L’audience du procès Vincent Dabilgou a repris ce 19 juin 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga I. Des débats houleux ont eu lieu entre le procureur, l’ancien ministre Dabilgou et un certain Ousmane Sigué, ancien comptable-matière du ministère des Transports.
Par Nicolas Bazié
De vives débats ont eu lieu ce 19 juin 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga I au cours du procès Vincent Dabilgou. En effet, le contrat d’un montant de plus de 131 millions FCFA, signé entre la SOPAFER-B, une société d’Etat rattachée au ministère des Transports et Green Énergy, une société de distribution de carburant, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Le contrat aurait été signé en 2020.
Le 16 juin dernier, Minata Coulibaly, responsable commerciale de Green Energy avait déclaré que c’est Ousmane Sigué, comptable-matière du ministère qui a lui-même enregistré le contrat. Ce que Ousmane Sigué a nié en bloc ce 19 juin, signifiant au tribunal qu’il n’avait jamais enregistré ledit contrat qui est fictif.
« Je ne sais pas qui a enregistré le contrat. Je sais seulement que ce sont les entreprises qui enregistrent les marchés » , a-t-il expliqué.
Rappelée à la barre, Minata persiste et signe : « C’est monsieur Sigué qui m’a envoyé le contrat enregistré. Il a dit qu’il était dans l’urgence. Il est venu prendre le contrat. Je ne sais pas comment il s’y est pris, mais il m’a ramené le contrat enregistré. C’est lui-même qui est allé faire l’enregistrement ». Visiblement très déterminé à se défendre, Ousmane Sigué soutient ceci: « Je ne sais même pas comment on fait un enregistrement ».
D’un ton assez fort, le procureur a estimé que Ousmane Sigué est à l’origine de l’enregistrement du fameux contrat. « M. Sigué, si ce n’est pas vous, qui a enregistré le contrat? Qui l’a fait ? Ce n’est pas le parquet en tout cas » ironise le procureur qui lance ceci: « Au regard de la chronologie des faits, c’est vous qui avez enregistré le contrat. M. le président, le débat est terminé».
« M. Sigué, vous n’êtes pas agent de liaison, mais comment se fait-il que c’est vous qui êtes l’intermédiaire entre la SOPAFER-B et Green Énergy? » demande le juge. «Tous les actes que je posais, je rendais compte à Monsieur Séré qui était en contact direct avec le ministre Dabilgou» indique Ousmane Sigué.
Malick Kouanda ……
Malick Kouanda est accusé de détournement de deniers publics, abus de fonction et complicité de financement occulte de parti politique.
Après avoir nié en bloc le caractère fictif du contrat établi entre sa société et le ministère des Transports qu’il a lui-même signé, l’ex-Directeur général de la SOPAFER-B Malick Kouanda a été rattrapé par l’ex-DAF du ministère Jean Gabriel Séré. « Il était clairement informé du caractère fictif de ce contrat » a lancé Jean Gabriel Séré à l’endroit du tribunal.
Pourtant, le 15 juin passé, Malick Kouanda avait signifié qu’il n’avait pas pris le soin de lire le contrat.
Vincent Dabilgou…
Les débats se poursuivent avec Vincent Dabilgou, ancien ministre des Transports au moment des faits. A la barre, il a dit ne pas reconnaître les faits qui lui sont reprochés. En effet, il est accusé de «blanchiment de capitaux, de financement occulte de parti politique et de détournement de deniers publics».
Il dit ne pas être au courant des contrats signés entre la SOPAFER-B et Green Energy, une société de distribution de carburant en 2020. Des échanges ont eu lieu à nouveau avec le procureur qui, visiblement, veut tout comprendre.
« M. Dabilgou, vous étiez au courant de la signature du contrat fictif. C’est vous qui avez nommé Malick Kouanda directeur général de la SOPAFER-B. Malick Kouanda était le directeur de campagne de votre parti le NTD. Pensez vous qu’il peut signer un contrat sans que vous ne soyez au courant ?» a lancé le procureur à l’endroit de Vincent Dabilgou avant d’enchaîner avec d’autres questions.
« M. le procureur , laissez-moi me défendre» rétorque Vincent Dabilgou. « Je ne vous empêche pas de parler. Je veux juste faire le lien. Ce n’est pas la guerre. Malick était votre directeur de campagne oui ou non ? » demande le procureur. Après quelques secondes de silence, Dabilgou répond par l’affirmative. A l’annonce de la pause, un conseil de Vincent Dabilgou lui conseille ceci : « Pourquoi vous vous énervez? Ne vous énervez pas !». L’audience reprend dans 30 minutes .