L’audition de l’accusé Elysée Ilboudo se poursuit. Le 27 octobre 2021 à Ouagadougou,il répondait aux questions des avocats des parties civiles. Le militaire de première classe est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et d’assassinat. Des faits qui remontent à 34 ans, lorsqu’il savourait ses 28 ans de jeunesse. Aujourd’hui à 62 ans, sa retraite n’est plus paisible du fait de ce procès dont l’issue ne s’annonce pas rose.
Par Rama Diallo, stagiaire
Voilà déjà deux jours, qu’Elysée Ilboudo se démêle à la barre. Cobaye de ce procès, il a beaucoup sué face à la série de questions des avocats des parties civiles.
Son interrogatoire a débuté avec les questions de Olivier Badolo, avocat de la famille Sankara. Voici les déclarations que vous avez faites au juge d’instruction. « Je voyais le capitaine Diendéré qui parlait aux gens sous le hangar. Je crois qu’il n’était pas au courant sinon, il n’allait pas parler aux gens.» , a rappelé l’avocat. Le présumé coupable dit ne plus se souvenir de cette déclaration. Maître Badolo lui notifie que la déclaration a été faite en octobre 2016. Les échanges se poursuivent. Vous avez dit « j’ai fais enlever l’eau pour éteindre le feu qui avait déclenché suite aux tirs ». Vous avez éteint le feu avec qui ? lui demande l’avocat. « C’est moi seul qui ai éteint le feu », a répondu Elysée Ilboudo.
C’est le tour de Me Prosper Farama de questionner l’accusé. Il a su avec tact détendre le prévenu qui était un peu crispé. Il commence : « qui était le plus gradé ?», l’accusé répond « c’est Hyacinthe Kafando». Il continue « qui était le plus petit ? Excusez-moi, c’est en termes de grade dans l’armée », M. Ilboudo répond : « c’est moi, je suis soldat de première classe. « Qui a donné l’ordre de tirer ?», poursuit l’avocat. Le militaire à la retraite répond « c’est Hyacinthe ».
Me Farama enchaîne « est-ce que le général Diendéré a donné l’ordre de tirer ?», l’accusé répond « non, il était au sport. Donc il n’était pas là ?». L’avocat lui demande si en plus de la garde de Thomas Sankara et celle de Blaise Compaoré ; il y avait des soldats qui gardaient le Conseil de l’Entente. Elysée Ilboudo a répondu par l’affirmative. Me Farama lui demande encore « Si l’on vous donne l’ordre de défendre le président qui est attaqué, allez-vous exécuter l’ordre ?». Le militaire répond « on peut défendre ». « Vous allez défendre ou on peut défendre ?», titille l’avocat. Le présumé coupable répond « on peut défendre ».
A la suite de Me Farama, c’est Me Guy Hervé Kam qui veut savoir si Elysée Ilboudo avait peur pour sa vie à cause de ce procès. Il a répondu « j’ai peur, j’ai des enfants ». Les incohérences dans ses déclarations sur les questions relatives à la présence du général Gilbert Diendéré au Conseil de l’Entente où le Capitaine Sankara avait été abattu, ont fini par irriter le président du tribunal Urbain Meda qui, sur un ton nerveux, martèle : « pourquoi vous refusez de répondre aux questions concernant Diendéré ? Vous voulez dire que le juge d’instruction a menti ? Ou bien c’est vous qui mentez ? ». « Vous m’attaquez à cause de ces questions ? », rétorque l’accusé. Frappé par le ton pitoyable de l’accusé, le président du tribunal baisse sa voix et lui répond : « non, je ne vous attaque pas ; nous voulons savoir la vérité ».
L’atmosphère se rétablit et l’ex-garde de la sécurité présidentielle répond : « j’ai dit ce que le juge d’instruction a écrit ». Me Kam en profite : « Donc vous avez vu Diendéré au Conseil ? « Oui, je l’ai vu », avoue le mis en cause.
L’audience reprend jeudi 28 octobre 2021, avec l’audition du Caporal Idrissa Sawadogo, accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et d’assassinat.