, certains patients ont déjà rendu l’âme. Ils rassurent qu’une fois en liberté, «la guérisseuse » se présentera à toutes les audiences.
Le procureur n’a pas fait d’objection à la demande. Il est également allé dans le même sens que les avocats, déclarant que «la guérisseuse de Komsilga joue un rôle important dans la société». D’ailleurs, poursuit-il, il y a eu une sorte de réconciliation entre elle et la victime Amidou Kanazoé.
Le tribunal a finalement rejeté la demande de mise en liberté provisoire et a renvoyé le dossier au 23 août 2023. Contacté par Libreinfo.net, Me Christophe Birba, l’un des avocats de Adja Amsétou n’a pas souhaité se prononcer sur la décision du juge. Il informe par contre que sa cliente va retourner à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA).