L’on ne cessera de décrier la stratégie de riposte contre le Covid-19 au Burkina Faso. Les défaillances de la chaîne de traitement sont nombreuses et dénoncées chaque jour sous plusieurs formes. En effet,plusieurs personnes venues de Ziniaré et Nagreongo ont participé à l’enterrement d’une vieille décédée le 6 avril à Ouagadougou. Au moment de son décès,les résultats du test du Covid-19 n’étaient pas encore prêts selon les explications de son fils aîné,Ablassé Sawadogo. Mais la famille a pris le soin de contacter les services de santé pour savoir les résultats avant de procéder à l’inhumation mais aucun résultat n’était prêt,explique t-il. Après inhumation de la vieille,les résultats confirment plus tard que la vieille est décédée du Covid-19.Ainsi,ceux qui sont venus de Nagreongo pour prendre part à l’enterrement sont rappelés et placés en quarantaine dans une école de la commune. Mais le problème selon le temoignage,c’est qu’ils sont laissés à eux même. La rédaction de Libreinfo.net a été contactée dimanche 12 avril pour expliquer les faits. Libreinfo.net a recueilli le témoignage du fils aîné de la vieille.
Propos recueillis par Siebou Kansié et Alassane Ouedraogo
Votre maman est décédée des suites du covid-19, dites-nous comment les faits se sont déroulés ?
J’ai été informé par voie téléphonique via un Docteur que ma maman qui est décédée le lundi 6 avril 2020, était décédée du covid-19.
Cette information m’a choquée. Je l’ai acceptée comme ça, et essayé de comprendre. Mais avant, j’ai fait beaucoup d’examens. Cela vaut huit à neuf examens que j’ai eu à faire, dans les différents centres de santé à Ouagadougou. J’ai reçu tous les résultats, mais je ne comprends pas pourquoi, le test du covid-19 fait sur ma maman, n’a pas eu de résultats palpables.
Mais j’ai accepté quand même malgré moi, parce que quand je suis monté vers la personne qui nous a donné l’information, elle nous a dit que c’est comme ça, que les résultats viennent par mail. La famille est frustrée, beaucoup de gens sont frustrés parce qu’il y a eu beaucoup d’altercation là-dessus. Mais nous avons respecté les mesures qui nous ont été données quant à la conduite à tenir.
Nous sommes partis un samedi 4 avril avec la maman à l’hôpital à Kossodo pour voir un cardiologue. C’est ce jour-là, que nous avons fait le test. Ils nous ont promis les résultats dans deux jours. Malheureusement, le lundi matin, nous avons perdu notre maman sans avoir eu les résultats. Nous avons appelé le mercredi pour avoir les résultats qui étaient positifs.
C’est vous qui les avez appelés ?
Oui, c’est nous qui avons appelé pour avoir les résultats. Le lundi quand nous avons appelé, on nous a dit que les résultats n’étaient pas disponibles mais qu’ils allaient considérer que la vieille était décédée du covid-19. Nous avons dit qu’il n’avait pas de problème parce qu’en ce moment, on cherchait la conduite à tenir, car nous n’avons pas eu de résultats avant le décès.
Quand nous avons posé ce problème, ils nous avaient promis de venir désinfecter la maison et entre temps, ils nous ont dit que, de prime abord, il faut un cercueil. Toute chose que la famille avait rejeté car nous sommes issue d’une famille musulmane. Et là, ils ne sont même plus revenus. Nous n’avons plus vu l’équipe.
Et aux environs de 12heures, nous avons fait l’enterrement à Ouagadougou ici. Après, l’inhumation, nous avons poursuivi pour avoir les résultats le mercredi qui étaient positifs au covid-19.
Votre cour a-t-elle été désinfectée ?
Oui. Le jeudi, nous avons reçu une équipe sanitaire qui est venue désinfecter la maison et s’entretenir avec toute la famille et tous ceux qui ont eu un contact avec la maman.
Nous leur avons remis les numéros de tous ceux qui sont venus de loin, c’est-à-dire de Nagreongo et de Ziniaré, qui se sont vraiment approchés du corps et de nous tous.
Le problème se situe maintenant au niveau du suivi de tous ceux qui sont venus des deux localités parce que nous qui sommes à Ouagadougou, l’équipe sanitaire s’est entretenue avec chacun.
Au niveau de Ziniaré, il n’y pas eu de problème car chacun est resté chez lui, il n’y a pas eu de mise en quarantaine là-bas. Mais au niveau de Nagreongo, il y a eu un site, une école où on a amené tous ceux qui ont été ici à Ouagadougou pour les mettre en quarantaine.
Mais présentement, ils n’ont pas d’accompagnement, de prise en charge et sont stigmatisés. On les traite comme s’ils étaient vraiment atteints de la maladie alors que, quand ils ont quitté Ouagadougou le lundi, ils ont fait trois jours chez eux en famille, avant d’être mis en quarantaine le jeudi dans une école. Et nous, on se demande si les trois jours passés en famille, ces gens ne peuvent pas contaminer d’autres personnes ?
Il y a une équipe qui vient de Ziniaré les voir, mais nous, nous ne comprenons vraiment pas ce qui se passe. À l’école où ils sont internés, c’est du savon et quelques bavettes seulement qu’on leur a donné alors qu’ils sont au nombre de 16 personnes.
Comment sont-ils alimentés ?
Il y a un petit frère qui est là-bas, j’ai mis à sa disposition une somme d’argent pour leur prise en charge. Si ce montant fini, je ne sais vraiment pas comment ils vont se débrouiller. Quand je les appelle à tout moment, ils me disent que c’est eux qui se débrouillent. Et pire, c’est la psychose au niveau du village. Ces personnes, pour se ravitailler en eau, en nourriture c’est tout un problème car ce sont les bras valides qui sont mis en quarantaine au niveau de l’école.
Qu’est-ce qui a été fait pour les personnes qui se sont occupées de l’enterrement ?
Ceux qui ont fait l’enterrement sont en confinement et il y a une équipe de la croix rouge qui les appelle de temps en temps pour connaître l’état de leur santé, savoir s’ils n’ont pas un quelconque mal. Ici aussi, ils viennent régulièrement sauf aujourd’hui(dimanche 12 avril) qu’elle n’a pas pu venir. C’est tout.
Mais qu’elles ont été les dispositions que la famille observait après le décès, avant l’intervention du service sanitaire ?
Après l’enterrement, nous sommes restés à la maison pour attendre les résultats afin de comprendre. Et du moment même qu’on considérait avant les résultats que c’était ça, on était à la maison. Je vous informe que c’est depuis janvier que la maman est là pour des soins et elle ne sortait pas. Mais comme ce sont des mesures, nous suivons les conseils des Docteurs.