Le procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons assassinés, suspendu lundi 11 octobre 2021 pour deux semaines, a repris lundi 25 octobre. Dans les rues de Ouagadougou, les citoyens donnent leurs appréciations.
Propos recueillis par André-Martin Bado
Le 15 octobre 1987, le père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara était tué lors d’un coup d’État. Trente-quatre ans après, le procès des auteurs présumés de son assassinat s’ouvre le lundi 11 octobre 2021 devant le tribunal militaire de Ouagadougou.

Mahama Compaoré, libraire, pense que ce procès va permettre la réconciliation entre les Burkinabè. Pour lui, l’assassinat de Thomas Sankara est l’une des causes du manque de cohésion sociale. « Ce procès va apaiser les cœurs des familles des victimes et nous réconcilier entre nous. Je souhaite que ce procès soit équitable et que ceux qui ont été coupables acceptent la sentence et demandent pardon ».

Constant Vignon, maçon, est très heureux de l’ouverture de ce procès. « Nous avons appris que le procès Thomas se tient et c’est un vœu qui vient de se réaliser puisque depuis longtemps, nous avons prié pour ça. Aujourd’hui, c’est une joie pour le peuple burkinabè et pour tous les africains de savoir que les coupables de l’assassinat de celui que l’on surnomme le Che Guevara de l’Afrique, Thomas Sankara seront jugés ».
Flavien Karfo, lui, est un ancien secrétaire général du Mouvement des jeunes socialistes du Burkina (MJS Burkina). Il n’a pas connu le président Thomas Sankara. Mais il se réjouit de l’ouverture du procès qui est une grande fierté pour la jeunesse dit-il, qui a longtemps lutté pour cela. Il pense même que l’insurrection population est le prolongement de la lutte de Sankara. « L’ouverture de ce procès est une grande joie pour nous Burkinabè et une fierté pour toute l’Afrique. Car Sankara n’était plus un Burkinabè mais un panafricaniste ».

Flavien Karfo souhaite que la justice soit dite et que la vérité tant attendue soit révélée. Pour l’ex Secrétaire général du Mouvement des jeunes socialistes, Blaise Compaoré doit assumer sa responsabilité en venant se présenter devant les juridictions. Sinon, « on dira toujours que ceux qui sont prêts à emprisonner les gens, ne sont pas prêts à répondre devant la justice ».
Quant à Souleymane Ouédraogo, commerçant, il trouve que ce procès est un espoir pour les Burkinabè. Mais il regret les conditions d’accès au procès. « Ce martin je suis allé au procès. Arrivé, on me dit qu’on ne peut pas rentrer avec un téléphone, ce qui est navrant. Je ne peux pas laisser mon téléphone comme ça ». M. Ouédraogo pense que c’est un procès qui devait être diffusé. Il a aussi déploré l’absence de Blaise Compaoré, principal accusé de ce procès.

« Le 15 octobre 1987 est arrivé et c’est regrettable. Mais Blaise Compaoré doit venir donner sa part de vérité devant les juridictions en tant que Burkinabè, homme intègre qui a dirigé cette même justice. Il doit accepter d’être jugé », estime Souleymane Ouédraogo.