Le 9 avril dernier, des Burkinabè ont été rapatriés de Tunisie. Cette opération de rapatriement a été exécutée dans un contexte que nous décrit Mohamadou Nebié, un de nos compatriotes en stage à Tunis. Il relate le processus – tel qu’il en a eu connaissance – de cette opération, tout en pointant un doigt accusateur sur les autorités burkinabé.
Par Mohamadou Nebié, élève professeur/ stagiaire en Tunisie
‘’Les compatriotes ont été jetés en pâture auprès de leurs frères au Burkina. Mais au-delà, cela a créé une incompréhension chez les autres compatriotes dans les pays de l’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Egypte). Beaucoup se sont demandés pourquoi avoir choisi uniquement les Burkinabè de la Tunisie, quand on sait qu’aucun responsable, en tout cas, du côté des stagiaires et étudiants, n’a été contacté pour, ne serait-ce que s’enquérir des nouvelles des compatriotes ou pour leur apporter un soutien quelconque. Quelle autorité est à la base d’un tel rapatriement ? Et pourquoi il n’y a eu que 30 personnes dont la grande majorité était de passage pour des affaires ou pour des soins ? Il y avait tellement d’interrogations, malheureusement personne pour répondre.
Ayant été témoin, et vu le tohu-bohu crée par ce fameux rapatriement qui ne semble avoir ni tête ni queue, j’ai décidé de relater les faits tels que je les ai vécus étant moi-même actuellement résident en Tunisie pour des raisons professionnelles
De prime à bord, soyons clairs sur les termes, car l’honnêteté doit être la boussole d’un Burkinabè et cela où qu’il se trouve sur cette planète. Cette opération qui s’est déroulée le jeudi 09 avril n’est pas un rapatriement des Burkinabè vivant en Tunisie. Car le flou qui entoure cette affaire doit nous interroger à plus d’un titre. Un rapatriement, à ce que je sache, doit être décidé par le gouvernement burkinabè en accord avec le pays frère et ami qui est la Tunisie pour ramener vers la mère patrie les citoyens burkinabè qui le désirent. De nombreux pays pas européens et africains l’on fait à travers le monde entier. Mais ce sont des opérations officielles et cela peut viser les pays avec une forte diaspora pour des raisons économiques, ou en fonction des relations avec l’Etat hôte. L’histoire tunisienne est loin de tout cela ; la preuve, aucune décision gouvernementale n’a jusqu’à nos jours évoqué le sujet du retour des Burkinabè de l’extérieur.
C’est dans la nuit du lundi 6 avril que j’ai reçu l’appel d’un ami me disant qu’il y aurait un vol pour ramener les Burkinabè qui le souhaitent au pays, lui-même n’ayant pas plus d’informations. Le lendemain, très content, je décide d’appeler le président de l’association des étudiants et stagiaires burkinabè de Tunisie .Il me confirme la nouvelle en me précisant que la compagnie c’est Tunis Air et que le prix du billet est 1400 dinar pour un aller simple, soit environ 300.000 FCFA. J’étais très étonné, car habituellement à ce prix, on a un aller-retour .Je ne m’étais pas encore remis de ma surprise lorsqu’il ajouta que pour ceux qui avaient déjà pris leurs billets, soit pour les vacances, soit pour autres choses, il fallait juste payer en plus 150 euros, soit environ 100.000 FCA.
Le président de l’association estudiantine m’a également confié avoir été en contact avec les plus hautes autorités de notre ambassade et que, c’est donc sérieux. Un contact de la personne à joindre à la représentation diplomatique est même donné avec son nom en plus du guichet où prendre les billets.
Le même mardi soir, on apprend dans les médias locaux qu’une campagne de rapatriement des Tunisiens est en cours à travers le monde. Ainsi, un avion devrait décoller de Tunis pour aller chercher les Tunisiens vivant au Burkina Faso et au Niger le jeudi 09 avril. Ensuite, le 10 avril, c’est au tour du Benin et de la Côte-d’Ivoire ; le 11 avril, c’est le Sénégal et la Belgique ; le 12 avril, c’est le Mali et la Guinée Conakry.
C’est à ce moment que nous avons compris qu’il ne s’agissait pas d’une opération de rapatriement décidée par les autorités burkinabè, mais une sorte d’opération qui un caractère plutôt commercial et un peu affairiste. On se pose au moins une question : est-ce pour ne pas aller vide au Burkina que les responsables de Tunis Air, en accord avec les autorités tunisiennes et burkinabè, ont décidé de nous convier au voyage ? En tout cas, aucune note officielle n’a été communiquée ; aucun responsable, ni même le délégué CSBE, n’a fait un communiqué. Les informations passaient de bouche à oreille, et se lisant sur les statuts WhatsApp de quelques personnes impliquées dans cette affaire de ‘’rapatriement’’. Voilà pourquoi, seules 30 personnes de passage en Tunisie ont atterri à Ouagadougou. Cela explique aussi pourquoi il n’y avait pas de cite adéquat aménagé pour les recevoir une fois au pays.
Voila ce que j’ai vécu dans cette affaire de pseudo rapatriement.
Puisse nos autorités avoir plus d’égard envers leurs concitoyens.’’